Historiques, Manga

Pline – T. 1 L’appel de Néron

« On nous a toujours martelé que la foudre n’était autre qu’une lance de lumière jetée par Zeus depuis les nuages. Mais enfant, déjà, je n’étais pas satisfait par cette explication. La foudre est du feu provenant des trois planètes supérieures , notamment de la planète intermédiaire qui est Jupiter. C’est tout du moins ce que les prêtres d’Étrurie ont prétendu et qui s’est popularisé à Rome sous la forme de cette histoire des lances de Jupiter. Mais il n’y a nul dieu dans les nuages ! Ce qu’on y trouve, ce sont des masses de vapeur d’eau qui se heurtent. Voilà comment naît ce phénomène qu’on appelle la foudre ! »

Mari Yamazaki et Tori Miki, Pline – T. 1, Casterman, 2017, p. 56.

Motivations initiales

Puisque nous cherchons à élargir nos horizons de lecture, nous nous intéressons désormais au rayon des mangas, ce qui nous a donné l’occasion d’en découvrir certains que nous avons déjà évoqué. Mais lorsque nous sommes tombés sur celui-ci, son côté surprenant nous a attiré l’œil – d’où peut venir l’idée de consacrer un manga à Pline l’Ancien ?

Synopsis

L’histoire commence par la fin, puisque l’on découvre Pline l’Ancien alors que le Vésuve est en pleine éruption – éruption dont on sait qu’elle est la cause de la mort de Pline, en 79 de notre ère.

Celui-ci retarde son départ, alors que la galère qui doit l’évacuer est prête : il veut encore observer l’éruption, dont il ne pense pas qu’elle peut lui être fatale. C’est l’occasion de découvrir ceux qui l’entourent, Euclès, son secrétaire, Pomponianus, l’un de ses amis…

Et, justement, on retrouve Pline et Euclès, des années plus tôt, à l’occasion d’une autre éruption, celle de l’Etna, à l’occasion de laquelle Euclès a tout perdu. Pline, propulsé gouverneur par la fuite du titulaire de la charge, mène une mission d’inspection pour évaluer les dégâts, et croise le jeune homme, dans les décombres enfouis de ce qui était sa maison. L’ironie brutale de Pline mais également sa curiosité lient les deux hommes, le naturaliste fasciné par les phénomènes de la nature, et le jeune homme que son père, mathématicien, destinait à suivre des études de grammaire. Le second devient le secrétaire du grand homme, qu’il accompagne dans ses pérégrinations, à la rencontre de tous les phénomènes du temps, et des grands hommes de l’époque…

Avis

> L’avis de T

Je ne savais vraiment pas à quoi m’attendre en commençant ce manga, qui m’interrogeait déjà par le choix de son sujet. Celui-ci s’éclaire un peu quand on découvre, sur le rabat de la 3e de couverture, que Mari Yamazaki, l’auteure, a séjourné 10 ans à Florence, y étudiant notamment la peinture, et qu’elle a, avant de s’attaquer à ce manga, publié la série Thermae Romae, énorme succès, traduit dans huit langues, adapté en dessin animé puis en film – mais qui m’avait totalement échappé -.

L’un des intérêts de ce manga, c’est de nous permettre de découvrir (plus que redécouvrir, car je ne connaissais finalement Pline l’Ancien et son Histoire naturelle que de nom) ce personnage atypique, observateur attentif et acharné des phénomènes de la nature. C’est d’ailleurs sa curiosité invétérée qui causera sa disparition, alors qu’il refuse de quitter trop vite les lieux pendant l’éruption du Vésuve.

On suit les déambulations, notamment en Sicile, de ce personnage hors norme. Bien qu’il soit convoqué à Rome par Néron, il ne fait rien pour accélérer le voyage : au contraire, dès que quelque chose retient son attention, il s’arrête pour l’étudier ; s’il a l’occasion de se prélasser dans des thermes, il le fait. Et tant pis si Néron, à Rome, s’agace de son manque de diligence !

L’autre personnage central de ce premier tome, c’est Euclès, son secrétaire, avec qui il partage ses observations, l’instruisant du même coup, et déboulonnant au passage les croyances religieuses du temps. Éruptions volcaniques, foudre, tsunami, tremblements de terre, observation des animaux, tout est occasion à analyse et explication. Cela illustre d’ailleurs à la perfection, même si ce n’est absolument pas abordé dans le manga, l’idée que, dans l’histoire des sciences, une première phase – jusqu’au XVIIIe siècle, environ – a consisté à essayer d’expliquer les phénomènes naturels auxquels les hommes étaient confrontés. Ainsi, on fait à la fois de la physique, de la géographie et de l’histoire, sans s’en rendre compte !

Les dessins sont explicites et les personnages suffisamment reconnaissables pour que l’on ne se perde pas entre les personnages, ce qui est très appréciable. L’histoire est rythmé, c’est très agréable à suivre. Bref, pour ma part, j’adhère, et je lirai la suite avec grand plaisir !

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