Aventures, Bandes dessinées, Fantastiques

Lozère Apocalypse – Livre 1

Chronique de Lozère Apocalypse – Livre 1, de Stan Silas.

« C’est quoi, ça ? Tu pars en colonie de vacances ?

Mes valises sont déjà faites. Ils ont carrément vidé mes tiroirs. À croire qu’ils espèrent ne pas me voir revenir. »

Stan Silas, Lozère Apocalypse – Livre 1, Éditions du Lombard, 2023, p. 9.

Motivations initiales

Les Éditions du Lombard nous font parvenir certaines de leurs nouveautés. C’est donc ainsi qu’un beau jour est arrivé, dans notre boîte aux lettres, cet album – massif, l’album, quasiment 200 pages ! -, accompagné d’une patte de poulet. Le titre, la patte de poulet… l’ambiance est posée !

Synopsis

Un groupe d’alevins – comprendre, des orphelins placés en famille d’accueil – se retrouvent à l’aéroport. L’institution dont ils dépendent leur offre un vol vers une colonie de vacances ! Loïs est du nombre, mais cela ne semble pas le réjouir, parce que cela signifie être séparé d’Omar, son ami, celui qui le protège dans la décharge où ils passent le plus clair de leur temps.

Et, en effet, il n’y a guère de raison de se réjouir. L’avion dans lequel ils ont embarqué fini par s’écraser dans une zone désertique… et le pire est peut-être encore à venir !

Qui sont les adolescents mutants, mi-hommes, mi-poulets qui les attaquent ? Qui est le renard parlant qui se propose de les aider à s’en sortir ? Et, plus largement, « qu’allaient-ils faire dans cette galère » ?

Avis

Bon… Par quoi commencer ?

On peut probablement avoir plusieurs niveaux de lecture de cet album. Lu au premier degré, la principale question sera probablement de l’ordre de « mais à quoi il fonctionne, exactement, ce Stan Silas ? Probablement pas à l’eau claire ». Et, en effet, cette histoire totalement déjantée, avec des enfants un brin bizarres – qui incarnent, assez largement, toutes les qualités mais également tous les défauts de l’humanité -, avec des animaux qui parlent, avec des hybrides, et dans laquelle tout le monde cherche à profiter de tout le monde… Disons que cela ressemble à une série Z hallucinée.

Lu au cinquième degré, vous pouvez y voir une critique acerbe de notre société égocentrique, égoïste, dans laquelle le plus petit profit peut justifier toutes les horreurs, et dont la violence n’épargne personne, surtout pas les plus fragiles. Ici, chacun cherche à vendre, à monnayer, à échanger le moindre petit atout dont il dispose. Et les enfants du groupe ne sont pas davantage unis contre l’adversité, et chacun révèle ses pires côtés. Cette « Lozère » abandonnée et apocalyptique, hantée par des hybrides – animaux partiellement humains, plantes pustuleuses… – peut également être une façon de représenter ce que nous faisons subir à notre planète, voire une préfiguration de la vengeance de cette dernière. Et certains pourraient voir une critique sociale – du capitalisme ? – dans cette histoire.

Et vous avez à peu près toutes les gradations entre ces deux limites de l’intervalle… plus foutraque ou plus engagé.

Et l’auteur en rajoute une couche en intercalant, à chaque chapitre, les cartes d’un jeu, résolument du type « Yu-Gi-Oh! », on est donc, là encore, dans un truc très générationnel qui risque de laisser sur le carreau les plus classiques…

Mais, alors, quelle est la bonne lecture ? Difficile à dire… Je n’imagine pas que l’auteur n’aie en tête qu’une grosse farce – dans un tel cas, il ne l’aurait pas étirée sur 200 pages, et aurait davantage joué la carte de la punchline. Mais, en même temps, cet album est-il conçu pour faire réfléchir ? Je n’en ai pas davantage la certitude. Et cette indécision dit que je ne fais peut-être pas partie des « clients naturels » de cette bande dessinée.

D’autant plus que, côté dessins… pas fan. Moi qui apprécie plutôt les dessins réalistes, là, je suis face à quelque chose qui est plus proche du manga que de Tramp ou Undertaker… J’ai bien aimé, en revanche, le choix esthétique du noir et blanc pour les moments de flash-back, qui fonctionne bien.

Je ne sais pas à qui je pourrais recommander cet album. Le scénario pourrait être un excellent thriller, mais la forme assez baroque risque de laisser des victimes sur le bord du chemin…

Pour en savoir plus

Retrouvez la présentation de ce livre sur le site de l’éditeur.

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s