Chronique de Comme un diamant dans ma mémoire, de Guy Gavriel Kay.
« Elle avait tué Uberto de Mylasie d’un baiser, se rappela Jelena une fois seule. Elle éteignit le feu de la salle de soin. Toute sa vie, elle s’était définie comme une rebelle. Elle avait décidé de trouver une autre voie que pourrait emprunter une femme dans le monde. Celle qui venait de s’en aller avait opéré le même choix. »
Guy Gavriel Kay, Comme un diamant dans ma mémoire, Librairie l’Atalante, 2023, p. 133.
Motivations initiales
Avec Guy Gavriel Kay, il n’est pas besoin d’avoir de la motivation ! Il suffit d’avoir envie de lire un grand et bon livre. Expert en pavés, en plus, celui-ci reste dans des proportions raisonnables (455 pages). L’un de nous deux ne s’y est pas trompé en offrant ce nouvel opus à l’autre…
Synopsis
À Mylasie, un soir, une jeune femme est introduite auprès du comte Uberto, presque trop vieille, probablement trop grande. À la porte, ses gardes veillent, redoutant d’entendre s’élever des hurlements, des cris, lorsque le comte décide de passer ses nerfs sur la victime innocente qui lui a été amenée, fille ou garçon, forcément jeune. Et dont, parfois, il faut évacuer le cadavre, au matin.
Le chef des gardes, lorsque la jeune femme arrive, renvoie Guidanio Cerra, originaire de Séresse. Mais il a le temps de la reconnaître. Il l’a déjà vue, alors qu’il bénéficiait de la formation d’un célèbre maître d’armes, aux côtés de Folco d’Acorsi, l’un des deux plus réputés capitaines de mercenaires. Cela ne peut être un hasard… mais Guidanio ne dit rien. Et quand, un petit peu plus tard, il s’avère que le comte a été assassiné, et que la jeune femme a disparue, Guidanio ne dit toujours rien et, au contraire, aide cette dernière à s’enfuir. Le choix effectué ce soir-là marque le début d’une vie qui n’est pas celle qu’imaginait le fils de tailleur, qui aurait pu devenir libraire…
Avis
Commençons par le commencement. Connaissez-vous Guy Gavriel Kay ? Si ce n’est pas le cas, si vous aimez l’histoire, notamment médiévale, avec un peu de fantastique, vous ne pouvez pas ignorer cet auteur. Même si, je dois le reconnaître, il n’est pas très bien traité, puisque seule La chanson d’Arbonne est l’objet d’une chronique ici, alors que pourraient et devraient l’être également Tigane, Les lions d’Al-Rassan, La mosaïque de Sarance, La tapisserie de Fionavar, Les chevaux célestes, Le fleuve céleste, notamment. Certains ont été lus avant le lancement de ce blog, et il est difficile de faire une chronique d’un livre lu bien avant. Et les autres sont de véritables parpaings, ce qui présente un magnifique avantage – quand vous commencez le voyage, dont vous devinez qu’il va être bon, vous avez du temps devant vous -, mais également une difficulté quand il s’agit d’alimenter un blog…
Bref, ce livre est de Guy Gavriel Kay, et, qui plus est, d’un Guy Gavriel Kay à son meilleur ! L’histoire est parfaite, le scénario dense mais solide, les descriptions vous embarquent, les dialogues sont à la fois piquants et hilarants. Du très, très bon !
En plus, vous entrez dans cette histoire dès les premières pages, qui vous entraînent dans un tourbillon. Qui est cette femme, qui sont les deux capitaines mercenaires qui s’affrontent, d’où vient leurs antagonismes, qui est Jelena, la guérisseuse ?
Projetés, donc, dans l’Italie du XIVe siècle – comme dans Tigane -, on reconnait assez aisément ces cités-États, Venise, Sienne, Florence. Et celles que l’on n’identifie pas réellement, ce n’est pas véritablement grave, elles sont tout de même là, sous nos yeux. Et c’est à la danse du pouvoir que nous sommes conviés. Comment vous maintenir au pouvoir, quand vous êtes un mercenaire qui a su épouser une héritière ? Comment survivre à la lutte entre ces villes qui se battent pour ne pas tomber sous le joug de la voisine ? Et comment, pour les personnages qui ne veulent pas passer toute leur vie à surveiller leurs arrières, tâcher de trouver un espace de liberté ?
Je n’ai pas eu l’occasion d’écrire cela souvent ici, mais c’est tout bonnement magistral. Adria, Jelena, Guidanio, Folco, Antemani, Teobaldo m’ont fait vibrer, trembler, rire. Et tellement plus encore. Ils resterons, forcément, comme des diamants dans ma mémoire… La haine et l’amour, le pouvoir et l’argent, la vie et la mort, la liberté et la servitude, même volontaire, l’ascension et le risque de la chute… bref, la vie !
Alors, enfourchez votre cheval le plus fougueux, et rejoignez-nous. Mais faites-vite, le train de l’histoire est vite passé !
Pour en savoir plus
Retrouvez la présentation de ce livre sur le site de l’éditeur.

A reblogué ceci sur Amicalement noiret a ajouté:
Merci pour ce retour lecture très enthousiaste 😁🙏
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