Chronique de Kosigan, un printemps de sang, de Fabien Cerutti.
« Le fils de l’un des principaux bannerets de mon oncle. Dans mon souvenir, sa peau de gamin était lisse comme un œuf et ses yeux pétillaient de bienveillance. Plus jeune que ma pomme d’un ou deux ans. Je crois que c’est moi qui lui ai appris à tendre un arc sans se claquer les doigts. À présent, le vent, la pluie et les sales coups ont creusé des sillons sur son front et au coin de ses paupières. »
Fabien Cerutti, Kosigan, un printemps de sang, Éditions Mnémos, 2024, p. 46.
Motivations initiales
Pour certains livres, la motivation est tellement évidente qu’il ne semble même pas utile de préciser. Fabien Cerutti et sa série autour du Bâtard de Kosigan fait partie de ces livres et de ces auteurs qui ont vocation à rejoindre notre PAL dès la parution. Et, dans le cas de celui-ci, avant même la publication, et ce, à double titre : d’abord parce que l’un de nous a « beta-lu » le manuscrit, et parce que les éditions Mnémos nous ont proposé de le recevoir avant son lancement officiel… aujourd’hui !
(d’ailleurs, aviez-vous deviné que ce livre était l’un de ceux qui auraient droit à une chronique en août, le jour de leur sortie ?)
Synopsis
Lorsque l’on retrouve, au début de ce livre, Pierre Cordwain de Kosigan, plus connu sous le sobriquet du Bâtard de Kosigan, il a revendu la compagnie de mercenaires qu’il dirigeait à l’un de ses adjoints – Gérard de Rais -, et il est en route pour rejoindre son comté natal, qu’il a fui voilà bien des années.
Il ne s’attend pas à y être bien reçu, mais son oncle, le comte Borogar, est très malade, et son ancien mentor, Slynt Carrayan, commandeur de la Garde grise – la garde d’élite comtale -, lui a adressé un sauf-conduit qui devrait au moins lui assurer de ne pas être abattu sans sommations. Mais le Bâtard étant le Bâtard, il a pris quelques précautions supplémentaires.
Comme tout retour aux sources, ce voyage est évidemment l’occasion de se confronter à tout ce qu’il a consciencieusement planqué sous le tapis pendant toutes ces années. Certes, il n’avait pas eu d’autre choix que de fuir, pour échapper aux hommes de main que son oncle Borogar avait lancé à ses trousses. Mais cela avait aussi eu pour conséquence de quitter sans un adieu, pas même un regard en arrière, Alëssandriëlle de Velan, une elfe de Verte-Profonde et premier amour du jeune homme qu’il était alors. Et puis il y a de nombreuses questions auxquelles dont les réponses, si elles peuvent encore être obtenues, ne le seront qu’à Kosigan – pourquoi est-il porteur de noir-sang ? Pourquoi son oncle l’a-t-il fait traquer ?… -.
Enfin, parce qu’on ne se refait pas, si l’occasion de s’emparer du comté se présente et d’en prendre la tête, eh bien, ce serait un petit clin d’œil additionnel au destin, n’est-ce pas ?
Mais la situation est encore bien plus complexe qu’il ne l’imagine, alors que Dùnevia Illavaëlle, de son côté, découvre que le comté voisin est attaqué par une troupe d’orcs, des mercenaires et même… un dragon ! Visiblement, l’attaque est pilotée par l’abbé de Nirdrym, auquel Pierre Cordwain, Dùn et leurs compagnons ont déjà été confrontés, pour le compte des Français. Ceux-ci, pourtant, devraient être occupés par les combats contre les Anglais…
Bref, ce voyage n’a rien d’une sinécure, mais pourrait permettre d’obtenir quelques réponses… et peut-être encore davantage ! Mais il faut pour cela y survivre…
Avis
Ah, quel personnage que ce Bâtard ; et quel auteur que ce Fabien Cerutti ! Ce dernier sait comme personne nous embarquer dans ce Moyen Âge dans lequel les anciennes races n’avaient pas encore été totalement invisibilisées. Rappelons d’ailleurs que Kergael de Kosigan, au tournant du XXe siècle, redécouvre des documents concernant son ancêtre et initie la publication, sous la forme de romans – pour passer sous les radars de ceux qui ne veulent pas que la véritable histoire soit connue – de ces mémoires.
Les intrigues, comme toujours, sont tortueuses à souhait ; chacun semble prendre un malin plaisir à ne pas être uniquement ce que l’on croit. Les complots et les trahisons s’enchevêtrent. Il faut donc se méfier de tout et de tous !
On retrouve avec un grand plaisir notre Bâtard, son humour et ses capacités d’anticipation. Mais on est contents, également, de le voir, par moments, se prendre les pieds dans le tapis. Il est plaisant de découvrir qu’il peut encore faire preuve de naïveté dans sa rouerie ! On est ravis, également, de voir quelques éléments complémentaires être mis au jour, sur ses origines, sur ses relations compliquées avec ses cousins… Tout cela contribue à donner encore davantage d’épaisseur à ce personnage que l’on a, disons-le honnêtement, adopté !
Une précision importante : ce livre peut être lu aussi bien par celles et ceux qui ont déjà lu tout Kosigan, L’Ombre du pouvoir, Le Fou prend le roi, Le Marteau des sorcières, Le Testament d’involution et Les Secrets du premier coffre, mais également par ceux qui n’ont pas eu cette chance. Cela ne les privera d’aucun élément de compréhension, et ne leur spoilera pas non plus les tomes précédents si cela les décide à les lire.
Bref, tout cela fonctionne parfaitement, et, au moment de refermer ce livre, on se prend déjà à se demander quand sera le prochain…
Pour en savoir plus
Retrouvez la présentation de ce livre sur le site de l’éditeur.


Un roman qui a l’air très prenant et riche en rebondissements.
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