Madelaine avant l’aube

Chronique de Madelaine avant l’aube, de Sandrine Collette.

« Madelaine est sauvage et tendre. Elle se blottit, elle enlace, elle embrasse. Puis d’un coup, elle se sauve. Elle retourne à son monde. »

Sandrine Collette, Madelaine avant l’aube, Éditions JC Lattès, 2024, p. 88.

Motivations initiales 

Depuis plus de dix ans, Sandrine Collette est une des mes auteures fétiches. J’aime ce rapport si particulier qu’elle a avec la nature et également les histoires glauques qu’elle propose… Alors forcément dès qu’un livre sort, je me précipite et je le lis sans perdre une minute ! 

Synopsis

Aux Montées, l’existence des petites gens n’est pas simple. Chaque famille doit composer avec les aléas climatiques, la terre qui est parfois avare et enfin le seigneur des lieux, dont le fils, extrêmement violent, n’hésite pas à violer les femmes, visiblement sans en ressentir ni regret, ni remords. Ici, on serre les dents face à l’injustice et c’est comme ça depuis toujours. 

Avis

Entre lumière et obscurité, entre amour et violence, Sandrine Collette nous offre ici une histoire à la fois sombre et puissante. Madelaine avant l’aube est une ode aux liens familiaux qui, finalement, ne se limitent pas aux liens du sang et également aux non-dits, à l’amour qui nous tord le ventre même – surtout ? – s’il est interdit.

Une fois encore, Sandrine Collette entraine son lecteur dans un lieu un peu coupé du monde et elle fait tout pour qu’il perde ses repères et se perde dans l’espace-temps. La nature est omniprésente mais quand on connait l’auteure, rien d’étonnant : on sait qu’il n’y a qu’elle pour maîtriser si parfaitement le nature writing… et, de toute façon, on adhère d’avance à ce déracinement du quotidien qu’elle nous propose. 

Fidèle à son habitude, on retrouve ici une écriture âpre, rugueuse comme la vie de ces braves gens des Montées, c’est parfois extrêmement pesant, le lecteur sent une chape de plomb s’abattre sur ses épaules et il est plongé dans le noir et sans aucune issue avant que Sandrine Collette nous donne accès au chemin de la lumière. 

Madelaine avant l’aube est un roman qui se vit autant qu’il se lit, encore une fois tous vos sens seront en éveil. Et si, comme moi, vous entendez encore aboyer les chiens lorsque vous refermez le livre, alors c’est que le pari est réussi et que cette histoire vous a déjà marqué. Comme à mon habitude, je n’en ressors pas indemne, je me questionne sur mon rapport à l’autre, sur mon lien avec les grands espaces… Bref, une lecture bouleversante !

Pour en savoir plus

Retrouvez la présentation de ce livre sur le site de l’éditeur.