Il y a des personnes dont le destin sort de l’ordinaire. Régis Messac fait partie de ces personnes.
Des chiffres
- Naissance : 2 août 1893
- Agrégation de grammaire : 1922
- Soutenance de thèse : 1929
- Création de la collection « Les hypermondes » (éditions de la Fenêtre ouverte) : 1935
- Arrestation (sur dénonciation) : 10 mai 1943
- Décès : 1945
Des mots
Né en Charente-Maritime, Régis Messac grandit dans le giron de l’école laïc, auprès d’une mère institutrice et d’un père inspecteur du primaire. Après une scolarité entre Châtelleraut et le Lycée Hoche (Versailles), il prépare le concours de l’École normale supérieure, mais échoue à deux reprises, jusqu’à ce que la Première Guerre mondiale éclate. Mobilisé en août 1914, il se retrouve sur le front. En décembre, il prend une balle dans la tête. Trépané, il survit. Il refuse aussi bien d’être démobilisé que d’être promu – par choix idéologique. L’armée l’affecte alors à diverses tâches subalternes, et il exerce successivement divers métiers, comme coltineur, cuisinier, valet d’écurie, aide-charretier, ravaleur, cardeur de matelas, employé des chemins de fer, docker… C’est d’ailleurs sur les quais de Dunkerque, auprès de soldats britanniques, qu’il apprend à parler anglais. À l’occasion d’une permission, en 1915, il obtient sa licence de lettres. Une fois revenu à la vie civile, il reprend ses études, et décroche, en 1922, l’agrégation de grammaire. Il devient alors professeur au lycée d’Auch (1922-1923), avant de faire le choix de quitter la France. Après avoir été lecteur à l’université de Glasgow (1923-1924), il rejoint l’université McGill, à Montréal, où il enseigne de 1924 à 1929.
Le 7 décembre 1929, il soutient sa thèse à Paris, Le « Detective Novel » et l’influence de la pensée scientifique. Alors qualifié de « roman de détection », ce que l’on connaît désormais sous l’appellation de « roman policier » est alors peu considéré, pour ne pas dire plus. Régis Messac est l’un des premiers à l’avoir étudié, mis en avant, et il est, à ce titre, considéré comme l’un de ceux qui ont permis à ce genre de sortir de l’ombre. Mais il s’intéresse aussi au fantastique, comme l’illustre le sujet de sa thèse complémentaire, Influences françaises dans l’œuvre d’Edgar Poe. Il est également considéré comme l’un des premiers théoriciens, en France, de la science-fiction. En 1935, il crée, au sein des Éditions de la Fenêtre ouverte, une collection entièrement consacrée à ce genre : Les Hypermondes. Trois ouvrages sont publiés dans celle-ci : Quinzinzinzili en 1935, La cité des asphyxiés en 1937, tous deux de Régis Messac, et La guerre du lierre, de David H. Keller, en 1936. La survenue de la Deuxième Guerre mondiale interrompt la publication, et la disparition de Régis Messac en 1945 marque la fin de la collection.
Mais Régis Messac n’est pas uniquement un écrivain ou un théoricien de la littérature de genre. Il a également de fortes convictions dans divers autres domaines. Pacifiste, libertaire, non-violent, il est, surtout, curieux de tout ! Les sources que nous avons consultées et utilisées, listées à la fin de cette page, montrent d’ailleurs cette variété : on se souvient de Régis Messac autant dans les milieux littéraires que dans les cercles anarchistes ou du côté des mouvements sociaux
À titre posthume, il est décoré de la croix de guerre et de la Légion d’honneur, et il est nommé sous-lieutenant… ce qui est ironique, pour le moins, pour cet anti-militariste notoire !
Pratiquement oublié, il a fallu toute la force de conviction et l’obstination de son fils, Ralph, puis de son petit-fils, Olivier, co-fondateur de la Société des amis de Régis Messac (Sarm), pour le faire revenir sur le devant de la scène.
Des livres
- Quinzinzinzili (roman)
- La cité des asphyxiés (roman)
- Valcrétin (roman)
- Le « Detective Novel » et l’influence de la pensée scientifique (thèse)
Des sources
Pour construire cette biographie, nous avons notamment consulté :
- la page consacrée à Régis Messac sur Babelio
- la page consacrée à Régis Messac sur Le cafard cosmique
- la page consacrée à Régis Messac sur le site du Centre international de recherche sur l’anarchisme (Cira)
- la page consacrée à Régis Messac sur Wikipédia
- la page consacrée à Régis Messac sur le site Le matricule des anges
- la page consacrée à Régis Messac dans le Maitron