« On ne punit pas une insensée. Il me faudra chercher dans les interstices de ta vie. J’interrogerai Louise, je retrouverai les domestiques de Coussac, les témoins même lointains de votre existence. J’infléchirai les souvenirs, je gauchirai les preuves, j’égarerai la vérité. J’établirai une démence à laquelle je ne crois pas. »
Jean-Guy Soumy, La promesse, Éditions France loisirs, 2016, p.115.
Motivations initiales
Un cadeau.
Synopsis
Deux jeunes gens, Camille et Jeanne, se font la promesse – d’où le titre du livre – de s’aimer toujours. Ils ont 15 ans. Mais leurs familles en décident autrement. Si Camille accepte finalement de se plier à la pression sociale, Jeanne, elle, ne se résigne pas. Elle l’attend, au fil des années, jusqu’au jour où elle découvre qu’il en a épousé une autre. Elle choisit alors le suicide.
Mais, au XVIIIe siècle, se donner la mort est le tabou le plus fort qui soit. Et cela place Camille face à un choix : honorer la promesse de ses quinze ans et en payer le prix, ou se soumettre aux coutumes et renoncer à ses convictions. Un choix essentiel, et même vital.
Avis
> L’avis de C
Le sujet de ce livre est original et relativement peu connu : le suicide et sa vision juridique, criminalisé par l’Église catholique et par la royauté, à l’époque moderne (période moderne : 1492-1789 !!!!).
En effet, au fur et à mesure des pages, on prend conscience des implications sociales que le suicide avait alors : le nom, la mémoire et les biens de la victime (puisque aujourd’hui nous considérons que les personnes qui se suicident sont d’abord des victimes) étaient effacés à jamais de la société, leur enterrement ne pouvait se faire en terre consacrée. Ces sanctions étaient bien plus sévères que celles qui s’appliquaient aux personnes qui étaient bannies (ostracisme en Grèce antique, par exemple) : exilées, on ne cherchait pas systématiquement à les annihiler socialement.
Autour des deux personnages centraux, l’auteur fait évoluer différents personnages secondaires qui, pour des raisons différentes, doivent affronter le même choix, celui de se soumettre à la pression sociale ou de se présenter sous leur véritable jour. Et même s’il ne développe par de façon très détaillée leur caractère et leur personnalité, on a l’impression de tous les connaître en profondeur et de partager leurs peines, leurs inquiétudes, leur difficulté à vivre dans un carcan.
Le sujet est grave, mais l’écriture donne envie de tourner les pages sans s’arrêter… La plume est fluide et poétique, la lecture est très agréable !
Ce roman est très prenant, réellement palpitant. On prend une belle leçon d’histoire et surtout, c’est l’occasion de nous questionner sur notre propre capacité à affronter ces questions de « normalité » et le regard social qui les accompagne…
Je vous le recommande chaudement !
Je trouve que la force de ce roman est de faire passer beaucoup de sentiments et de questionnements en peu de pages… et c’est d’ailleurs ce qui a été frustrant pour moi en tant que lectrice. Mais en dire plus aurait sûrement changé l’histoire !
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