« Le roi des gueux est vivant et bien vivant, Votre Altesse. On le recherche en ce moment. Son repaire serait au fond d’une impasse, près de la rue Saint-Denis. C’est un tel fouillis de ruelles qu’un homme de bon sens s’y perd immanquablement. »
Stéphane Piatzszek, Julien Maffre, La cour des miracles – T. 1 Anacréon, Roi des Gueux, Éditions Soleil, 2018, p. 26.
Motivations initiales
La période historique (sous le règne de Louis XIV), le sujet (comme son nom l’indique, la Cour des miracles), une cover qui accroche l’œil. Pas besoin d’autre chose pour que cette bande-dessinée rejoigne notre PAL…
Synopsis
Février 1667, à Paris. Alors que du côté de la Cour des miracles, la vie s’écoule comme d’habitude, chacun essayant de tirer son épingle du jeu, le Roi des gueux – également appelé Le Grand Coësre ou le Roi de Thunes -, Anacréon, règne sur sa petite cour. Il reçoit, notamment, une part des bénéfices de chaque groupe de truands : les mercelots, les piètres, les francs-mitoux, les sabouleux, malingreux, callos et hubins, les orphelins et polissons…. Mais deux frères, appartenant au groupe des drilles et des narquois, voudraient voir changer les choses.
Un soir, ils assassinent le lieutenant criminel du Châtelet, mais se font capturer. L’homme, avide, est un véritable « ripou » : il entretenait avec Anacréon un fructueux trafic, ce dernier le payant grassement pour protéger son « peuple ». Aussitôt, le roi Louis XIV, sur les conseils de Colbert, nomme à sa place Gabriel de la Reynie, un homme bien plus probe et intransigeant, qui décide aussitôt de nettoyer Paris de la racaille.
Mais Anacréon se fait vieux. Sera-t-il, alors qu’il avait prévu de laisser la place à son fils, capable de réagir encore, et de s’adapter à cette nouvelle donne ?
Avis
> L’avis de T
L’idée de mettre en scène la Cour des miracles et son organisation, dont Victor Hugo avait donné sa propre version dans Notre-Dame de Paris – mais sans se préoccuper de réalité historique, puisqu’il la décrit dans un roman se déroulant au XVe siècle, alors que son existence n’est connue que deux siècles plus tard… – est intéressante. Et le scénario semble, pour le coup, avoir été l’occasion pour Stéphane Piatzszek de creuser son sujet.
Je ne suis pas totalement fan des dessins, mais on reconnait sans difficulté particulière les personnages, ce qui est tout de même l’essentiel. Du coup, l’histoire se lit agréablement et on apprend autant que l’on se divertit.
Il aurait peut-être été intéressant de proposer un petit dossier « historique », avec au moins un glossaire. J’imagine que plus d’un lecteur aurait aimé avoir des éléments détaillés sur les différents groupes de voleurs et truands, leurs noms et leurs caractéristiques, par exemple, ou sur la nouvelle organisation de la police mise en place par Gabriel de la Reynie.
En tout cas, cette plongée dans les bas-fonds de Paris à l’époque, avec ses règles, ses traditions – on peine à imaginer, aujourd’hui, les truands se rassemblant pour une procession à l’occasion de la fête de leur saint-patron… -, mais également ses enjeux de politique et de succession, ses petites et grandes animosités, et ses connexions avec le reste de la société, est extrêmement intéressante, en plus d’être divertissante !
Deux autres tomes sont déjà annoncés, qui viendront, espérons-le, confirmer la bonne impression laissée par ce premier opus…