« Le système de vol des œuvres d’art est bien rôdé par le personnel du musée du Jeu de Paume, du moins d’une partie d’entre eux. Non seulement les employés qui s’y adonnent se font de jolis pactoles, mais de plus, ils n’ont pas l’impression de faire quelque chose d’illégal. En même ils font acte civique, en dérobant aux Allemands des objets qu’ils ont eux-mêmes volés à leurs compatriotes. Au passage, une petite gratification pour service rendu ne fait pas de mal, en cette période où chacun cherche à survivre… »
Marc Welinski, Blue Velasquez, Éditions Daphnis et Chloé, 2015, p. 185.
Motivations initiales
Repéré à l’occasion d’une opération Masse critique de Babélio, nous avons participé… et reçu ce livre. Ce qui avait retenu notre attention ? Un thriller, dans le monde – assez opaque – des marchands d’art, le tout sur fond d’histoire de famille. Restait à voir ce qu’il en était…
Synopsis
Luc Wahlberg, expatrié depuis trente ans aux États-Unis, retrouve Paris. Il retrouve Lucile, celle qu’il a quitté en abandonnant la France. Cette dernière est partagée entre l’amour qui la lie encore à Luc, et l’inquiétude qu’il ne soit revenu exactement pour les raisons qui l’ont obligé à fuir. En effet, le grand-père de Luc, Menahem Weintraub, marchand d’art parisien déporté en 1942, possédait un tableau de Velasquez. Et, dans la famille, le récupérer est devenu une obsession.
Et, en effet, Luc a bien une idée derrière la tête. Un de ses amis américains lui a recommandé un homme de main. Une fois à Paris, il prend contact avec la famille Kapinsky, richissimes marchands dont l’empire s’étend sur le monde entier.
Où tout cela peut-il bien mener ? Et quelles surprises l’attendent-elles sur le chemin ?
Avis
> L’avis de T
Ce livre est très agréable à lire. D’abord parce que le côté thriller est « dans les clous » – j’y reviens après – ; ensuite parce que s’y ajoute une dimension historique – les fils de cette histoire se sont noués pendant l’Occupation allemande, entre 1940 et 1945.
L’intrigue est à la hauteur. Il y a des rebondissements, et des trouvailles intéressantes dans la construction. Les motivations des différents personnages sont riches. L’auteur parvient habilement à mêler les fils de l’histoire avec ce qu’il nous fait découvrir du milieu des marchands d’art : les Kapinsky proposent ainsi une belle galerie de personnages, entre le père, Serge, le patriarche retors, Annick Collery, la fille délurée mais rompue aux affaires et Claude, le fils qui traîne quelques casseroles…
Naturellement, le fait que l’on évolue dans des familles juives, profondément marquées par le nazisme, et qui en traînent encore les séquelles, participe de l’intrigue. On constate d’ailleurs que ce qui peut aujourd’hui paraître lointain a des répercussions très immédiates aujourd’hui… même sans parler d’un Velsquez mythique !
Je ne sais pas si Marc Welinski, l’auteur, connaît particulièrement ce milieu des galeristes. Mais le portrait qu’il en fait est tout à fait intéressant, et semble assez réaliste. Je n’ai pas l’impression de reconnaître la seule famille dont j’ai eu l’occasion d’entendre parler – les Wildenstein -, mais l’ensemble est tout à fait crédible.
Bref, un très bon moment de lecture, un roman bien construit. Du coup, cela me donne envie de découvrir les autres livres de l’auteur (il en a publié sept en tout, le dernier en date en 2018).
1 réflexion au sujet de “Blue Velasquez”