Chronique de La femme en feu, de Lisa Barr.
« Après la mort de son grand-père, personne ne lui avait imposé de limites ou de règles, ne l’avait prévenue des dangers. Personne n’avait semblé se soucier de ce qu’elle faisait. Ses parents étaient trop absorbés par leur propre vie pour remarquer ses longues absences. Alors Margaux faisait ce qu’elle voulait. À quatorze ans, elle avait déjà appris à ne dépendre que d’elle-même, au point d’en oublier ses parents. Elle attendait juste le moment de pouvoir leur ravir l’entreprise familiale. »
Lisa Barr, La femme en feu, Éditions de l’Archipel, 2023, p. 76.
Motivations initiales
Repéré voilà quelques semaines dans le catalogue des sorties à venir des Éditions de l’Archipel, ce livre me jetait des œillades. Comment, un livre sur une œuvre volée par les nazis, et dont la réapparition n’allait pas manquer de déclencher une véritable guerre, bien que souterraine ? Scénario dont on ne peut pas dire qu’il soit absolument révolutionnaire, mais attend-on forcément d’un auteur ou d’une auteure que l’idée de départ soit totalement inédite, ou, plutôt, que le traitement soit suffisamment efficace, entraînant, noir ou carrément flippant pour que la magie opère ? Sincèrement, je suis plutôt dans ce deuxième camp. Et ce type de sujet me parle suffisamment pour que j’aille y regarder de plus près !
Synopsis
À l’un des sommets du triangle, June Roth, jeune journaliste fraîchement sortie de l’école, et qui se destine à l’investigation, après avoir été « la source anonyme » d’une affaire de réseau de trafic sexuel de jeunes filles. Son maître, c’est Dan Mansfield, LE journaliste d’investigation de référence, dont elle force la porte un beau jour pour obtenir un poste dans son équipe.
Deuxième sommet, Ellis Baum, créateur mondialement reconnu de stilettos, désormais affaibli par la maladie. Il lui reste une quête à accomplir avant de mourir, et il demande à Dan Mansfield, avec qui il a sympathisé bien des années plus tôt, de l’aider. Et il va également solliciter son petit-fils, Adam, peintre surdoué qui a tout plaqué après s’être brûlé les ailes aux flammes de la drogue.
Enfin, dernier sommet du triangle, Margaux de Laurent, héritière de l’entreprise familiale, DLG (De Laurent Galeries), qui a appris le métier de marchand d’art auprès de son grand-père, Charles de Laurent, célèbre pour avoir, pendant la Seconde Guerre mondiale, sauvé de nombreuses œuvres des griffes des nazis, et donc de la destruction ou de la disparition.
Entre eux, un tableau, naturellement. La femme en feu, dernière toile d’Ernst Engel, peintre expressionniste allemand tué par les nazis.
Un triangle amoureux ? Pas vraiment, ou, en tout cas, pas uniquement, mais, quoi qu’il en soit, des sentiments suffisamment forts pour que la lutte ne puisse être autre chose qu’un combat à mort…
Avis
Je le disais précédemment, ce qui compte, pour faire un bon livre, ce n’est pas forcément l’idée de départ, c’est la façon dont l’auteur(e) la traite. Et nous en avons un brillant exemple ici, puisque, je le disais au début de cette chronique, le sujet n’est pas inédit, et le sujet de la spoliation par les nazis d’œuvres d’art a déjà été traité ici-même (Blue Velasquez).
L’auteure parvient d’abord à nous faire entrer dans cette histoire dès les premières pages. Nous ne savons pas encore quel est l’enjeu, mais nous savons qu’il est de taille. Et les personnages apparaissent déjà dans toute leur violence.
Mais ce qui est très fort, dans ce livre, c’est que les gentils ne sont pas que gentils et les méchants, même s’ils sont véritablement méchants, ne sont pas caricaturaux. Alors, évidemment, en disant cela ainsi, cela pourrait ouvrir la porte à la critique, mais non, l’idée n’est pas dire que « tout se vaut », il y a clairement le « camp du bien » d’un côté, le « camp du mal » de l’autre. Mais il y a de la nuance, de l’humanité, de la vraie vie, autrement dit.
Et ce qui ne gâche rien, il y a des sentiments intenses, bruts même, dans ce livre. J’ai en tête une scène où un personnage aveugle découvre la toile… eh bien c’est très fort !
L’histoire fonctionne bien, les personnages sont intéressants et nuancés – ou presque -, franchement, c’est une belle lecture !
Alors, envie d’embarquer dans cette quête de La femme en feu ? Si vous voulez en être, préparez-vous un petit sac d’affaires, abandonnez tous vos objets connectés, téléphone, montre… et soyez prêts pour un sacré périple !
Pour en savoir plus
Retrouvez la présentation de ce livre sur le site de l’éditeur.

A reblogué ceci sur Amicalement noiret a ajouté:
Belle présentation.
La couverture est superbe 👍
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