Bandes dessinées

Ne m’oublie pas

Chronique de Ne m’oublie pas, d’Alix Garin.

« – J’ai jamais dit à maman ce que j’avais à lui dire. Alors que j’en ai eu maintes fois l’occasion. « Trop tard » arrive plus vite qu’on ne le croit. Promets-moi de ne jamais oublier ça, Clémence. »

Alix Garin, Ne m’oublie pas, Éditions Le Lombard, 2021, p. 175.

Motivations initiales

J’avais vu annoncée la parution de cet album via les réseaux sociaux des Éditions Le Lombard. Le sujet me parlait, mais je craignais un peu qu’il ne soit trop « lourd » pour moi : en effet, j’ai une peur bleue de perdre mes grands-parents ou que leur mémoire ne flanche et qu’ils ne me reconnaissent plus… Et puis, dans un colis surprise, les Éditions Le Lombard nous l’ont adressé : dès lors, plus de question, nous nous sommes empressés de le lire ! 

Synopsis

Gendarmerie. Clémence est assaillie de questions par deux gendarmes. Ils veulent comprendre pourquoi la jeune fille a pris la fuite avec sa grand-mère et n’a plus donné signe de vie à sa mère durant ce périple.

Mamycha a perdu la mémoire ou plutôt elle a la mémoire qui flanche comme elle le dit si bien. Mais si il y a bien une chose qu’elle n’a pas oublié c’est la maison de son enfance… En voyant sa grand-mère décliner à l’EHPAD, Clémence se dit qu’il faut faire quelque chose, qu’elle doit agir, qu’elle doit offrir ce dernier voyage à sa grand-mère…. 

Avis 

Voir mes grands-parents décliner est une des choses qui m’accablent le plus… J’ai beau me dire qu’ils ont encore toute leur tête et leur autonomie, je redoute le moment de les voir dans l’incapacité de se débrouiller seuls ou qu’ils ne me reconnaissent plus parce qu’Alzheimer aurait capturé leur mémoire dans ses filets… Alors vous vous doutez bien que la lecture d’une telle histoire m’a arraché quelques larmes, forcément. Mais même si j’ai versé des larmes, j’ai aussi pris une belle leçon d’amour en pleine face. 

Ce que j’ai particulièrement aimé, c’est ce coup de tête de Clémence, alors que rien n’avait été prémédité – typiquement le genre de choses dont je suis capable ! -. Et en effet, alors qu’elle quitte l’EHPAD avec sa Mamycha en fauteuil roulant, Clémence ne sait pas ce qu’elle est en train de faire ! Tout au long de ce périple, on assiste à une situation de grande intimité entre ces deux femmes si proches dans cette petite voiture rouge ! C’est touchant, c’est délicat, c’est émouvant et ça nous donne envie d’y croire.

Envie de croire que la grand-mère de Clémence va se livrer à des confidences et qu’elle va peut-être retrouver la mémoire. Mais non, c’est un moment de partage à sens unique qui se déroule sous nos yeux, car Mamycha n’offre à Clémence que de rares instants de confession, ses souvenirs ne lui reviennent que par bribes et elle reste bloquée sur sa petite enfance, persuadée que ses parents l’attendent à la maison. C’est tellement dur comme situation qu’on ne peut qu’admirer le courage et la patience de Clémence ! 

Il y a peu de dialogue dans cette histoire, mais croyez-moi, les dessins d’Alix Garin se suffisent à eux-mêmes pour nous plonger dans un sujet complexe. Le style des dessins est sans aucune fioriture : il y a juste l’essentiel. Côté couleur, cet album est comme un de ces bonbons tendres de l’enfance, au goût acidulé mais aux couleurs douces, en ligne avec l’histoire et ses personnages. 

Une histoire déroutante mais qui illustre autant le ressenti des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer que de ceux qui les entourent.

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