Aventures, Bandes dessinées, Historiques

Mousquetaire – T. 2 Éloïse de Grainville

Chronique de Mousquetaire – T. 2 Éloïse de Grainville, de Fred Duval et Florent Calvez.

« – Moi aussi j’ai un rêve d’enfant, Alexandre…

– Quel est-il ?

– Je ne puis vous le dire car c’est un dessein magnifique et terrible à la fois… Un jour, quand ce grand projet sera accompli, je vous raconterai tout et si vous voulez encore de moi, nous partirons pour les Amériques. Je vous en fais la promesse. »

Fred Duval et Florent Calvez, Mousquetaire – T. 2 Éloïse de Grainville, Éditions Delcourt, 2017, p. 21.

Motivations initiales

La chronique consacrée au tome 1 se terminait par ces mots « la cause est déjà entendue : le deuxième ne tardera pas à faire l’objet, lui aussi, d’une chronique… ». Eh bien nous y voilà !

Synopsis

1666. L’année a mal commencé pour le jeune roi Louis XIV, avec la disparition d’Anne d’Autriche, sa mère. Mais côté anglais aussi, elle est éprouvante, avec le grand incendie qui ravage Londres du 2 au 5 septembre.

Alexandre de Bastan revient de Londres avec des éléments sur les plans anglais dans leur lutte contre les Provinces-Unies. Éloïse de Grainville, pour sa part, est en mission chez le duc de l’Aubette. Ce qu’elle ignore, ce qu’ils ignorent tous les deux, c’est que Madame de Locuste, pour qui elle travaille, est elle-même en affaires avec d’Artagnan, qui s’aigrit tous les jours un peu plus de ne pas être davantage reconnu. Lui qui espère le poste de capitaine de la première compagnie des Mousquetaires du Roi – les Gris -, voilà qu’on le nomme Capitaine des petits chiens du Roi courant le chevreuil !

Où tout cela peut-il bien mener ?

Avis

Le tour de force de cette bande dessinée, c’est de parvenir à conjuguer trois choses complexes. D’abord, en effet, elle rend l’Histoire de France accessible, par-delà les mythes : Louis XIV, même s’il est encore très jeune au moment où se déroule ce récit, n’est pas que le Roi guerrier que l’on nous a souvent dépeint. Certes, il ne rechigne pas à engager le royaume dans les conflits, mais non sans avoir préparé le terrain, par la diplomatie, par l’espionnage, par l’intrigue. Ici, il soutient les Provinces-Unies, rattachées au royaume d’Espagne, patrie d’origine de sa femme, tout en étant bien conscient qu’un jour il faudra l’affronter. Et il profite du conflit entre les hollandais et les anglais pour les maintenir tous les deux occupés, et les affaiblir.

Mais cette histoire est également constituée d’un entrelacs d’intrigue et de coups tordus, dans lequel on pourrait aisément se perdre. Mais la narration fait que le lecteur a le sentiment, ô combien valorisant, d’être l’un des rares protagonistes à suivre le fil sans s’égarer.

Enfin, le jeu est très habile entre la grande Histoire, celle de ces luttes entre des États puissants et bagarreurs, qui exportent d’ailleurs leurs querelles jusqu’au-delà des océans, et celle de ses acteurs. L’histoire d’amour complexe, et contrariée, entre Alexandre et Éloïse suit les soubresauts du siècle… et des arcanes du pouvoir.

Tout cela est profondément réjouissant, et la lecture est bien agréable. On se régale à plonger dans ces pages et, arrivés au bout du tome, on se prend à la fois à regretter qu’il n’y ait plus que deux tomes avant que la série ne soit terminée, et à attendre avec impatience de la poursuivre…

Mention spéciale à d’Artagnan, dont l’aigreur est palpable alors qu’il s’apprête à endosser l’habit de ce « Capitaine des petits chiens du Roi courant le chevreuil »… détail historique véridique qui ne manque pas de modifier quelque peu l’image qu’Alexandre Dumas avait pu contribuer à forger de ce personnage…

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