Aventures, Récit historique, Roman

La fièvre Masaccio

Chronique de La fièvre Masaccio, de Sophie Chauveau.

« Florence, qui veut régner chez elle sans se laisser influencer par des étrangers, pratique la résistance aux nouveautés de l’extérieur. Avant l’arrivée de Masaccio, l’atelier le plus prestigieux est celui de Bicci di Lorenzo, un conservateur forcené. Qu’un fossé sépare des novateurs. Pourtant, Masaccio y placera son frère en formation à son arrivée. Le Scheggia, comme toute sa famille, formé à l’atelier, est d’abord un cassai, c’est à dire un artisan apte à fabriquer tout élément en bois. En gros, menuisier-décorateur, d’un style narratif agréable. Artisan pour gagner sa vie. »

Sophie Chauveau, La fièvre Masaccio, Éditions Télémaque, 2022, p. 55.

Motivations initiales

Chaudement recommandé par la librairie La griffe noire, dont vous savez que nous y passons régulièrement, le nouveau Sophie Chauveau, qui plus est consacré à Masaccio, formant a posteriori comme une introduction à sa trilogie consacrée au siècle de Florence, il n’en fallait pas davantage. Et c’est donc tout naturellement qu’il s’est retrouvé sous le sapin…

Synopsis

1418. Florence constitue un véritable bouillon de culture. Au sens littéral, puisqu’elle sort seulement d’une épidémie de peste. Au sens figuré également, puisqu’autour d’un petit groupe d’artisans et artistes – Brunelleschi, Donatello, Ghiberti, Alberti, Fra Angelico… -, c’est rien moins que la Renaissance qui est en train d’être inventée.

Arrive alors un inconnu de 17 ans, qui les bouleverse autant qu’il les bouscule. Masaccio, étoile filante de la peinture qui, en à peine 10 ans, va révolutionner la peinture, consumant sa vie pour son art…

Avis

Voilà près de 15 ans, j’avais dévoré la trilogie consacrée par Sophie Chauveau à Lippi (La passion Lippi), Botticelli (Le rêve Botticelli), de Vinci (L’obsession Vinci). Ces trois livres avaient été pour moi l’occasion d’éprouver une véritable fascination pour cette incroyable concentration de talent, au XVe siècle, à Florence d’abord, avant d’irriguer toute l’Italie et même, pour certains, toute l’Europe. Fascination, ensuite, pour ces trois personnages. Fascination, enfin, pour la façon dont l’auteure, Sophie Chauveau, leur donne vie.

J’avais donc hâte de retrouver tous ces ingrédients à nouveau. Avec toujours cette petite appréhension, lorsque vous commencez un livre dont vous attendez beaucoup… la promesse sera-t-elle tenue ?

L’idée n’étant pas de tenir le suspense comme si nous étions dans une cérémonie pour laquelle il faut parvenir à justifier d’interrompre la retransmission suffisamment fréquemment pour générer des rentrées publicitaires conséquentes, disons-le tout de suite : le pari est réussi. Je n’aurais pas été capable de dire quoi que ce soit de ce Masaccio, que je ne connaissais guère que de nom, mais quelle vie ! Un talent à vif, consumé comme une chandelle, dix ans à peine de peinture qui ont révolutionné cet art. J’en viens même à m’étonner que cet incroyable artiste n’ait pas été reconnu, à titre posthume, comme le véritable fondateur du « club 27 », vous savez, ce groupe formé par les stars du rock et du blues morts à l’âge de 27 ans. Cela ferait d’autant plus sens que, déjà, certains comptent au nombre des membres du club 27 le peintre contemporain Jean-Michel Basquiat…

S’il y avait un reproche à faire à ce livre, un bémol à exprimer, ce serait que, par moments, il peut paraître un peu décousu. Et, en effet, on a parfois le sentiment de sauter d’un sujet à un autre, sans forcément que la trame narrative l’explicite. Mais il me semble qu’il peut y avoir deux raisons à cela, qui se rejoignent. D’abord, tout ce livre nous décrit un homme dont l’existence est exclusivement tournée vers son art, et qui ne laisse à personne la possibilité de pénétrer dans son cercle le plus intime. Il n’a, de plus, exercé que 10 ans, avant de mourir, dans des circonstances qui n’ont jamais été connues, dans une ruelle de Rome. Les sources, sur lesquelles on sait que Sophie Chauveau s’appuie – si elle romance, c’est sur des bases sérieuses -, doivent donc être considérablement plus lacunaires que pour Lippi, de Vinci ou Botticelli…

Ce Masaccio semble être un petit peu l’incarnation de l’artiste maudit, incapable de ne pas se consacrer corps et âme à son art. Perdu dans les rapports humains, ne sachant pas contrôler ses sentiments, ni pour les exprimer, ni pour les masquer. Éloigné de la vie quotidienne, totalement absorbé par ce qu’il crée, et dans lequel il parvient, au contraire, à magnifier les sentiments qui l’encombrent dans son existence. Célèbre mais pauvre, incapable de négocier les contrats qui pourtant affluent, il dort dans le froid, au plus près de ses chantiers. Une vie intense mais si brève, dont le retentissement ne s’est jamais atténué…

Alors, êtes-vous prêts à vous laisser embarquer dans un grand voyage dans le temps, vers les racines les plus anciennes de la Renaissance ? Dans l’affirmative, La fièvre Masaccio est pour vous !

Pour en savoir plus

Retrouvez la présentation de ce livre sur le site de l’éditeur.

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