Aventures, Bandes dessinées

Shi T.2 – Le roi démon

« « Qui de la trahison a fait sa maison, par traîtrise mourra ». Ma mère – une femme de principes – avait coutume de dire cela. »

Zidrou, José Homs, Shi T.2 – Le roi démon, Dargaud Éditeurs, 2017, p.41.

Motivations initiales

On vous avait prévenu, le tome 1 nous avait tellement emballés, tellement conquis que nous attendions avec une impatience folle le tome 2. Aussitôt sorti – le 25 octobre – aussitôt dans nos mains !

Synopsis

Londres, milieu du XIXe siècle. Alors que Jay se retrouve mariée de force, Kita doit satisfaire les exigences clients de la maison de prostitution dans laquelle elle est enfermée. Cela pourrait être la fin, mais, au contraire, cela renforce leur conviction et leur colère contre le système qui, dans cette Grande-Bretagne victorienne, écrase les faibles et les femmes – une situation d’autant plus paradoxale que l’empire est dirigée, justement, par une femme, la reine Victoria !

Kita apprend un jour que Jay vient à nouveau d’être placée dans un hôpital psychiatrique, et vient la libérer. Dans le même temps, on découvre l’existence de clichés (des daguerréotypes, exactement) compromettants de dignitaires de l’empire, pris justement lors de leurs ébats avec Kita. Naturellement, nombreux sont ceux qui aimeraient mettre la main sur ces clichés, que ce soit pour les faire disparaître, s’en servir comme monnaie d’échange, ou provoquer une crise au sein de l’empire…

De nos jours, en parallèle, les attentats contre les dirigeants – et leurs familles – du conglomérat qui fabrique des mines anti-personnel (SVPPB) se poursuivent. Mais quel est donc le lien entre les deux histoires ?

Avis

> L’avis de C

On ne peut que se délecter en lisant ce second tome ! J’ai pris énormément de plaisir – je pense d’ailleurs que dans mon bilan livresque de 2017, mon coup de cœur en BD reviendra à Shi -…

Avec T, nous avons été énormément surpris en nous offrant ce second tome : il y a une rupture avec le tome précédent au niveau des couleurs, ici on est dans des tons plus chauds mais malgré tout ça reste noir, très noir et certaines planches sont même franchement violentes ! Encore une fois, au point de vue graphique, le travail est plus que réussi, chapeau José Homs !

Niveau histoire, on reste sur une lancée peu optimiste ! Nos deux héroïnes – Jay et Kita – que tout oppose, vont une fois encore tenter de faire basculer les choses, les rôles en usant de ruses, de la force et en n’ayant pas peur de faire couler le sang. On a toujours deux histoires en parallèle, celle de nos deux héroïnes à Londres au XIXe siècle et celle au XXIe siècle, de cette société secrète nommée « Shi » défendant la veuve et l’orphelin en accomplissant des actes terroristes contre les puissants à la tête d’une société d’armement.

Il faut avouer que lorsque l’on ferme ce second tome, on a encore des tonnes de questions sans réponses – et c’est plutôt bien car il reste encore deux tomes pour conclure le premier cycle de cette série -. Bref, affaire à suivre…

Pour ceux qui ne connaissent pas, osez ! C’est à la fois dantesque et violent, à la fois touchant et écœurant… Un sacré cocktail que vous tiendra sans nul doute en haleine !

> L’avis de T

En effet, comme le dit C, cette série est extrêmement addictive ! Se dire qu’il va falloir attendre, c’est un vrai supplice !

Les dessins de José Homs sont juste parfaits ! Entre le tome 1 et le tome 2, il fait étalage de tout son talent, avec à la fois une évolution – la tonalité d’ensemble est plus chaude, dans ce deuxième tome – et une vraie continuité, qui accompagne idéalement la noirceur du scénario de Zidrou.

La misère est terriblement illustrée, notamment avec deux des personnages secondaires mais récurrents, deux sœurs contraintes de se livrer à la prostitution de rue pour survivre, dans le froid et la misère. La violence également est au rendez-vous : la vie humaine n’a visiblement, aux yeux de certains, aucune valeur.

Et pourtant, sur ce terrible terreau, prospère une micro-société qui se vautre dans le luxe et les plaisirs, y compris les plus sordides. De quoi faire naître et entretenir la rage, comme celle que ressentent les deux héroïnes, Jay et Kita.

Le discours n’est pas féministe, il est humaniste. Et même si cette lutte de Jay et Kita contre un système qui institutionnalise l’oppression des plus faibles, dont les femmes, résonne dramatiquement avec les actualités du moment, le message va bien au-delà…

Bref, vous l’aurez compris, une bande dessinée au scénario choc, aux dessins superbes, et dont le message est intelligent. Que vous faut-il de plus ? Allez, courez vous la procurer !

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