Policiers

La mémoire des morts

« Il n’y avait plus beaucoup de petits pêcheurs sur l’île. En cent ans, ils avaient été successivement décimés de toutes les manières possibles. Deux guerres, deux régimes politiques, les tentatives de monarchie, les dictatures et enfin le libre-échange avaient peu à peu eu raison d’eux. »

Eric Berg, La mémoire des morts, Slatkine & Cie, 2017, p. 141.

Motivations initiales

Les Éditions Slatkine nous ont proposé de découvrir deux polars allemands, Jeu de massacre à Berlin, et celui-ci. Deux auteurs que nous ne connaissions pas, l’occasion était belle !

Synopsis

Léa a subi un accident de voiture, elle est partiellement amnésique. Dans l’accident, sa soeur, Sabina, est morte. Mais pourquoi étaient-elles dans la même voiture, alors qu’elles ne s’étaient pas vues depuis plus de 20 ans ? Que faisaient-elles sur l’île de Poel, petite île de la Baltique où elles ont vécu enfants, alors que c’était encore l’Allemagne de l’Est, mais qu’elles ont quitté toutes les deux ?

Pour retrouver la mémoire, Léa va devoir remonter dans le temps. D’abord pour essayer de retrouver ses souvenirs de la période de l’accident, mais aussi en remontant bien plus loin dans le temps, en 1990, l’année où la bande d’amis de Léa a explosé, épi-phénomène alors que l’Allemagne de l’Est connaissait le même sort…

Avis

> L’avis de T

Allons d’abord directement à la conclusion. C’est un super bon livre ! Voilà, on peut pas faire plus lapidaire, mais c’est un simple constat. Que je vais essayer de développer.

Mais il se mérite. Par moment, et notamment au début – et moi j’ai vraiment apprécié cela -, on se retrouve dans une situation comparable à celle de Léa : on ne sait pas ce qui se passe, on a l’impression d’entrer dans une zone brumeuse et sombre… peut-être comme si on était sur l’île de Poel (on prononce Peul, si j’ai bien retenu !).

Dans la construction, on suit en parallèle Léa en septembre, alors qu’elle sort de l’hôpital, et Sabina, en mai, dans les jours qui précèdent l’accident. Les personnages sont les mêmes, ceux qui, enfants, formaient le clan des 7 autour de Léa, Mike, Harry, Pierre, Jacqueline et Margrethe. Le seul qui manque à l’appel, mais qui est néanmoins très présent, c’est Julian. Julian qui a disparu en 1990, une affaire que la police n’a jamais résolu : est-il parti pour un tour du monde, comme il en avait l’intention ? A-t-il eu un accident ? S’est-il suicidé ? A-t-il été tué – comme le laisse supposer le prologue – ?

En mai, on suit Sabina qui mène l’enquête. Policier, elle a été versée à la brigade des mœurs depuis qu’elle a pris une balle dans le genou. Elle creuse en parallèle deux aspects de l’histoire : la disparition de Julian, d’une part, mais aussi une sombre histoire d’acte de propriété du terrain où se trouve le « Palais », une ruine qui était le terrain de jeu du clan des 7.

En septembre, on accompagne Léa, à la recherche de sa mémoire, et, plus largement, de sa vie. Parce qu’elle ne se reconnait plus. Elle ne sait plus qui elle est réellement : comme elle le dit au début du livre, elle se souvient ce qu’est la réglisse. Elle sait qu’elle en a déjà mangé. Mais elle est incapable de savoir si elle aime ça…

Alors, c’est un policier. Oui, il y a une enquête, des enquêtes. Il y a des morts, et certaines ne sont pas des morts naturelles. Et les rebondissements – je ne suis pas sûr d’arriver à les compter, tellement il y en a dans les 50 dernières pages – sont bien trouvés !

Mais ce n’est pas seulement un roman policier. C’est un roman sur l’enfance et ses rêves, sur ce que ces rêves deviennent par la suite. C’est un roman sur l’amitié, sur ce qu’il advient aux amis d’enfance lorsque la vie passe. C’est un roman sur la communication, sur la difficulté – ou l’impossibilité – qu’il y a à partager réellement : chacun interprète les faits, les paroles, les événements, avec sa propre sensibilité.

Comment devient-on adulte ? Comment se construit-on ? À quoi l’amitié peut-elle mener ? ce sont toutes ces questions – et encore quelques autres – que ce roman aborde…

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