Aventures, Policiers

Kaboul Express

« Pour les djihadistes de Daech, les yazidis sont des adorateurs d’idoles. Leur religion, vieille de près de mille ans, est un syncrétisme de religions polythéistes et monothéistes avec, tout en haut de leur panthéon, l’archange Taous – l’ange paon, émanation de Dieu. Dans la vision du monde de Daech, elle est déviante et perverse. Les hommes yazidis sont systématiquement torturés et exécutés, les femmes violées et réduites à l’esclavage sexuel. »

Cédric Bannel, Kaboul Express, Éditions Robert Laffont, 2017, p. 81-82.

Motivations initiales

Après avoir croisé Cédric Bannel à Quais du Polar, nous avions lu et apprécié Baad. Il n’y avait donc aucune raison valable de ne pas poursuivre la découverte des aventures du Qomaandaan Kandar et du commissaire Nicole Laguna…

Synopsis

Alors que Zwak, un adolescent afghan à l’intelligence démesurée et, malheureusement, exclusivement consacrée à se venger de la France, qu’il rend responsable de la mort accidentelle et de son père et de son beau-père, est déjà lancé dans son périple mortel vers Paris, l’équipe d’Oussama Kandar, à Kaboul, retrouve des documents écrits dans une langue incompréhensibles, accompagnés d’équations mathématiques et d’un plan de Paris. Intrigué, le Qomaandaan alerte Nicole Laguna. Les premières analyses permettent de comprendre que l’ensemble pointe vers la préparation d’un attentat massif à Paris, fomentée par un mathématicien de haut vol, grand admirateur de Léonard de Vinci, dont il a repris l’habitude… d’écrire à l’envers.

Le Qomaandaan Kandar et Nicole Laguna parviendront-ils à remonter à temps les pistes pour déjouer le complot ? Zwak n’a pas laissé grand-chose au hasard…

Avis

> L’avis de T

Je n’arrive pas totalement à comprendre comment Cédric Bannel parvient à faire en sorte que le tableau extrêmement sombre de l’Afghanistan qu’il nous trace ne soit pas totalement sinistre. Concrètement, le Qomaandaan Kandar est lui-même extrêmement pessimiste, Cédric Bannel lui attribue à plusieurs reprises des réflexions autour de la décrépitude de la société afghane, de la déchirure, qui semble tellement profonde, entre les différentes ethnies présentes, sur le fait que l’État n’en est plus un. Et pourtant, on a le sentiment que, malgré la violence – les crimes sexuels contre les yazidis, les nomades baloutches contraints, pour survivre, de travailler pour les trafiquants de drogue, les attentats permanents, quotidiens ! – il ne peut pas ne pas rester un espoir pour ce pays.

Est-ce de l’inconscience ? Une sorte de vœu pieu ? De l’irréalisme ? En tout cas, on a envie de rêver avec lui d’un Afghanistan dans lequel les filles et les femmes pourraient juste vivre normalement, dans lequel les homosexuels ne seraient pas menacés de mort, dans lequel les puissants ne se contenteraient pas de taper dans la caisse et de se gaver sans se préoccuper des autres.

Les folies de l’EI, de Daech, on en a tous entendu parler. Mais ici, elles s’incarnent. Elles deviennent palpables, avec ces personnages qui sont décrits comme n’ayant plus peur de mourir parce qu’ils sont déjà en dehors de notre monde. Posant, de ce fait, un problème majeur aux services de renseignements qui luttent contre eux, ainsi que Cédric Bannel nous le fait voir. Et pourtant, ces hommes qui prétendent à la pureté la plus haute, qui en font leur étendard, s’autorisent les pires exactions sexuelles.

On découvre dans cet épisode les baloutches. Et c’est fascinant. On effectue une incursion dans la vallée de la Kâpîssâ. Et c’est terrifiant.

Et puis, en contrepoint, on suit tous les efforts déployés pour faire échouer l’attentat. En la matière, les quatre-vingt dernières pages sont haletantes, entièrement consacrées à la course-poursuite après les trois camions chargés d’explosifs et de gaz qui traversent l’Europe. À cette occasion, Cédric Bannel fait preuve d’une connaissance approfondie des rouages des services, du moins pour autant qu’on puisse en juger, tout béotiens que nous soyons.

Enfin, Cédric Bannel continue à distiller des éléments sur ses deux personnages, qui vont permettre d’alimenter la suite de la série. Nicole Laguna est confrontée à l’obstination d’un policier qui la soupçonne d’avoir franchi la ligne rouge – des faits qui remontent à Baad – ; du côté d’Oussama Kandar, Malalai supporte de moins en moins bien la vie à Kaboul et en Afghanistan…

C’est angoissant, c’est terrible, mais ce roman vaut vraiment le coup d’être lu. Pas pour se changer les idées, mais pour mieux comprendre… tout ce que nous ne pouvons pas comprendre de ces terroristes et des ressorts de ce pays incroyable qu’est l’Afghanistan…

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