Chronique de L’espion français, de Cédric Bannel.
« Ainsi, grâce à cette opération, elle aurait bientôt entre ses mains de nouvelles otages, jeunes et jolies, elle n’en doutait pas. Des agneaux sacrificiels que Granam violerait longuement sous ses yeux. Elle exigerait qu’il les tourmente, les punisse et les fasse crier.
Il faisait toujours tout ce qu’elle lui demandait.
Ensuite, il les égorgerait, au moment choisi, aspergeant son visage et son corps nu de leur sang chaud. »
Cédric Bannel, L’espion français, Éditions Robert Laffont / Éditions Les Tourelles, 2021, p. 141.
Motivations initiales
Chez Ô Grimoire, nous avions adoré Baad et Kaboul Express, après avoir rencontré Cédric Bannel à Quais du polar en 2018 – déjà ! – : en nous parlant de son roman, l’évidence s’était imposée, il nous fallait repartir avec ce livre, et découvrir les aventures du qomaandaan Oussama Kandar… L’annonce de la sortie de ce nouvel opus ne nous avait évidemment pas échappé, et nous avons profité de la présence de l’auteur, une fois encore, à Quais du polar, pour repasser le voir.
Synopsis
À la suite d’une panne de moteurs, un avion est détourné vers la base militaire américaine de Bagram, proche de Kaboul. Une panne bien opportune, qui offre l’occasion à un groupe mafieux de s’emparer de quatre élèves-infirmières japonaises, et de leur accompagnatrice, venues pour un stage dans un orphelinat dirigé par une association humanitaire, Care Children. Très rapidement, les cinq otages sont revendues à un deuxième groupe : les enlèvements sont un moyen malheureusement très efficace de gagner de l’argent…
Pendant ce temps-là, un Transall de l’armée française, parti du Qatar, survole l’Afghanistan, et capte diverses communication, pour le compte de la DGSE. Et, dans l’une de ces communications, des mots-clés, « Veuve », « Lionne » et « Féline » font réagir les systèmes. Et l’analyste confirme : une opération est en cours dans la katiba de la « Veuve blanche », une véritable légende : une femme, française d’origine – son vrai nom est Alice Marsan de Godet – chef de guerre, en Afghanistan, c’est inoui… Mais la France ne peut pas officiellement la « traiter », c’est contre les règles des services secrets. La DGSE s’adresse alors à Edgar, agent de l’ombre, officieux. Sa mission : retrouver et éliminer Alice Marsan. Pour cela, il faudra remonter sa trace, en partant de Paris. Deux alliés dans cette quête, que nous connaissons déjà : Nicole Laguna et le qomaandaan Kandar…
Avis
Disons le d’abord : c’est un immense plaisir de retrouver Nicole Laguna et le qomaandaan Kandar, d’autant que, Cédric Bannel nous l’a annoncé, ce dernier pourrait encore faire de fugaces apparitions de-ci, de-là, mais la série qui lui est consacrée est terminée…
Profitons donc encore une fois de ce personnage extraordinaire qui traverse l’histoire récente de l’Afghanistan avec une élégance mêlée de mélancolie, devant ce que toutes ces années de guerre ont fait de ce pays.
Les politiciens corrompus, le fonctionnement clanique, les chefs de guerre de Daech entraînés dans une spirale folle de violence… Cédric Bannel parvient à nous rendre compréhensible, et même sensible, ce pays dans lequel, pourtant, on se sentirait irrémédiablement perdus ! Sans redire ce qui l’a déjà été dans les chroniques des livres précédents de l’auteur, une fois encore le pays est un personnage à part entière, avec ses horreurs, mais également avec sa beauté sauvage, avec ses insupportables injustices et avec l’incroyable courage de ceux qui, malgré tout, continuent à vivre debout.
Mais pour qu’un livre soit bon, il ne suffit pas que les « gentils » soient attachants. Il est aussi recommandé que les méchants le soient vraiment. Et, là, nous sommes servis ! Cette « Veuve blanche », quel personnage ! Pétri de noirceur, certes – le témoignage de son premier petit ami, bien avant qu’elle rejoigne Daech, fait état de son goût pour les snuff movies ; elle profite de la jungle qu’est l’Afghanistan pour assouvir ses fantasmes, qui, en général, consistent à faire violer brutalement, par son amant du moment, de jeunes femmes, avant de les égorger… On retrouve également un ministre afghan, déjà croisé au fil des livres précédents, qui dans son style retors et vicieux, mérite une palme…
Et puis ce livre est l’occasion de découvrir Edgar, cet espion français qui donne son titre au livre. Personne ne sait que, derrière ce spécialiste des fusions-acquisition se cache un redoutable agent de l’ombre, que la DGSE sollicite de temps en temps pour mener à bien les missions les plus périlleuses et, surtout, les moins avouables. Et autant on comprend bien l’intérêt pour les services de pouvoir faire appel à ce type d’agent non officiel, autant on a du mal à imaginer que de telles doubles vies existent.
Et à peine a-t-on refermé ce livre que, déjà, l’on a envie de retrouver Edgar dans ses prochaines missions. Envie d’en apprendre davantage sur lui. Envie de l’accompagner. Oui, vous l’aurez compris : ce livre est une vraie réussite !
Alors, si vous aviez déjà découvert Cédric Bannel et le qomaandaan, précipitez-vous. Et si vous ne les connaissez pas encore, eh bien… précipitez-vous également !

mouai, je ne suis pas sur qu »on puisse écrire que ce soit une réussite… l’écrivain nous emmène vers une dégueulasserie des événements over there , peu probables…
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Bonsoir Bakir. C’est votre vision des choses et nous la respectons. Cela étant nous ne sommes pas certains de comprendre ce qui vous déplaît dans ce livre.
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