« Ils racontent que nous croyons à toutes sortes de superstitions, que nous sommes pittoresques, que nous vivons en tribus et qu’il faut se méfier de nous. On s’agace de la nuée de petits enfants qui se collent aux passagers des bateaux pour tenter de porter les valises et de gagner quelques pièces. On prend en photo les premières promotions indigènes des élèves-maîtres de l’École normale. »
Kaouther Adimi, Nos richesses, Éditions Points, 2018, p. 27.
Motivations initiales
Ayant la chance de faire partie du jury du Prix 2019 du meilleur roman des lecteurs de POINTS, nous avons reçu les premiers livres de la sélection, dont celui-ci.
Quatrième lecture, quatrième chronique.
Synopsis
De 1930 à 2017, on suit les personnages d’une aventure : celle de la librairie – librairie de prêt – maison d’édition Les vraies richesses, installée rue Hamani, ex-rue Charras, à Alger.
On suit cette aventure, depuis la création du lieu, en 1936, par Edmond Charlot, jusqu’à sa fermeture, en 2017, quand Ryad, étudiant parisien, est chargé de vider les lieux avant leur transformation en magasin de beignets.
La construction du livre fait alterner trois récits distincts : l’histoire de l’Algérie française, de 1930 à 1961, d’un côté ; les carnets d’Edmond Charlot, de 1935 à 1961, d’autre part ; et, en 2017, la librairie au moment de sa fermeture.
Avis
> L’avis de T
Ce petit livre nous propose de découvrir la création d’une maison d’édition, alors qu’avec la guerre, le papier manque. Née sous le patronage de Camus, Roblès, Amrouche, Max-Pol Fouchet, Jules Roy, la librairie multiface est nommée Les vraies richesses avec l’accord de Jean Giono.
En 2017, Ryad pense venir passer son stage et repartir, comme il est venu, retrouver sa vie vie parisienne. Pourtant, il va rencontrer Abdallah, le vieil homme qui a fait tourner la librairie toutes ces dernières années, alors qu’il n’aime pas les livres.
Et, comme l’illustre la citation donnée au début de cette chronique, Kaouther Adimi semble vouloir également faire passer un message sur l’Algérie.
Pourtant, cela me laisse l’impression que les différentes pistes – l’histoire politique de l’indépendance de l’Algérie, l’histoire de la librairie – maison d’édition, l’histoire de l’édition pendant la Seconde Guerre mondiale – ne sont pas totalement creusées. Que l’auteure n’a pas pu, osé, voulu choisir.
Typiquement, j’aurais aimé, par exemple, que les passages du carnet de Edmond Charlot, qui semblent ici nous être livrés de manière brute, soient un peu plus romancés. Pas pour en modifier le contenu, mais pour fluidifier le récit. Ici, l’impression est plutôt celle d’un côté assez rigide, un peu froid, presque clinique. J’ai, du coup, eu l’impression de rester à l’extérieur de l’histoire.
Au final, la lecture est plutôt agréable, mais reste assez impersonnelle. Le seul message sur lequel on sent une vraie implication de Kaouther Adimi, c’est celui de tolérance vis-à-vis de l’étranger. Mais ce n’est pas forcément ce que j’attendais d’une telle histoire…
Impersonnel effectivement et difficile de s’y retrouver dans toutes ces références littéraires !
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