Chronique de Hackers : Bâtisseurs depuis 1959, de Sabine Blanc.
« Le vrai hacker exalte l’ingéniosité, l’esprit de détournement, la créativité, la beauté gratuite du geste et l’élégance dans la réalisation, son code relève de l’art – « code is poetry » – car il est l’expression de la personnalité ; il défend la liberté d’information et le partage des connaissances, nécessaires pour progresser : the information wants to be free ».
Sabine Blanc, Hackers : Bâtisseurs depuis 1959, OWNI Editions, 2012, p. 6.
Note : cette chronique est, à double titre, une nouveauté. D’abord parce qu’elle traite d’un sujet pas encore abordé ici, mais, surtout, parce qu’elle est la première d’une troisième personne que vous ne connaissez pas encore, et qui apparaîtra dorénavant en tant que G. G pour Garçon ou pour Gazelle ? Aucune importance. Mais, ainsi que nous l’avions indiqué dès le départ, nous sommes prêts à ouvrir ces pages à d’autres, tant que nous partageons une même ligne… Bienvenue donc, G !
Motivations initiales
Voilà quelques années, j’ai beaucoup pratiqué la « littérature des hackers« . Et comme la thématique est – plus que jamais ? – d’actualité, pourquoi ne pas réitérer sept ans plus tard ? Cet ebook, je l’avais imprimé en 2012, lu une première fois, puis je l’ai déplacé régulièrement, d’un lieu à l’autre, d’une pile d’ouvrages à une autre. Il était temps de le relire et de le partager…
Synopsis
Même si ce n’est pas la façon dont le grand public se les représente – bien aidé en cela par les médias -, nombre de spécialistes considèrent que les hackers se caractérisent essentiellement par un usage créatif des techniques et par l’art de démonter les systèmes – de les mettre en pièces, littéralement – pour mieux en reconstruire d’autres. Ainsi, au-delà de la connotation négative qui s’est attachée à ce terme, en réalité, ils ont rendu possibles de nombreuses innovations dans le développement d’Internet et des ordinateurs.
Dans ce livre Sabine Blanc retrace, de 1959 à 2012, l’histoire extraordinaire et méconnue de ces individus singuliers animés d’une forme d’éthique : libre accès aux machines et au code, liberté de l’information, partage des connaissances, éloge du code comme art, primauté de l’horizontalité, valeur des actes.
Les hackers exercent leur curiosité et leur inventivité sur les objets, le hardware avec un retour au physique, avec l’explosion des lieux de productions : hackerspaces, makerspaces, fab labs, autour du do-it-yourself (faites-le vous-même, abrégé en DIY) etc.
Avis
> L’avis de G
En le relisant sept ans plus tard, c’est flagrant : on est en présence d’un texte de référence, qui n’a pas pris une ride.
Dès les premières pages, Sabine Blanc donne le ton. Simple, efficace, pratique, concret et sans fioritures, ce livre est fait avec et pour des technophiles, mais ne nécessite pas d’être déjà un expert du sujet. L’influence de la thématique hacker infuse aussi bien le fond et la forme. On est plus proche du « guide de mise à jour », que de l’analyse théorique blindée de références. Et ça fait un bien fou !
Vulgariser sans généraliser, documenter sans discréditer, retracer sans diaboliser : voilà comment on pourrait caractériser ce livre qui doit faire partie de toute bibliothèque sérieuse sur les thématiques numériques. C’est sans prise de tête, et même rafraichissant. L’analyse est passionnante, fluide, elle s’adresse aussi bien aux néophythes qu’aux spécialistes.
Il y a cependant un point sur lequel je n’adhère pas. En effet, ce livre de référence est disponible exclusivement en format ebook. Alors pour tous ceux qui aiment les livres en tant qu’objets, qui aiment le papier, pouvoir souligner, annoter et commenter… c’est un peu frustrant. Lors de ma première lecture, je l’avais donc imprimé, pour en avoir une copie déconnectée.
Intrigués par ces fameux hackers qu’on nous décrit comme de grands méchants ? Ou, au contraire, déjà attirés par ces irréductibles tenants de la liberté ? N’hésitez pas : ce livre est probablement fait pour vous !