Chronique de Frankenstein 1918, de Johan Heliot.
« Comme l’avait pronostiqué Winston, l’été nous fut une période faste et victorieuse. Nos plaies vite recousues, les éclats de métal facilement extraits de nos chairs insensibles, nous parcourûmes le front d’ouest en est, nous déplaçant la nuit à marche forcée à travers bois et forêt, frappant entre le crépuscule et l’aube des ennemis maintenus éveillés par la peur des jours entiers, mais trop fébriles pour nous résister. Oui, de ce point de vue, la tactique élaborée par Winston était un succès, sa « folie » une réussite sur le terrain. »
Johan Heliot, Frankenstein 1918, L’Atalante, 2018, p. 117.
Motivations initiales
Lors de notre petite virée aux Utopiales en 2019, ce livre est tombé entre mes mains… J’ai trouvé le résumé sur la quatrième de couverture assez intriguant et je me suis dit que c’était dommage de ne pas le ramener dans ma valise pour qu’il vienne enrichir ma PAL !
Synopsis
Première Guerre mondiale. Angleterre. Essuyant de nombreux échecs sur le plan militaire, les anglais décident de lancer une grande opération – l’opération Frankenstein. La construction de chars va être remplacée par celle de « chair à canon ».
En effet, en s’appuyant sur les travaux d’un médecin et grâce à l’industrialisation récente de la production d’électricité, l’Angleterre a la possibilité de fabriquer des unités de soldats qui peuvent être sacrifiés sans remords. Winston Churchill est nommé responsable de l’unité de recherche sur la régénération.
Et, en effet, ces soldats font leur preuve sur le champ de bataille. Mais dans la société anglaise les avis sont partagés et l’on se déchire entre les pros et les antis. Finalement, l’opération est stoppée mais l’un de ces « Frankies » échappe au massacre…
Avis
La SF et le fantastique, ce n’est pas la tasse de thé de tout le monde – et, chez Ô Grimoire, on retrouve bien cette dualité -, mais quand un résumé m’interpelle, je me dis « allez, on essaye et on verra bien » !
Pour ma part, je découvre cet auteur – quelle honte surtout que nous sommes également lorrains ! -. J’ai donc fait quelques recherches et j’ai découvert que Johan Heliot aime s’amuser avec l’Histoire et ici c’est encore le cas ! Ce n’est donc probablement pas anodin si son livre est sorti alors que l’on célébrait le centenaire de la Grande Guerre et le deux-centième anniversaire de l’ouvrage de Mary Shelley…
Ce que j’ai apprécié dans cette histoire, c’est la référence aux gueules cassées de la Grande Guerre mais également l’hommage de l’auteur à Mary Shelley. Et puis, je trouve également que l’idée d’utiliser des « fragments » de vie de personnage – l’auteur utilise des destins imbriqués – renvoie bien à la violence de la guerre et au métal voire même aux os qui éclatent en mille morceaux.
Si l’uchronie européenne créée de toute pièce par l’auteur est passionnante et nous laisse sans voix, je trouve en revanche que l’intrigue et les personnages sont eux laissés au second plan et ne sont pas assez travaillés… Je n’ai réussi à m’accrocher à aucun d’entre eux, je les ai trouvés assez plats et, du coup, sans grand intérêt. L’originalité de l’histoire aurait , de mon point de vue, mérité des personnages hauts en couleur. Là, il me manque quelque chose…
Typiquement, le personnage de Winston Churchill, truculent, fort en gueule, mais également controversé, aurait pu être extrêmement efficace dans un tel contexte. Il n’a d’ailleurs probablement pas été choisi par hasard par l’auteur. Mais cela ne pèse pas sur l’histoire, et j’ai trouvé cela dommage.
Bref une lecture en demi-teinte, je n’ai pas plus accroché que cela… Quel dommage car ça fourmille vraiment de bonnes idées !
Dommage mais c’est vrai sur des personnages fades peuvent plomber de bonnes idées…
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