Chronique de Thorgal – T. 38 La Selkie, de Fred Vignaux (dessins) et Yann (scénario).
« – Mais ? Ils laissent les cadavres de ces bêtes couler ou être emportées par le courant sans se soucier de les hisser à terre pour les dépecer et sécher leur chair ! Ça n’a aucun sens !
– Chaque peuple possède ses traditions de chasse et de pêche ancestrales, certaines nées de périodes de famines et de privations… Ce n’est pas à nous de les juger ! »
Fred Vignaux et Yann, Thorgal – T. 38 La Selkie, Éditions du Lombard, 2020, p. 20.
Motivations initiales
Nous avions, voilà quelques mois, ressorti de nos bibliothèques les premiers tomes de la série culte Thorgal. Et nous avons chroniqué, depuis, les trois premiers tomes (le tome 1, 2, 3). Est-ce cela qui a donné aux Éditions du Lombard l’idée (excellente !) de nous envoyer ce nouvel opus, le 38e de la série ? Quoi qu’il en soit, merci à eux de nous offrir cette belle occasion de découvrir la suite des aventures de ce héros. Juste une précision, cependant : pour ceux qui n’ont pas encore avancé dans la série, attention aux possibles spoil dans cette chronique…
Synopsis
Louve a disparu ! Alors qu’elle devait aider son amie à pêcher des écrevisses, elle n’est pas venue. Et des enfants retrouvent Yasmina, sa guenon apprivoisée, presque noyée, près du port. En rassemblant les témoignages, Thorgal comprend rapidement qu’elle a probablement été enlevée par un homme venu – et reparti – de Mikladalur, sur l’île de Kalsoy.
Louve, justement, on la retrouve prisonnière, enfermée dans une cage. Une petite fille et un jeune garçon, les enfants de son ravisseur, passent parfois la voir. La petite fille semble un peu étrange… peut-être est-ce lié au fait qu’elle est la fille d’une Selkie ?
Mais qu’elle est donc cette légende de la Selkie ? C’est ce que Thorgal va devoir apprendre pour espérer retrouver Louve…
Avis
Bien que la série, imaginée et créée par Jean Van Hamme (au scénario) et Grzegorz Rosinski (aux dessins), soit désormais entre les mains de deux nouveaux acteurs, il est remarquable que l’on conserve le fil directeur. Et visiblement, les légendes nordiques, que Thorgal a contribué à populariser dans les pays francophones au moins, parallèlement à leur indéniables succès dans les jeux de rôles et jeux vidéos, ont encore de quoi accompagner nos vies…
Ainsi, on n’est désarçonné ni par les dessins, ni par le scénario. Alors que mes relectures des premiers tomes sont encore toutes fraîches, il y a une indéniable filiation. De ce point de vue, déjà, franc succès !
Le scénario est également très bien ficelé, avec un juste équilibre entre réalisme et fantastique. L’histoire est agréable à lire, on y trouve même des éléments de morale tout à fait intéressants – ce n’est pas parce que je ne comprends pas les coutumes d’un autre peuple qu’elles n’ont pas des raisons d’être parfaitement valables, ou, du moins, audibles -. Voilà un discours que l’on aimerait entendre plus souvent…
Dans la construction, on a quelques allers-retours, mais on s’y retrouve d’autant plus aisément que l’ambiance des dessins accompagne ces changements de lieu : sombres, pratiquement en nuances de gris lorsque l’on est avec Louve enfermée, en couleurs (plus ou moins vives, mais en couleurs – occasion de préciser que c’est Gaétan Georges qui est aux couleurs) lorsque l’on est avec Thorgal.
Bref, pour les amateurs de cette série, un épisode qui se déguste avec grand plaisir. Le seul réel problème : oui, il va falloir trouver une place de plus dans la bibliothèque, la série va bientôt prendre, à elle seule, une étagère entière…
