Chronique de Betty, de Tiffany McDaniel.
« Quand j’étais petite, je croyais qu’être Cherokee signifiait être reliée à la lune, comme un éclat de lumière qui s’en déroulait au bout d’un fil. »
Tiffany McDaniel, Betty, Editions Gallmeister, 2020, p. 24.
Motivations initiales
Qui n’a pas vu la couverture attrayante de ce roman ? Qui n’a pas entendu parler de ce roman depuis sa sortie en septembre 2020 ? Si tu es de ceux-là alors tu ne dois pas habiter sur la planète terre !
Vous commencez à nous connaitre, nous avons tendance à nous méfier des conseils – parfois trop pesants – de certaines personnes et surtout nous nageons souvent à contre courant donc nous n’avons pas voulu nous offrir ce roman et encore moins le lire lorsque les premières critiques élogieuses ont fleuri sur les réseaux sociaux.
Et puis… par pur hasard, une chronique de France Inter est revenue sur cette histoire. Et immédiatement, l’envie de lire ce livre est venue. Les histoires de famille, les indiens, leur mode de vie, il ne fallait pas passer à côté de ce récit !
Synopsis
Betty Carpenter est la sixième d’une fratrie de huit enfants. Sa famille est un peu hors normes, elle vit en marge de la société, pour la simple et bonne raison que Landon, le père, est un Cherokee. Bien trop souvent moqués, voire mis au ban de la société, tenus à l’écart comme s’ils étaient des pestiférés, les Carpenter finissent par s’installer à Breathed, petite bourgade de l’Ohio.
Les différents membres de la fratrie grandissent, chacun cherchant à se faire un place dans une société qui les rejette. Betty, elle, semble s’en moquer : elle grandit au rythme des histoires de son père, frôlant les étoiles, chérissant la nature, proche des animaux.
Mais la réalité finit toujours par vous rattraper. Adieu l’enfance et l’innocence, adieu les douces histoires et la culture Cherokee de papa. Le mal s’est installé au cœur même des racines de cette famille, et d’abominables secrets viennent progressivement au jour.
Comment grandir avec cela ? Le seul moyen que Betty a trouvé est d’écrire, écrire pour ne jamais oublier mais aussi pour retresser les fils de ces différentes histoires…
Avis
Un livre coup de poing. Une histoire qui met en lumière des secrets noirs, des tabous mais également le déni et les cassures. Vous avez là tout les ingrédients pour faire que les membres d’une famille unie et aimante deviennent des inconnus les uns pour les autres. Au fil des chapitres, l’amour et la bienveillance s’échappent jusqu’à disparaître pour laisser la place à la haine et au dégout. Ce livre c’est la rencontre du bien et du mal, la rencontre de l’ombre et de la lumière – car oui, Betty, comme son père, est lumineuse !
Tiffany McDaniel pose un regard sur la société américaine du début du XXème siècle, sur la mise au ban des Cherokee – des amérindiens en général – et sur la ségrégation, si fortement présente dans la vie quotidienne des Carpenter. Victime de préjugée, accusée de sorcellerie, réduite au rang de petites gens, cette famille sera mise à l’écart en périphérie de la ville, parquée. C’est abject, c’est révoltant, ce livre met en scène la difficulté de l’acceptation de l’autre et le fait que le mot tolérance ne s’applique pas davantage dans ces bourgades reculées de l’Amérique que partout ailleurs.
Émotionnellement parlant, c’est lourd… On ne sort pas indemne de cette lecture. L’histoire, captivante, nous aspire, nous entraine dans une farandole d’émotions qui fait que l’on a tantôt un sourire au coin des lèvres et tantôt des larmes qui coulent sur nos joues. On flirte avec le diable lorsque la question de l’inceste et du viol est abordée, la mort rôde à chaque page, prête à bondir pour s’emparer d’une âme de la famille Carpenter.
Betty, c’est un livre qui se vit, une expérience inédite, un moment de grâce où l’on flirte avec les étoiles et les mœurs Cherokees. Sans aucun doute l’un de mes plus beaux moments de lecture.

Un livre qui se vit. Exactement !
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ah oui, c’est le mot, et quel livre !
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Je suis pareille, souvent à contre courant, mais effectivement, j’ai cédé à la liesse générale, ce livre est donc dans ma PAL, mais j’attends le bon moment pour le lire…
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