Chronique de Kérozène, d’Adeline Dieudonné.
« Une station-service le long de l’autoroute. Une nuit d’été. Si l’on exclut toujours les cadavres, mais qu’on compte bien le cheval, il n’y a maintenant plus que onze personnes présentes à cette heure précise.
D’autres arriveront. Toutes repartiront. Ici on ne fait que passer. »
Adeline Dieudonné, Kérozène, Éditions L’iconoclaste, 2021, p. 268.
Motivations
Un des romans de la sélection du Prix du Livre France Bleu – Page des Libraires 2021. J’avais lu et bien aimé le livre précédent de l’auteur, ce second roman allait-il être à la hauteur de mes espérances ?
Synopsis
Ils ne se connaissent pas et pourtant, ils ont tous un point commun, être au même moment au même endroit, c’est-à-dire dans une station-service sur une aire d’autoroute.
Ils sont quinze, si on compte le cheval et le cadavre à l’arrière d’un gros Hummer noir. Quinze protagonistes ayant une histoire particulière. Une histoire allant de la plus touchante à la plus ubuesque voire complètement dingue.
Ils ne le savent pas encore mais dans quelques instants tout va basculer…
Avis
Ubuesque, perché, marrant : ce sont bien les mots qui pourraient coller parfaitement à ce roman ! Je ne savais pas à quoi m’attendre eh bien je peux vous dire que j’ai pris un sacré coup de froid dans le bas des reins et limite j’en redemande !
Adeline Dieudonné met encore une fois la barre très haut avec cette histoire et elle ne laisse pas son lectorat indifférent. C’est tout ou rien, soit on embarque avec elle pour suivre le destin tragique de ces quinze personnes soit on reste en rade sur l’aire d’autoroute et rien ne décolle… Pour ma part, l’auteure a réussi à me prendre par la main et à m’emmener précisément là où elle voulait. J’ai carrément dévoré son nouveau roman le temps d’un trajet en TGV entre Paris et Nancy, avec le monde qui ne tournait plus autour de moi.
J’ai ri, j’ai halluciné, j’ai eu de la peine et surtout j’ai accroché à ce roman même si, longtemps, il paraît être totalement décousu de sens. En effet, dans ce roman chorale, nous croisons chacun des personnages une seule fois – exception faite de la belle Victoire -. Ils semblent avoir un seul point commun, cette fameuse station d’autoroute. Il faut attendre la dernière page – et même le dernier paragraphe – pour que les pierres s’imbriquent et que tout prenne sens, je trouve ça explosif comme façon de faire.
C’est complètement perché comme roman. Parfois, j’ai eu l’impression qu’Adeline Dieudonné pouvait être une digne héritière de Tarantino. La plume est cinglante, tranchante, au scalpel. C’est acéré, on ne ressort pas indemne de ce roman qui explore la complexité et la noirceur de la nature humaine. Il y a un petit côté voyeurisme dans cette histoire, une phrase du type « je te vois » qui ressort de toutes les pages du roman. C’est glauque !
Ce livre à mi-chemin entre le roman et le recueil de nouvelles prouve encore une fois le talent d’Adeline Dieudonné et me laisse imaginer qu’elle nous promet de grandes et belles choses pour l’avenir !
On a tous nos petits secrets mais, rassurez-moi, vous ne planquez pas un cadavre dans votre coffre ?

J’avais aimé La vraie vie mais celui-ci ne me tente pas 😉
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Maintenant que tu le dis, c’est peut-être un cadavre qui pourri dans mon coffre ? 🤔😏
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