Chronique de Henri IV et la providence, de Simone Bertière.
« Henri parviendra à s’imposer. Le terrain est déblayé pour lui. Pour faire quoi ? Il est maintenant certain que sa mission n’est pas, comme en rêvait sa mère, de faire passer la France entière à la Réforme. La Providence a clairement montré, par le choix de ses victimes, qu’elle penche pour la paix – la paix civile et la coexistence entre les deux confessions. »
Simone Bertière, Henri IV et la providence, Éditions de Fallois, 2020, p. 118.
Motivations initiales
J’aime beaucoup les ouvrages de Simone Bertière. Je les trouve clairs et bien construits. Ici, impossible de ne pas craquer car l’historienne nous offre un bel ouvrage consacré à Henri IV.
Synopsis
1553 – 1610. De la rencontre des parents de celui qui deviendra Henri IV, à sa mort sous la lame de Ravaillac. De cette page de l’Histoire de France, nombreux sont ceux qui ont retenu principalement le cheval blanc, la poule au pot, le fameux Ravaillac, et une série de conversions, au motif que « Paris vaut bien une messe ».
Mais Simone Bertière va, comme elle en a l’habitude, bien au-delà de cela. En plus d’analyser les démêlés historico-politico-religieux de l’époque, ce qui, naturellement, constitue déjà un sujet à part entière, elle explore la question de ce qui fait d’Henri IV ce personnage hors du commun. Est-il « l’homme providentiel » du moment ? Est-ce le hasard qui l’a amené là ? Ou est-ce une stratégie qu’en homme d’exception, il aurait mené ?
Avis
Simone Bertière nous offre ici un ouvrage qui n’est pas uniquement une de ces biographies qui listent des dates et des événements, constituant une sorte de catalogue froid – comme si une vie humaine pouvait se résumer à des dates et des faits. Au contraire, ce livre consacré à la vie – remarquablement tumultueuse – d’Henri IV est un ouvrage qui propose une véritable réflexion sur la personnalité du premier des Bourbons à occuper le trône de France et nous offre une analyse pointue, et pourtant abordable, sur le personnage.
Naturellement, pour rendre compréhensible et tenter de décrypter le personnage, il faut commencer par poser le cadre. Et quel cadre ! La situation politico-religieuse de l’époque en France est d’une redoutable complexité. La montée en tension des querelles religieuses, l’impossible conciliation entre catholiques et protestants, est pourtant décrite avec simplicité par l’auteure, mais sans renoncer à la précision. Et j’ai particulièrement apprécié la mise en lumière de personnages que l’on a pas l’habitude de croiser. Ainsi, le portrait que Simone Bertière fait de Marguerite de Valois – la reine Margot – est bien plus étoffé et incarné que ce que l’on a l’habitude de connaître !
Ce livre est vivant, l’ambition est grande, la plume est audacieuse et ça nous plonge en total immersion dans cette fin du XVIe siècle ô combien troublée. Simone Bertière est certes une historienne accomplie, mais elle est également une conteuse qui sait emmener avec elle ses lecteurs, et leur ouvrir en grand les portes de la monarchie française, même lorsque cela nécessite de rendre accessible des situations complexes et particulièrement sombres.
N’ayez crainte, ce livre n’est pas assommant et il peut tout à fait convenir aux non initiés ! Alors, vous êtes plutôt poule au pot ou cheval blanc, Givry ou Cheval-Blanc ?
