Chronique de Le chœur des dragons – T. 2 Le Nom de Toutes Choses, de Jenn Lyons.
« Une forme colossale ondulait dans les airs, les ailes déployées à la manière d’un oiseau surdimensionné. Le soleil couchant embrasait les contours de sa silhouette, sans parvenie à masquer le blanc chatoyant de sa peau. À observer les reflets opalins qui y dansaient, rehaussés de bleu et de violet, on aurait pu croire que la créature était faite de glace. Sa tête ressemblait à celle d’un serpent, mais jamais un tel animal n’aurait pu devenir si grand, ni fendre l’air sur des ailes si démesurées. »
Jenn Lyons, Le chœur des dragons – T. 2 Le Nom de Toutes Choses, Bragelonne, 2021, p. 186.
Motivations initiales
Le premier tome de cette série, l’un des premiers livres reçus dans le cadre de notre partenariat avec Bragelonne, posait les bases de cet univers construit de toutes pièces par Jenn Lyons, et dont on peut imaginer que l’adaptation en série devrait constituer un grand spectacle. Qu’allait donc nous offrir le deuxième tome ?
Synopsis
Après bien des péripéties, Kihrin D’Mon, que nous avions découvert dans le tome 1, s’est découvert une famille – et quelle famille -, un frère – et quel frère ! -, il a fréquenté des dieux, des dragons, il a frôlé la mort un nombre incalculable de fois. Torturé, réduit à l’esclavage, il a su se libérer de ses chaînes.
Pourtant, à l’orée de ce deuxième tome, le voilà en fuite, recherché par tout l’Empire. Dans une taverne, il rencontre Janel Theranon, et Frère Qown, clerc des Mystères Vishai. Il ne les connait pas, pense-t-il, pourtant, c’est bien lui qu’ils attendaient. Janel, elle, dit le connaître : ils se sont rencontrés… lorsqu’il était mort !
Et non seulement leur présence n’est pas due au hasard, mais ils l’attendent même pour le convaincre de les accompagner à Atrine, qui est sur le point d’être détruite par un dragon. Un dragon ? Décidément, la vie de Kihrin commence à être singulièrement riche en la matière. Après avoir rencontré Sharanakal dans le premier tome, le voilà obligé d’affronter Aeyan’arric, un dragon de glace, avant d’aller combattre Morios !
Pire encore, Janel et Qown ont fait en sorte que Relos Var, ennemi juré de Kihrin, soit de la partie. Comment tout cela peut-il se terminer, et quels sont les véritables enjeux ?
Avis
Le premier tome, je l’avais indiqué, était d’une lecture parfois un peu difficile, du fait de son contenu, pour le moins touffu, mais également du fait de la complexité du monde imaginé par Jenn Lyons, dans lequel on n’est jamais totalement sûr de savoir qui l’on a en face de soi, parce que les métamorphes peuvent voler une apparence, parce que la mort n’est pas forcément définitive, parce que de nombreux secrets masquent les liens de parentés réels.
Mais dans ce deuxième tome, Jenn Lyons semble avoir trouvé son rythme de croisière. La narration est également plus linéaire. En effet, même si elle conserve le principe de l’histoire racontée à deux voix – Kihrin et Serre dans le premier tome, Janel et Qown dans le deuxième, ici elle est pour l’essentiel chronologiquement linéaire. Naturellement, cela simplifie les choses, ce que l’on apprend dans un chapitre étant moins régulièrement remis en question dès le chapitre suivant !
Certes, on conserve la richesse de l’univers, avec ses personnages multiples – 8 dieux, 9 dragons, 9 colonies et leurs peuples, toute une collection de familles royales… Mais comme la trame narrative est moins bousculée que dans le premier opus, on s’y retrouve bien plus facilement.
Et puis ! Le tour de force de l’auteure, c’est, dans ce maelström d’histoires, de ne pas lâcher ses personnages. On découvre, dans ce deuxième tome, de façon plus approfondie certains de ceux qui hantaient déjà le premier tome. Ils gagnent en épaisseur. Et, surtout, Jenn Lyons les fait gagner en nuances. Il y a des méchants vraiment méchants ; des gentils vraiment gentils ; mais aussi des gentils pas si gentils et des méchants dont les motivations ne sont pas si mauvaises. Et tout cela, on le découvre au fur et à mesure, dans une progression magistralement dosée.
Bref, à la fin de ce deuxième tome, la seule certitude que l’on ait véritablement, c’est que l’auteure n’a probablement pas fini de nous balader. Il est probable que quelques sérieux retournements de situation nous guettent encore pour le tome 3, et ne parlons pas du tome 4 qui clôturera la série. Mais il y a encore plus de maîtrise dans ce numéro 2, et cela fait de cette série une vraie réussite.
Alors, à quand la parution en français du tome 3 ?
