Chronique de Les temps ultramodernes, de Laurent Genefort.
« La laque noire du véhicule avait des luisances de scarabée. Comme de gros coléoptères qui bourdonnent dans les hauteurs. Renée ne se rappelait plus où elle avait lu cette comparaison, mais elle n’aurait su mieux l’exprimer. Les roues, plus petites que les voitures terrestres, donnaient l’impression de s’être atrophiées selon un processus d’évolution naturelle. Certaines voitures volantes n’en possédaient même plus, et atterrissaient sur des patins enrobés de caoutchouc. »
Laurent Genefort, Les temps ultramodernes, Éditions Albin Michel, 2022, p. 54.
Motivations initiales
Dans cette belle collection Albin Michel Imaginaire, avec ses covers qui attirent l’œil, ce livre de Laurent Genefort donnait bien envie. Merci aux équipes d’Albin Michel pour nous avoir donné l’occasion de le découvrir !
Synopsis
L’auteur nous propose de suivre le fil de six histoires distinctes – au début, du moins, le principe étant naturellement que ces six fils narratifs vont progressivement se rejoindre, formant la trame du roman -. On suit ainsi, dans ces années 20 uchroniques, Renée Manadier, institutrice contrainte par la fermeture de sa classe de « monter à Paris » pour espérer retrouver un emploi ; Georges Moinel, artiste qui espère trouver le succès ; Maurice Peretti, un policier de la vieille école, proche de la retraite ; Marcel Chery, un médecin sans scrupules, bouffi d’idées eugéniques ; Marthe Antin, une journaliste qui n’a pas froid aux yeux ; et des martiens, notamment Aknood et Ogloor.
Par rapport au monde que nous connaissons, tout a été bousculé par la découverte, puis par la crise, de la cavorite. Ce métal présente une caractéristique inouïe : il permet de faire voler automobiles, paquebots… Mais Marie Curie a également découvert que ces propriétés ne durent pas, provoquant une crise qui voit les empires occidentaux se battre pour récupérer les derniers stocks.
Avis
Deux des composantes principales de ce roman me séduisent particulièrement : l’uchronie et les univers steampunk.
Les uchronies, parce qu’elles sont l’occasion de rappeler que, parfois, les événements se jouent sur rien et qu’il peut suffire de pas grand chose pour que les conséquences soient, elles, majeures. On peut se rappeler d’Éric-Emmanuel Schmitt mettant en parallèle l’histoire que nous connaissons et celle d’un monde dans lequel Adolf H. aurait été pris à l’École des Beaux-Arts de Vienne, évitant au monde l’Holocauste.
Le steampunk parce que cette façon de représenter, de comprendre, de symboliser la part « industrielle » mais à la fois très « romantique » du monde est vraiment intéressante, et pas uniquement d’un point de vue strictement esthétique.
Pourtant, alors que tout semblait réuni pour que ce livre me parle, je n’ai pas totalement adhéré. Et j’ai du mal à définir exactement ce qui a amené à cette situation.
Est-ce le côté un peu artificiel (ou qui m’a semblé tel) du chapitrage ? En effet, jusqu’au chapitre 39, les chapitres s’enchaînent dans un ordre fixe : un chapitre consacré à la cavorite (qui permet de donner le cadre, le contexte, et de poser le décor), suivi d’un chapitre consacré à Renée, puis à Georges, puis à Maurice, puis à Marcel. Et il faut attendre le chapitre 39 pour voir un chapitre mettant en scène Marthe, le suivant Aknood, au chapitre 43, Louis d’Azay et Ogloor au chapitre 55.
Pourtant, l’histoire est plutôt bien fichue, en réalité. Mais on reste presque sur sa faim, la résolution paraissant plutôt « facile », alors que les adversaires auxquels s’attaquent les protagonistes semblent être de nature à offrir une résistance bien plus sérieuse.
Ce n’était pas un livre pour moi, mais il est clair qu’il a trouvé son public. N’hésitez pas à venir nous dire ce que vous en avez pensé !

Pas pour moi non plus 🙂
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Pas pour moi non plus mais c’est vrai que j’en avais lu beaucoup de bien.
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