« La sanction de la visite de travail. »
Ryôsuke Tomoe, Museum, T.1, Pika édition, 2017, p.179.
Motivations initiales
En ouvrant ce blog, nous avions décidé de mettre en ligne de nombreuses chroniques pour donner envie aux visiteurs d’ouvrir des livres. Mais nous avions également décidé nous-même d’explorer de nouveaux horizons et pour nous deux les mangas sont une nouveauté ! Enfin, le résumé de cette série m’a vraiment donné envie : du sang, de la peur, de l’inhumanité… Un bon moment au plus profond de la noirceur se profilait !
Synopsis
Une série de meurtres horribles : une femme dévorée par des chiens, un homme découpé par petits morceaux – le but étant de parvenir à un poids de 3,280kg avec les morceaux ! -… Un seul indice, un seul petit indice : sur chaque scène de crime, on retrouve un message, un message qui ressemble étrangement à une sanction. Quel est le lien entre ces meurtres ? Pour les enquêteurs – un lieutenant et son sergent -c’est déjà une première énigme à éclaircir !
Le lieutenant Sawamura, bon flic, est un homme totalement dévoué à son travail, au détriment de sa vie de famille. Pendant cette enquête, sa femme et son fils quittent le domicile conjugal et depuis, il n’arrive pas à les joindre, personne ne sait où ils sont partis…
Fabulation ou vérité, le lieutenant commence à se demander si sa femme et son enfant ne sont pas en danger… En danger de mort même…
La série
Dernier tome paru : le tome 2. Le tome 3 est annoncé pour octobre 2017. Une chronique sera consacrée à la série complète.
Avis
> L’avis de C
Un manga ! J’ai lu un manga ! Décidément cet été, c’est l’été des changements et des nouveautés dans ma vie ! Les mangas pour moi ce sont des livres pour jeunes adolescents. Des ados qui aiment Naruto, One Piece… Bref, encore une fois, la surprise est au rendez-vous : se rendre compte de la diversité du monde des mangas.
La couverture noire de ce tome a attiré mon attention, et quand on a lu la critique ultra-positive de nos libraires, je me suis dit que c’était le moment de se lancer…
Alors certes, ce ne fut pas très évident – j’ai même demandé à mon jeune frère si on commençait bien par la fin, je pense qu’il s’est demandé si je venais d’une autre galaxie face à mon ignorance ! -. L’intérieur du livre m’a aussi déboussolé, je n’avais encore jamais lu une BD avec uniquement des illustrations en noir et blanc.
Mais assez de discours, mon avis maintenant !
Les dessins sont d’une grande qualité, ils sont très précis, très noirs et jamais gore pour autant ! Mais ils font leur effet, le cœur palpite au fur et à mesure que l’on tourne les pages…
Les personnages sont humains, on nous les montre sans chichi avec leurs faiblesses. On s’attache au jeune sergent qui ne supporte pas la vue du sang ; on ne peut que partager la détresse de la femme du lieutenant, qui certes quitte le domicile conjugal, mais après avoir essayé, des mois durant, d’attirer son attention sur le fait qu’elle ne supporte plus qu’il les néglige autant ; lui, de son côté, est tellement investi dans son travail qu’il est difficile de lui reprocher de se battre autant pour faire éclater la vérité, mais on ne peut s’étonner qu’il en paye finalement le prix.
Les pages défilent à toute vitesse, on est emporté dans une visite du musée des horreurs. Bref, un tome noir, un tome qui nous fait monter l’adrénaline, un tome qui nous met en appétit pour la suite de la série – mini-série en trois tomes en plus, un sacré atout ! -. Je n’ai qu’une hâte, me procurer la suite !
Attention quand même à ne pas mettre ce manga entre toutes les mains : âmes sensibles s’abstenir !
> L’avis de T
Un manga, ça, pour le coup, c’est une nouveauté pour moi ! Et c’est très déroutant, il faut bien le dire : c’est réellement de l’ordre du choc culturel.
Effectivement, il faut une bonne dizaine de pages pour commencer à ne plus être dérangé par la structure même du livre. Commencer par la fin, ok, mais du coup, au début, on n’arrive pas bien à savoir dans quel sens attaquer la lecture ! On comprend vite (mais j’ai vérifié plusieurs fois, quand même, pour être sûr) qu’il faut lire d’abord les pages de droite, ça, ok. Mais même sur une page donnée, parfois on se demande s’il faut commencer en haut à droite, en haut à gauche, par en bas… Bref, c’est troublant.
Ensuite, les dessins. J’accroche pas. Là encore, je ne sais pas si c’est culturel, mais dans pratiquement chaque vignette, il y a des « signes » – je ne sais pas comment les désigner autrement -, qui semblent donner des éléments sur l’ambiance sonore. En tout cas, c’est comme cela que je l’ai interprété, mais sans certitude. Et ça m’a parasité dans la lecture. Mais, en même temps, bien que je n’ai jamais eu l’occasion d’aller en Asie, c’est un peu comme cela qu’on imagine les villes, grouillantes, bruyantes, en perpétuel agitation.
Sinon, sur les dessins toujours, j’ai modérément accroché. Voilà, c’est pas totalement mon truc, ce dessin très épuré, presque à la serpe. Ca me donne l’impression que ça déforme les corps, les espaces, ou, au moins, leur perception.
Par contre, le scénario est absolument TOP ! Précis, net, efficace, intelligent. Une sorte de resucée de Seven, chacun est puni par où il a péché, mais sans la vision religieuse. La violence est évidemment omniprésente (tous ces meurtres bien gore en 220 pages, quand même !), mais elle n’écrase pas tout le reste. La dimension psychologique des personnages est bien mise en lumière, progressivement creusée (bon, surtout pour le lieutenant, quand même : du sergent, on sait essentiellement qu’il n’a pas l’estomac trop bien accroché !) .
Alors, je recommande vraiment chaudement cette lecture à celles et ceux qui ne sont pas rebutés par le découpage d’oreilles à la scie à main, et j’attends la suite avec impatience (le tome 2 est déjà dans la PAL…).
1 réflexion au sujet de “Museum – Killing in the rain – T. 1”