Historiques, Thrillers

Le mystère Jérôme Bosch

« Quelque chose d’indéfinissable dans le visage de l’homme mettait Petronius mal à l’aise. Sa figure aux traits fins lui paraissaient trop ronde, trop lisse, trop régulière. Même l’odeur qu’il exhalait était troublante. Sans pouvoir en expliquer la raison, le jeune peintre avait l’étrange sentiment qu’il ne pouvait pas se fier à ses yeux. »

Peter Dempf, Le mystère Jérôme Bosch, le cherche midi, 2017, p. 75.

Motivations initiales

Deuxième livre qui nous a été envoyé dans le cadre de la « team thriller » du cherche midi éditeur, Le mystère Jérôme Bosch est, dès le premier regard, un bel objet. Sa couverture reprend un tableau de Jérôme Bosch, la sur-couverture le met très joliment en valeur. Pourvu que le contenu soit aussi attirant que le contenant !

Synopsis

On suit en parallèle deux histoires, liée par-delà le cours du temps.

La première histoire se déroule à Bois-le Duc (‘s-Hertogenbosch, en néerlandais), en 1510, période à laquelle Jérôme Bosch peint son triptyque, Le jardin des délices. Petronius Oris, un peintre originaire d’Augsbourg, arrive dans la ville avec l’espoir de travailler auprès de Bosch, muni de lettres de recommandations de ses maîtres précédents. Là, il va rejoindre l’atelier, alors que l’Inquisition, menée par le père Jean Baerle s’acharne à extirper le mal de la ville… au nombre duquel il compte les peintres !

La seconde histoire prend place au sein de l’atelier de restauration du musée de Prado, en 2013, où le triptyque a été transporté après qu’un prêtre, probablement déséquilibré, ait jeté de l’acide dessus. Mickael Keie, avec l’aide son collègue Antonio de Nebrija, érudit mais fantasque, est chargé de remettre le tableau en état. Mais l’ecclésiastique refuse d’expliquer son geste, car il refuse de parler à des femmes. Grit Vanderwerf, sa psychiatre, demande l’aide de Keie. Apparait alors le fait que son patient, connu sous le nom de père Baerle, a choisi cette appellation en l’honneur de l’inquisiteur du XVIe siècle…

De quelle lutte autour du triptyque la dégradation en 2013 est-elle le dernier avatar ? Quel message se cache derrière ou dans ce tableau ?

Avis

> L’avis de C

J’avais quelques appréhensions avant d’entamer ma lecture. La première est que les romans avec un fond historique me font toujours un peu peur : entre ceux qui prennent trop de liberté et ceux qui sont trop réalistes, la marge est ténue ! Deuxième appréhension, les alternances de temps – ici entre notre époque et le XVIe siècle -, bien souvent ça me casse dans ma lecture.

Mais avec Le mystère Jérôme Bosch rien de tout cela ! Quelle bonne surprise ! Je partage l’avis de T, très rapidement, après une dizaine de pages, on est dans l’histoire, on rentre dans le roman sans souci ! Ici, l’alternance des temps est très bien faite, l’auteur nous fait voyager d’une époque à l’autre avec une facilité ahurissante.

Coté écriture, c’est très fluide. Même si l’écriture est très descriptive et visuelle, ce n’est pas barbant, au contraire ça nous emporte encore plus facilement au milieu de l’intrigue !

Côté histoire, petit bémol… Le voyage entre les deux époque est très bien fait mais, il y a un mais ! J’ai vraiment aimé l’intrigue de 1510 – qui a la part la plus importante dans le roman – sincèrement, je trouve que les personnages – un coup de cœur pour Petronius – sont très travaillés, les émotions sont là pour le lecteur, l’intrigue est vraiment présente… Mais pour l’histoire se déroulant au Prado en 2013, j’ai beaucoup moins accroché, je trouve que l’intrigue est moins intéressante, les personnages moins creusés – peu attachants selon moi -. Bien sûr, les deux intrigues sont liées mais pour ma part celle de 1510 m’a emballé !

Et puis, il faut souligner le travail réalisé par la maison d’édition au niveau de la cover – qui a son importance et son utilité – c’est brillant comme idée !

Bref, c’est une excellente surprise ! Même si il y a des légers bémols, on passe un bon moment grâce à Peter Dempf, on ne reste pas au bord du chemin ! Une lecture que je conseille aux amateurs d’art et d’histoire et de thriller.

> L’avis de T

Avant de commencer ce livre, j’avais autant d’impatience que d’appréhension. En effet, ce type d’histoire est exactement ce que j’aime, mais… forcément, avec le synopsis, on pense au livre d’Arturo Perez-Reverte, Le tableau du maître flamand, qui est d’ailleurs une référence rappelée sur la quatrième de couverture. Or, quand j’ai lu ce livre, il y a longtemps (et je ne l’ai pas relu, et pour cause), j’avais été profondément déçu. Autant l’histoire était plutôt bien ficelée, autant j’avais eu l’impression d’une fin bâclée : si je ne me souviens plus des détails, j’avais eu le sentiment que l’auteur ne savait pas comment donner des réponses à toutes les questions qu’il avait lui-même soulevé. Et je craignais un peu de voir l’histoire se répéter avec Le mystère Jérôme Bosch. C’est d’ailleurs toujours le risque lorsque, dans l’accroche d’un livre, on fait référence à d’autres ouvrages (pour ma part, je préfère que l’on ne cherche pas à me donner trop de références, qui sont en réalité essentiellement une accroche marketing – petite remarque à destination du cherche midi !).

On entre très vite dans le livre : de mémoire, dès la page 12, j’étais dedans. Et la façon d’amener la partie historique de l’histoire m’a semblée très fluide. J’ai très rapidement accroché au personnage de Petronius. Le mystère qui entourent les personnages de Zita, de Jérôme Bosch, de Jacob Von Almaengien accompagne bien la progression de la narration.

Même si la fin du livre laisse en suspens un certain nombre de question – l’auteur l’écrit d’ailleurs : page 432, à 10 pages de la fin du livre, il fait dire à Antonio de Nebrija « … mes questions restent sans réponse », des réponses qui ne figurent pas dans les pages qui restent – ce n’est pas, et de loin, aussi frustrant que chez Arturo Perez-Reverte !

En revanche, je me demande s’il s’agit véritablement d’un thriller. Même si on a droit à quelques scènes de torture, même s’il y a plusieurs meurtres, je n’ai pas totalement le sentiment d’avoir lu un thriller. Car l’enjeu du livre n’est pas la résolution de ces meurtres, mais plutôt l’histoire du tableau. C’est donc, de mon point de vue, davantage une énigme historique qu’un thriller. Mais, au total, ce qui compte, c’est de savoir ce qu’il en est de la lecture, non ?

La partie historique est parfaitement à mon goût. On apprend des choses sur la façon de voir les choses à l’époque, sur la façon dont l’inquisition fonctionnait, mais aussi sur la vie courante… Mais, surtout, ce que j’ai trouvé particulièrement intéressant, c’est ce que je considère être le message principal du livre, réflexion sur la place de la femme dans nos sociétés. Il s’agit, en plus, d’un sujet d’actualité, et qui bénéficie, dans cet ouvrage, d’une approche plutôt originale.

Bref, j’ai passé un excellent moment de lecture ! Je recommande ce livre à tous ceux qui apprécient les énigmes historiques !

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2 réflexions au sujet de “Le mystère Jérôme Bosch”

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