Heroic fantasy, Prix littéraires, Roman noir

Le baiser du rasoir

« – Salutations, jeune homme.

Le Héron avait doté son gardien d’une voix incongrue pour son rôle, plus légère et amicale qu’on s’y serait attendu, vu la nature de la créature. Ses yeux de pierre me jaugèrent avec lenteur de la tête aux pieds. »

Daniel Polansky, Le baiser du rasoir, Folio SF, 2013, p. 58.

Motivations initiales

Parfois, en découvrant un livre chez votre libraire, vous vous dites « tiens, il pourrait plaire à untel ou unetelle ». C’est ce qui s’est passé avec celui-ci : en lisant la quatrième de couverture, une moitié de Ô Grimoire s’est dit que cela pourrait plaire à l’autre moitié. Du coup, le livre a pris la direction de notre PAL, pour en ressortir en ce mois d’août…

Synopsis

Prévôt, le narrateur, règne sur le quartier de Basse-Fosse : il y contrôle tous les trafics, drogue, prostitution, meurtres… Mais il n’a pas toujours été ce truand craint et respecté, il a été soldat, puis agent de Maison-Noire, qui assure la police de la cité. Mais son insoumission lui a valu d’être renvoyé, non sans s’être fait quelques solides ennemis.

Le centre de son trafic c’est Le Comte qui titube, une taverne tenue par Adolphus, ancien compagnon d’armes, et sa femme, Adeline, où il a ses quartiers.

Mais un jour, brisant la routine – qui consiste essentiellement à surveiller ses concurrents, à briser quelques velléités de concurrence et à livrer ses clients en diverses drogues exotiques, comme du souffle de farfadet ou du cep de rêve -, une fillette du quartier est retrouvée morte. Quelques bizarreries l’amènent à soupçonner que l’affaire est davantage qu’un crime crapuleux. Et, rapidement, il se voit contraint de mener l’enquête… pour mettre à jour un véritable complot, associant magie, créature issue du néant, meurtres rituels d’enfants. Mais quel est véritablement l’enjeu ?

L’intrigue va l’amener à fréquenter La lame qui sourit, un des nobles du royaume, mais également à retrouver le Héron bleu, mage protecteur de la cité, qui tient à distance la Fièvre rouge, maladie qui a failli décimer la ville vingt ans plus tôt.

Ce livre, lors de sa sortie, a été récompensé par le prix Imaginales 2012 du meilleur roman étranger de fantasy.

Avis

> L’avis de T

Ainsi que l’indique la quatrième de couverture, ce roman associe les codes de deux genres : le médiéval fantastique, d’une part, et le roman noir, d’autre part. Et, autant le dire tout de suite, l’association des deux est ici pertinente et réussie !

Le personnage de Prévôt est un de ces personnages comme on les aime. Pas très recommandable, impliqué dans de nombreux trafics pas jolis-jolis, et visiblement prêt à détourner le regard quand l’efficacité le recommande. Bref, pas quelqu’un à qui on aurait envie de confier ses intérêts…

Pourtant, il se trouve rapidement contraint de s’impliquer plus qu’il ne l’aurait souhaité initialement dans ces disparitions d’enfants. Et on découvre alors un personnage bien plus complexe… bien plus humain ! En effet, lorsqu’il est obligé de renoncer au cynisme, on découvre chez Prévôt des cassures qui le rendent bien plus attachant.

De son métier de soldat, il a gardé l’habitude de se battre ; de son passé d’enquêteur, il a conservé la capacité à mener des investigations ; de sa vie de truand, il tire une connaissance des réseaux et des fonctionnements dans la cité. De sa jeunesse, enfin, il garde un lien avec le Héron Bleu, le protecteur de la cité, et avec Célia, son apprentie, qu’il lui avait présenté vingt ans plus tôt.

L’intrigue est plutôt bien construite – un seul bémol : j’ai deviné le principal élément de la chute à la moitié du livre, alors que tout semble fait pour conserver la surprise -, elle est plutôt maligne. Et la partie qui se rattache au genre médiéval fantastique est bien mis en scène.

Bref, ce livre mérite vraiment le coup d’œil. Les deux seules conditions sont naturellement de ne pas avoir le poil qui se hérisse face à la fantasy, et d’apprécier les romans noirs. Mais si c’est votre cas, alors aucune hésitation à avoir !

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1 réflexion au sujet de “Le baiser du rasoir”

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