« Contrairement à une légende tenace, Dom Pérignon n’a donc absolument rien à voir avec l’invention du champagne moderne, le champagne effervescent. En revanche, son apport en matière de vinification est immense, puisqu’il invente une méthode utilisée aujourd’hui dans le monde entier : l’assemblage. »
Benoist Simmat, Daniel Casanave, L’incroyable histoire du vin, Les Arènes, 2018, p. 180.
Motivations initiales
Sachant qu’il y a des amateurs de vin à la maison, cette bande dessinée avait peu de chances de passer inaperçu… et elle ne l’a effectivement pas fait. Du coup, nous avons interrogé nos interlocuteurs aux Arènes, et ils nous ont gentiment envoyé ces épreuves…
Synopsis
Le sous-titre dit tout : « de la Préhistoire à nos jours, 10 000 ans d’aventure » ! Et, en effet, l’idée est de balayer toute l’histoire de la vigne et du vin. Dans la Bible, elle apparait avec Noé, qui, dès sa sortie de l’arche, se met à cultiver la vigne, et, dès la récolte, à vinifier les raisins. Noé est d’ailleurs également le premier, d’après l’Ancien Testament, à s’enivrer, illustrant par là le lien très fort existant entre vin, ivresse, relation aux dieux, sacré.
Ainsi, en dix chapitres, on retrouve – ou on découvre – l’histoire de cette boisson qui marque profondément notre vie quotidienne, depuis le néolithique jusqu’au début du XXIe siècle.
Le premier chapitre s’intéresse au début de cette histoire, tel que les archéologues l’ont reconstitué, au Moyen-Orient et dans le Caucase, puis son arrivée en Égypte. Le second chapitre décrit la façon dont les Grecs, puis les Romains, se sont emparés de cette boisson et en ont fait un moyen de communication entre hommes et dieux. Puis les auteurs se sont préoccupés de la façon dont « nos ancêtres, les gaulois », ont vu arriver la vigne et le vin, essentiellement au sud de Lyon, et en Narbonnaise, avant que, du IIIe au Ve siècle, le vignoble ne gagne les grandes zones de production que nous connaissons encore aujourd’hui. Le quatrième chapitre traite des relations complexes au vin de l’Orient. Le cinquième chapitre rappelle comment les évêques européens deviennent en réalité les premiers vignerons de leur temps, le vin, identifié pendant la messe au sang du Christ, devenant un élément central du dogme. Le chapitre suivant décrypte le « paradoxe de l’Islam », avec un discours de plus en plus hostile au vin, jusqu’à l’interdire, pour en faire l’une des récompenses accordée dans la vie éternelle… constituant de fait la première tentative de prohibition de l’histoire… avec un succès d’autant plus mitigé que le vin reste un produit de consommation qui rapporte des sommes importants aux dirigeants musulmans. On poursuit l’exploration avec les temps déodaux (dans le septième chapitre), puis avec la période des grandes découvertes (huitième chapitre), qui voit l’explosion du commerce du vin, grâce à l’invention de la bouteille en verre, à la fois résistante et facile à transporter. On retrouve dans ce chapitre Dom Pérignon, dont on apprend que non seulement il n’a pas inventé la méthode champenoise, mais bien qu’il n’appréciait que très modérément l’invention de la double fermentation par les britanniques… Reste à découvrir, dans le neuvième chapitre, la façon dont la vigne a alors conquis le Nouveau-Monde, mais également l’Australie. Enfin, on termine, au dixième chapitre, avec l’apparition, au XXe siècle, de la notion de terroir.
Avis
> L’avis de T
Il faut avant tout souligner que l’on n’est pas tous les jours accompagné par Bacchus pour une découverte de l’histoire de la vigne et du vin. C’est donc en bien bonne compagnie que l’on parcourt cette bande dessinée !
Visiblement, les auteurs ont effectué un travail de recherche et de documentation important, comme en témoigne la bibliographie qui conclut l’ouvrage. Et j’ai d’autant plus apprécié que, aimant le vin et ayant habité un temps en Champagne, je continuais à croire que Dom Pérignon avait inventé la champagnisation ! Honte à moi… C’est sans doute parce que cela m’a frappé que je reviens pour la troisième fois sur le sujet…
Bref, on apprend, on s’amuse, on sourit, on découvre des dimensions du vin qui ne sont pas évidentes… Bref, on a tout à gagner à déguster cette bande dessinée grand cru, et, pourquoi pas, à l’accompagner d’un petit godet ! On imagine d’ailleurs bien les coffrets de Noël, associant la BD et une bonne bouteille.
Alors : à votre santé ! En plus, aucune modération n’est nécessaire…
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