« Nivelles avait l’attractivité d’un sanatorium mais exerçait sur ses habitants un étrange pouvoir de séquestration : les enfants qui y avaient poussé y revenaient tous un jour. »
Myriam Leroy, Ariane, Don Quichotte éditions, 2018, p. 23.
Motivations initiales
Ayant la chance de faire partie du jury du Prix 2019 du meilleur roman des lecteurs de POINTS, nous avons reçu tous les livres de la sélection, dont celui-ci.
Douzième lecture, douzième chronique.
Synopsis
La narratrice a douze ans quand ses parents l’inscrivent dans l’école où vont les enfants du quartier huppé de la ville. Issue d’une famille modeste, de parents catholiques, elle est complexée, pas à l’aise avec elle-même : elle ne connait pas les codes, et est suffisamment intelligente pour s’en rendre compte.
Pourtant, elle devient l’amie d’Ariane. Belle, sûre d’elle-même, elle est celle qui fait la pluie et le beau temps dans le groupe. Mais elle est surtout toxique, vénéneuse : jolie fleur, certes, mais empoisonnée. Adolescente, elle est déjà très consciente de ce que sa beauté peut lui permettre d’obtenir des hommes, même si elle n’en mesure pas le prix. Elle se vante de coucher avec son demi-frère, séduit les hommes pour les voler dans les soirées… Bref, une peste, uniquement préoccupée de sa petite personne.
Pour la narratrice, c’est la découverte d’un monde qu’elle ignorait jusque-là. Mais dont, on le sent vite, il ne peut rien sortir de bon…
Avis
> L’avis de T
Ce livre devrait être de ceux que l’on adore ou que l’on déteste, sans demi-mesures, sans entre deux. Pourtant, je n’ai ni aimé ni détesté. J’ai ressenti essentiellement de l’indifférence : je suis donc clairement passé à côté de ce livre.
On sait que l’adolescence est une période qui peut être d’une grande brutalité. Et c’est le cas pour cette jeune fille. Elle déteste la ville où elle vit, le milieu dont elle est issue, elle rejette ses parents et la vie qu’ils ont choisi. Elle est mal à l’aise dans sa vie, dans son corps, dans sa tête d’adolescente. Alors, quand elle découvre Ariane, elle rêve de lui ressembler, d’avoir l’air autant à son aise partout, même son côté déluré lui semble séduisant. Mais elle découvre petit à petit une Ariane malsaine, toxique. Bien qu’elle ne puisse pas démêler entièrement la réalité du mensonge, elle comprend vite que l’ambiance hyper-sexualisé dans laquelle baigne Ariane chez elle est problématique. Et, surtout, elle se retrouve finalement confrontée à l’infinie perversité de cette « pauvre petite fille riche » qui semble n’avoir d’autre centre d’intérêt dans le vie que de faire du mal aux autres.
C’est cru, c’est violent, c’est malsain. Mais, surtout, cela ne me laisse aucune trace. Or, pour moi, un livre, s’il est réussi, laisse des marques, positives ou négatives. On adhère ou on rejette. Là, rien. Encéphalogramme plat, pour ma part. Passage à côté…