Aventures, Roman

Les buveurs de lumière

« C’est un désir idiot et, en dehors de ça, son esprit est toujours à demi tourné vers une femme qui cire la lune. Il a envie de l’embrasser. C’est également une idée stupide mais elle est plus réelle que ces déchets de matière noire que le chagrin remonte dans des seaux de cuivre. À un certain stade il doit y avoir, ce serait juste, un point final. »

Jenni Fagan, Les buveurs de lumière, Éditions Points, 2019, p. 109.

Motivations initialesBannière fb PMR 2018

Ayant la chance de faire partie du jury du Prix 2019 du meilleur roman des lecteurs de POINTS, nous avons reçu tous les livres de la sélection, dont celui-ci.

Treizième lecture, treizième chronique.

Synopsis

Dylan a toujours vécu dans le cinéma que sa mère, Vivienne, et, avant elle, sa grand-mère, Gunn, ont tenu pendant soixante ans. Mais elles sont mortes toutes les deux, à six mois d’intervalle, et il est sur le point d’être expulsé. Pendant ce temps, le monde court à sa fin : les calottes polaires fondent, la salinité des océans baisse, on attend des températures de -40, voire -50 pour l’hiver…

Que va faire Dylan ? Il va prendre la direction de Clachan Fells, où sa mère a acheté une caravane. Sans que cela figure dans les livres de compte, afin qu’elle ne puisse pas être saisie !

Alors que la survie devient un exercice difficile – les autorités multiplient les messages d’alerte, car on s’attend à devoir déplorer de nombreux morts de froid, par simple maladresse -, l’urgence de vivre prend le dessus…

Avis

> L’avis de T

Ce livre est très curieux. Il s’agit de science-fiction – il y a trois soleils dans le ciel, l’hiver qui approche risque d’être le dernier, l’humanité n’a pas su s’empêcher elle-même de détruire la planète -, mais ce n’est en réalité pas le sujet principal. Ce n’est que le décor !

Le vrai sujet, du moins tel que je l’ai reçu, c’est plutôt l’humanité. Confrontée au pire – ici, le risque de la fin du monde, rien de moins -, on retrouve certaines attitudes classiques. Certains se regroupent, pour affronter ensemble, faire encore la fête autour d’un feu de joie, partager un verre de gin, pendant que d’autres se replient sur eux-mêmes et ne se préoccupent plus que de leurs besoins propres. Certains vont vers l’individualisme, d’autres vers l’altruisme. Et peut-on anticiper cela ? Sait-on sur quelle base l’un va dans un sens alors que d’autres vont à l’opposé ? Eh bien, non…

En revanche, le titre du roman reste pour moi assez obscur. Les fameux buveurs de lumière, dont il me semble qu’ils apparaissent une ou deux fois dans le livre, ne semblent pas y jouer un rôle très particulier, ou alors je n’ai pas compris lequel.

L’écriture elle-même est particulière. La citation choisie pour débuter cette chronique est assez éclairante de ce point de vue : les images sont fortes, mais laissent une très large part à l’imagination. Il n’est pas sûr que tout le monde se représente de la même manière une « femme qui cire la lune » ou des « déchets de matière noire » dans des seaux de cuivre. Cela peut être un avantage ou un inconvénient : lorsque l’image que se forge le lecteur est riche, la lecture en est d’autant meilleure, mais pour peu que l’inverse se produise, cela réduit d’autant le plaisir de lecture.

Pour ma part, j’ai été plutôt sensible à ce livre. Mais je pense qu’il s’agit d’une expérience de lecture très individuelle…

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