Aventures, Bandes dessinées, Historiques

Karolus Magnus – T. 2 La Trahison de Brunhilde

Chronique de Karolus Magnus – T. 2 La Trahison de Brunhilde, de Jean-Claude Bartoll et Eon.

« L’heure est grave pour les vascons… Vous devez m’aider, déesse mère ! Mon peuple souffre de l’oppression du bâtard Irrumendi et les guerriers francs vont mettre nos montagnes à feu et à sang en allant conquérir les terres de nos frères du sud occupées par les sarrasins… Que puis-je faire ? »

Jean-Claude Bartoll et Eon, Karolus Magnus – T. 2 La Trahison de Brunhilde, Éditions Soleil, 2023, p. 14.

Motivations initiales

Ayant lu le tome 1, cette découverte nous avait laissés un peu sur notre faim, comme nous le signalions dans la chronique. Mais nous avions décidé de laisser une chance au tome 2. Il est donc temps de revenir sur ce 2e tome !

Synopsis

La situation ne s’améliore pas pour les Vascons. Artza, le descendant légitime du duc de Vasconie, est pris entre deux feux. D’un côté, les Francs, qui pénètrent dans ce qui n’est pas encore l’Espagne ; de l’autre, Irrumendi, son oncle et meurtrier de son père, qui entend bien s’emparer du trône. Son seul espoir, la Confrérie de l’Ours.

Pour les Francs, après la prise de Pampelune, il s’agit d’aller prendre Saragosse, dont Souleyman est censé leur ouvrir les portes, dans le cadre de la lutte farouche entre le calife de Bagdad, de la dynastie Abbasside, et l’émir de Cordoue, des Omeyaddes.

Mais les troupes franques trouvent porte close. Charlemagne envoie Brunhilde, sa missi dominici, tirer au clair la situation. Marwan ibn el Wisigotha, émissaire du calife abbasside, pour sa part, s’enfuie discrètement du camp franc. Qui a trahi ?

Avis

La lecture de ce second tome, malheureusement, confirme à la fois les qualités, mais également les travers de cette série. On retrouve le scénario complexe de cette campagne de Charlemagne en Espagne, à l’occasion de laquelle il affronte à la fois les Vascons et les « sarrasins », prenant part à l’opposition fratricide entre omeyaddes et abbassides, avec des acteurs locaux qui tentent d’en profiter pour tirer leur propre épingle du jeu. Les amateurs de la Chanson de Roland savent déjà comment tout cela va – mal – se terminer.

Mais, alors que la véritable histoire est déjà bien assez riche et complexe, pourquoi les auteurs de cette série ont-ils décidé de venir rajouter des éléments de leur cru, dont on peine à comprendre la raison. Nous avions déjà signalé, pour le tome 1, cette invention d’une femme missi dominici. Plus largement, c’est réellement la place des femmes dans cette histoire qui apparait éminemment discutable. En effet, les dessins créent un déséquilibre profond entre des hommes qui ont bien l’air médiévaux, et des femmes qui, généreusement gâtées par la nature, semblent passer 90% de leur temps nues, sous les tentes des guerriers. Bref, elles sont reléguées au rang de faire-valoir, uniquement destinées à satisfaire les désirs du roi, en priorité, et les fantasmes du dessinateur. Où, en effet, sont les femmes « normales », alors que l’on sait que les armées médiévales étaient largement suivies de colonnes de femmes, cantinières, lavandières, chargées également de dispenser les soins aux blessés et de s’occuper des bagages et, certes, pour un certain. nombre d’entre elles, d’assurer le « repos des guerriers ». Mais pourquoi ne sont-elles représentées ici que nues et sculpturales ?

Et puis – mais peut-être est-ce une erreur de ma part -, on nous dit que Waldo, abbé de Reichenau, est aux côtés de Charlemagne. Pourtant, autant on trouve des traces historiques de sa mission diplomatique à Constantinople en 802 – c’est à dire bien après les faits relatés ici, censés se dérouler en 778 -, autant nous n’avons trouvé aucune trace de sa participation à l’aventure hispanique. Pourquoi, alors, le citer alors que n’importe quel nom ou prénom aurait fait l’affaire ?

Bref, j’ai toujours ce sentiment, déjà connu lors de la lecture du premier tome, que ces ajouts fragilisent l’édifice plutôt que de le renforcer. Probablement s’agissait-il donc de notre dernière escapade en compagnie de Karolus Magnus…

Pour en savoir plus

Retrouvez la présentation de ce livre sur le site de l’éditeur.

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