Aventures, Heroic fantasy, Jeunesses

Triskell

Chronique de Triskell, d’Anbleizdu.

« Alaric lui tend alors un petit sac de cuir relié par un cordon. Léna l’ouvre délicatement et en sort un magnifique bracelet en cuir entièrement gravé, orné d’un triskell en argent avec une petite pierre verte au centre. Sur le cuir, de chaque côté, on peut voir un arbre finement représenté au milieu d’entrelacs celtiques. »

Anbleizdu, Triskell, Vert Pomme éditions, 2019, p. 42.

Motivations initiales

Triskell, voilà qui fleure bon les légendes celtiques, voire carrément arthuriennes. Alors quand ce livre a figuré dans la dernière Masse critique de Babélio, pourquoi ne pas le découvrir ?

Synopsis

Léna est au collège, en 4e, et habite à Angers. C’est la fin d’année. Sa meilleure amie s’appelle Lana, elle est la fille d’un riche industriel. Comme tous les ans, Léna va aller passer ses grandes vacances chez ses grands-parents, les parents de son père décédé dans un accident de voiture. Ils habitent en Bretagne, à côté de la forêt de Brocéliande.

Léna fait parfois de drôles de cauchemars, avec des druides, et, notamment, un certain Myrddin. Mais elle n’y prête pas vraiment attention. Et pour cause : elle ne sait pas encore que, dans sa famille, l’année de ses 13 ans, il se passe quelque chose de spécial. Quelque chose qui va lui ouvrir les portes d’un autre monde, dans lequel Myrddin, Yggdrasil et Yggdig ont une autre existence… mais également Angra Mainya. Et, en ce qui concerne ce dernier, c’est beaucoup moins sympa !

Léna parviendra-t-elle à sauver Yggdrasil – et le monde ? Saura-t-elle combattre le mal et affronter les mauvaises surprises que réserve la vie ?

Avis

> L’avis de T

Je n’ai rien contre les livres pour adolescents. J’ai lu plusieurs séries, dont j’ai pu parler ici ou non. Et je suis fan des légendes arthuriennes, donc tout devrait m’amener à trouver ce livre sympa.

Pourtant, je ne vais pas y aller par quatre chemins, il y a un mais. Et, pour moi, un gros mais !

Bon, vous l’aurez compris, le fil de l’histoire n’est pas forcément d’une infinie originalité, mais ce n’est pas un problème. J’ai dû lire quatre ou cinq versions des légendes arthuriennes : ce n’est donc pas la première que je lis une histoire de ce type, je connais à peu près le cadre, je n’attendais pas une surprise sur la trame de la narration.

L’idée d’une jeune fille qui découvre à 13 ans que, dans sa famille, pour diverses raisons, on se transmet un secret dans lequel la magie a à voir, très bien. J’ai déjà adoré cela dans Harry Potter, mais également dans L’héritage des rois-passeurs, de Manon Fargetton, pour ne citer que ces deux exemples. Jusque là, tout va bien.

Une fois que la révélation est faite, commence l’entraînement. Allez, supposons que, vraiment, Léna soit douée au point que, en quelques jours, elle maîtrise les arts du combat comme une vieille pro. Après tout, pourquoi pas. Là où certains rament – on peut penser à Ron dans Harry Potter… -, pour elle, c’est intuitif. Et en deux chapitre, c’est bon. Naturellement, elle n’est pas vraiment prête, mais bon, quand faut y aller, faut y aller. Et c’est parti pour la première défaite.

Tout est un peu rapide. On voudrait que ce soit un petit peu plus compliqué. Qu’il faille un peu plus d’efforts : il est assez rare, dans la vie, que les choses vous tombent toutes crues dans le bec, non ? Eh bien, là, c’est tout comme. Surtout dans un livre pour ados, parler un peu du sens de l’effort, cela pourrait pourtant avoir du sens – ok, disons que je sois réac, ce sera pire à la fin de cette chronique.

Parce qu’en effet, mon premier gros souci, c’est que Merlin nous est présenté comme franchement pas très futé. Certes, il dissimule les plans qui vont permettre de rejoindre Yggdrasil, l’arbre entre les mondes que les méchants veulent détruire – ils ont déjà réussi à sérieusement abîmer deux de ses trois racines. Mais (de la page 200 à la page 204), il détaille complaisamment à un personnage qui est censée n’être au courant de rien de toute cette magie l’ensemble de l’histoire et du combat historique qui se joue. Et, naturellement, ce personnage se trouve être contrôlé par le côté obscur de la Force ! Franchement, pour un type qui vit depuis quelques centaines d’années, c’est franchement limite !

Mais, surtout, ce qui me pose davantage un problème de fond, c’est l’idéologie quasiment politique qui transparait dans ce livre. D’autant qu’il s’adresse à des adolescents. Extrait (c’est Merlin qui parle, et les Assakus sont des démons, page 130) :

« – Ce n’est pas compliqué : les médias publics appartiennent aux gouvernements qui sont contrôlés par les Assakus depuis des décennies. Quant aux médias privés, ils appartiennent à des grands groupes industriels, contrôlés eux aussi par les Assakus. L’information est muselée et transformée sans vergogne.

– Mais pourtant, sur le net, il y a des infos qui filtrent.

– C’est vrai. Et c’est souvent le travail de gens comme ton père. Pendant longtemps, on a cru que la démocratisation d’internet allait changer les choses mais on avait tort. L’apparition des réseaux sociaux a tué cet espoir dans l’œuf. »

Participer à l’éducation politique des jeunes – parce que, la lecture, c’est évidemment aussi cela – avec du « tous pourris, les puissants, hommes politiques et patrons sont des démons, ou manipulés par eux », c’est tout de même assez caricatural. Et, autant j’aurais vraiment apprécié une réécriture « écologique » de ces légendes arthuriennes, un thème qui est abordé dans ce livre mais pas suffisamment creusé à mon goût, autant, là, je ne peux pas valider.

Bref, j’en reviens à mes propres lectures quand j’avais 13 ans : pourquoi ne pas plutôt redécouvrir la version des légendes arthuriennes de Mary Stewart, avec Le roi de lumière ?

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