Chronique de Le Ghetto intérieur, de Santiago H. Amigorena.
« En 1941, être juif était devenu, grâce à ceux qui cherchaient à les exterminer, la condition fondamentale de millions de personnes qui, comme Vicente, n’avaient jamais accordé une grande importance à cette caractérisation, à cette appartenance mi-religieuse, mi-ethnique, et trois quarts n’importe quoi. »
Santiago H. Amigorena, Le Ghetto intérieur, P.O.L, 2019, p. 72.
Motivations initiales
J’ai reçu ce livre dans le cadre du Grand Prix des Lectrices Elle 2020. J’avoue qu’en librairie, ce livre m’avait complètement échappé !
Synopsis
Vicente Rosenberg a quitté la Pologne en 1928 pour rejoindre l’Argentine. Il arrive seul dans ce pays, sa mère n’a pas voulu le suivre. Cinq ans plus tard, il rencontre la belle Rosita Szapire. Ils sont fous amoureux, se marient et ont trois beaux enfants.
Mais si en Argentine Vicente a une belle vie, il ignore les événements qui se déroulent en Europe. Il ignore tout de la montée du fascisme, des murs que l’on construit à Varsovie, des exécutions aléatoires que subissent les juifs polonais… Mais les lettres de sa mère, les journaux d’Europe lui ouvrent les yeux…
Vicente découvre avec horreur ce qu’être juif veut dire dans les années 40 et face à ces horribles événements il décide de se taire, de ne plus jamais parler et il commence à se laisser sombrer…
Avis
> L’avis de C
Ce livre est un vrai coup de cœur ! Je l’ai dévoré. Il parle d’un sujet extrêmement dur, il aborde la Shoah d’une façon assez différente de ce que l’on peut lire dans de nombreux romans.
Ici, la question tourne autour de la définition d’un individu, dans ce roman l’auteur tente de répondre à la question « qu’est-ce qu’être juif ? Doit-on se sentir juif ? » En effet, de nombreuses personnes sont juives car leur mère l’était mais comme ils ne pratiquent pas la religion, ils ne se sentent pas juifs. Sauf que lorsque les Nazis accèdent au pouvoir, il n’y a plus de demi-mesure : un juif est un juif, qu’il pratique ou qu’il ne pratique pas, que ses origines soient lointaines ou non…
L’auteur montre également que ces événement ont également fait des victimes collatérales, à l’image de Vicente qui souffre d’être l’un des survivants. Lui qui a si longtemps insisté pour que sa mère vienne en Argentine mais qui, devant ses refus, n’a pas insisté plus que ça, lorsqu’il comprend que sa mère est morte on a l’impression que lui aussi meurt à petit feu et qu’il ne veut plus vivre.
L’écriture est fluide et simple tout en étant très profonde et en secouant le lecteur. L’auteur effectue à travers ce roman un travail de mémoire puisqu’il nous parle de son grand-père Vicente et qu’il amène à se questionner sur l’identité, la culpabilité, le silence. Le roman est assez court mais il amène à une profonde réflexion de la part du lecteur.
Bref, je vous le conseille, une vraie pépite !