Chronique de J’irai tuer pour vous, Henri Lœvenbruck.
« L’homme ne devrait pas être dirigé par l’homme, mais par ses idées, ou ses idéaux. Et pour se forger des idées ou des idéaux, il faut s’instruire, apprendre, écouter, chercher, questionner, remettre tout en question à chaque instant, y compris ses propres convictions. »
Henri Lœvenbruck, J’irai tuer pour vous, Éditions J’ai Lu, 2019, p. 274.
Motivations initiales
Je crois que j’ai presque lu tout Lœvenbruck. Enfin, bon, tout ce qui est publié. Il me manque le dernier, Le loup des cordeliers, Gallica, et les deux bandes-dessinées. Mais sinon, j’ai dévoré Sérum et je fais partie de ceux qui espèrent encore, contre toute logique, une suite ; j’ai vibré avec les aventures d’Ari Mckenzie ; j’ai fait ma première sortie de biker avec Nous rêvions juste de liberté ; tout cela depuis qu’à sa sortie chez Bragelonne, j’avais dévoré les aventures d’Aléa, dans La Moïra… Alors, quand un livre de Monsieur Loevenbruck sort, il prend rapidement la direction de ma PAL !
Synopsis
Marc Masson est un drôle de personnage, militaire avant de déserter, garde du corps mercenaire avant de choisir de sauver une jeune fille et sa mère plutôt que son client pendant une mission, garde d’une mine d’or… Il manque de perdre la vie en fuyant à travers la jungle pour rejoindre la Guyane française ; sauvé de justesse, il se retrouve entre les mains de l’armée française, qui le met au secret.
Olivier Dartan, lui, fait partie de la DGSE. Basé à Beyrouth, il fait face à la « crise des otages ». Chaque soir, le journal télévisé de France 2 s’ouvre sur le décompte des jours de captivité de Marcel Carton, Marcel Fontaine, Jean-Paul Kauffmann, Michel Seurat, puis de Philippe Rochot, Jean-Louis Normandin, Aurel Cornea et Georges Hansen.
Ils vont trouver un terrain d’entente : Marc Masson va devenir « agent externe », c’est à dire un agent non officiel, qui peut être mobilisé discrètement pour mener des actions que les services français ne reconnaitront jamais… il faut dire que, peu de temps avant, l’État a tremblé sur ses bases avec l’affaire du Rainbow Warrior. Ainsi Marc Masson va devenir un assassin au service de la France…
Avis
> L’avis de T
Henri Lœvenbruck le dit dès le départ, et le répète à la fin : cette histoire, si elle est romancée, est d’abord et avant tout une histoire vraie, tirée des semaines et des mois d’entretiens avec celui qui a inspiré ce roman. Transposée à quelques années de distance, afin que la confidentialité soit conservée, cette histoire est exemplaire.
D’abord, parce qu’elle nous replonge – enfin, pour les plus de 40 ans – dans des souvenirs encore gravés au fer rouge dans nos mémoires, entre les attentats à Paris, les otages au Liban, la cohabitation entre Mitterrand et Jacques Chirac. C’est également l’occasion de découvrir les tripatouillages du clan Pasqua, qui aurait fait capoter les négociations menées pour faire libérer les otages, afin que leur libération ne vienne pas « sauver » Mitterrand avant les élections…
Elle est également exemplaire parce qu’elle met en scène un homme d’honneur. Sans doute pas quelqu’un de facile, dévoré de colère, prompt à la violence. Mais un homme entier, droit, porté par la seule motivation d’agir pour le peuple de France. On aimerait que cette motivation soit plus souvent mise à l’honneur…
Et même quand les politiques sont cyniques, c’est avec panache. Je ne peux m’empêcher de vous livrer cette citation attribuée à Mitterrand :
– On est maître des paroles que l’on n’a pas dites, esclave de celles que l’on a prononcées. La liberté n’est peut-être, en fin de compte, pour chacun, que la simple possession du silence.
Enfin, cette histoire est exemplaire parce qu’elle est humaine. Injuste, parfois. Triste, profondément. Brutale, souvent. Mais débordante d’humanité. Et – mais ne s’agit-il pas d’une époque révolue ? – on découvre une institution qui est encore capable de plier devant l’un des siens pour simplement prendre soin d’un autre.
Ce pavé – 826 pages, dans l’édition de poche… -, je l’ai dévoré. Et j’ai juste envie de dire « Merci Monsieur Lœvenbruck. Merci de ce partage ». Et de finir par une question : une scène du livre se déroule Place des Cordeliers, à Lyon. Est-ce un hasard, ou y a-t-il un lien avec le livre suivant, Le loup des Cordeliers ? Est-ce en travaillant sur ce roman et – peut-être – à ce passage que l’idée du suivant est venue ?
Je l’ai dans ma PAL mais je pense qu’il faudra que je trouve le bon moment pour le lire !
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