Chronique de Les saintes reliques, de Steve Berry.
« Le crépuscule assombrissait cette tiède soirée de juin. Les rues grouillaient de promeneurs, de marchands ambulants et de cyclistes filant à toute allure. L’après-midi avait été pour le moins instructif. Cotton avait pu constater que l’action lui manquait. Ce qui ne lui manquait pas du tout, en revanche, était d’avoir affaire à des peigne-cul comme ce « conseiller adjoint ». Une engeance dont il avait eu plus que sa part. »
Steve Berry, Les saintes reliques, le cherche midi, 2020, p. 105.
Motivations initiales
Steve Berry, cela fait peut-être 10 ans que je le lis, et je ne m’en lasse pas. Je viens de regarder, je pense qu’il me manque un ou deux livres de la série Cotton Malone – parce que, quand je suis dans une librairie, je n’ai jamais la liste de ceux que j’ai déjà -. Et Benoît, du cherche midi, a tellement bien compris que je suis fan que, lorsqu’un nouveau tome sort, il ne me demande même plus si j’ai envie de le lire… Merci Benoit !
Synopsis
Cotton Malone, ancien agent secret américain reconverti en libraire spécialisé dans les livres anciens à Copenhague, est à Bruges, pour se procurer quelques livres rares pour le compte de ses clients. En attendant, il joue les touristes, et, alors qu’il visite la basilique du Saint-Sang, trois hommes s’emparent du reliquaire, réputé contenir le sang du Christ, recueilli par Joseph d’Arimathie. S’ensuit une course-poursuite en bateau sur les canaux de Bruges, mais Cotton ne parvient qu’à détruire son bateau, et se retrouve en prison.
Il faut l’intervention de Stéphanie Nelle, son ancienne chef, pour le tirer de là… mais le faire plonger, tout aussi rapidement, dans une nouvelle aventure. Un courtier en renseignements est en train d’organiser une vente aux enchères autour d’informations incriminant, semble-t-il, le président polonais. Sept pays ont été conviés… mais le coût d’entrée, pour participer à la vente, est de dérober l’une des sept saintes reliques… Le président des États-Unis, Warner Fox – qui ressemble furieusement, par ses comportements, à un certain Donald Trump -, est décidé à emporter les enchères, afin de faire plier la Pologne, réticente à accueillir sur son sol des missiles américains.
Quelles sont donc ces informations qui peuvent ébranler la Pologne ? Qui pourrait souhaiter s’en emparer, et dans quel but ? Où tout cela va-t-il nous emmener ?
Avis
Autant le dire directement : j’ai adoré ce livre. J’adore la façon dont Steve Berry associe histoire – ici, la question des reliques autour desquelles la religion catholique s’est organisée et structurée, mais également la façon dont le sel a contribué à la prospérité, mais aussi aux malheurs, de la Pologne -, géopolitique, espionnage.
Tout ceci manque donc terriblement d’objectivité. Mais c’est aussi cela, la lecture. Quand j’ouvre un livre de Steve Berry, je sais qu’à coup sûr, je vais apprendre des choses que j’ignorais, et que, tout au long du livre, je vais pouvoir me demander « mais qu’est-ce qui est vrai, qu’est-ce qui est inventé ? ».
Et, en plus, je sais que, à la fin du livre, après que l’aventure se soit terminée, j’aurais satisfaction, puisque Steve Berry prend toujours un soin quasi-maniaque à signaler précisément ce qu’il a été puiser dans l’histoire et ce qu’il a imaginé.
Ce qui est particulièrement intéressant ici, c’est que Steve Berry, comme à son habitude, nous permet de redécouvrir, l’air de ne pas y toucher, toute l’élaboration religieuse autour de ces reliques, dont on peine parfois à comprendre comment elle ont pu faire courir toute la chrétienté – qui se battrait, aujourd’hui, pour le pied de Sainte-Nitouche ou le nez de Saint-Pourçain ?
Il nous ramène également dans la Pologne, notamment sous le joug communiste, et nous interroge sur ce qui est permis, lorsque vous résistez contre un oppresseur.
Et tout ceci est aimablement relevé par l’action, qui voit Cotton Malone, toujours alerte, se battre contre les méchants – mais également contre les imbéciles… -, et dénouer les situations les plus complexes.
Alors ? Alors, si vous connaissez déjà Cotton Malone, n’hésitez pas à le retrouver entre Bruges et Cracovie ; et si vous ne le connaissez pas encore, que diriez-vous de la découvrir ?