« J’écris beaucoup quand je n’écris pas. Je suis souvent absent, souvent ailleurs. »
Franck Bouysse
L’heure de la reprise des rencontres littéraires a enfin sonné ! Quelle joie de retrouver les copines et les maisons d’édition et surtout les auteurs qui nous racontent leur rapport à l’écriture et nous donnent quelques informations croustillantes sur eux ! Avec masque et gel hydroalcoolique, j’ai eu le privilège de rencontrer Franck Bouysse grâce au Livre de Poche.
Franck Bouysse vit en Corrèze et il ne supporte pas vraiment le tumulte de la vie parisienne, pour lui la terre est importante, la nature occupe une place centrale dans sa vie… Ce n’est sûrement pas pour rien qu’il a été prof d’horticulture pendant une trentaine d’années !
Il commence à écrire vers 14-15 ans, inspiré par ses lectures – Jules Verne, mais aussi l’Iliade et l’Odyssée. Pourtant, chez ses parents, la littérature n’est pas vraiment importante, il n’y a pas de livres dans la maison familiale. Heureusement, l’adolescent qu’il est peut compter sur sa grand-mère pour lui offrir des livres qu’il dévore en cachette !
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, Franck Bouysse n’a pas fait d’études littéraires mais des études de biologie ! Mais déjà, il sentait que la littérature serait une chose très importante dans sa vie. Il écrivait pour échapper au temps en lisant et en écrivant… Il écrivait également pour transmettre à ses enfants ce qu’il avait aimé en revisitant les genres.
Prêts à rentrer dans l’univers romanesque de cet auteur tardif ?
Avec Grossir le ciel, Franck Bouysse a décidé de lâcher les chevaux. Il savait en l’écrivant qu’il se passait quelque chose de différent… Mais pendant plus de deux ans, il a laissé dormir le manuscrit au fond d’un tiroir, jusqu’à ce que l’un de ses amis, l’un de ses premiers relecteurs, lui demande s’il n’avait pas un de ses textes à lui faire lire… Lequel s’est empressé de lui dire que son texte était extraordinaire et qu’il fallait absolument le faire publier ! Trois enveloppes sont alors parties à destination de trois éditeurs parisiens !
Mais, dans la famille Bouysse, il en faut davantage pour s’enflammer, même après une réponse positive ! La preuve : un jour, une chronique sur RTL est consacrée à Grossir le ciel, et Franck Bouysse l’écoute avec sa mère. La première réaction de celle-ci, cela n’a pas été de lui dire qu’elle était fière de lui, mais le verdict, lapidaire, est tombé : « Eh bien, tu n’as pas intérêt à te louper pour le prochain ! ». Bon, depuis qu’il passe à la télé, elle commence quand même à penser que c’est du sérieux !!!
Le tournant dans sa vie est arrivé avec le succès rencontré par son – remarquable – Né d’aucune femme ! Ce livre l’a bousculé, le personnage de Rose l’a habité… Et il a compris que sa vie prenait un tournant, il a décidé de quitter l’éducation nationale et de se consacrer pleinement à l’écriture.
Mais quelles sont donc ses petites manies d’écrivain ? Je ne crois pas m’avancer en disant que toute la salle a été scotchée par la discipline qu’il s’impose… Il a un rythme ultra-réglé ! Il se lève chaque jour entre 4h30 et 5h du matin, il lit et ensuite il écrit à partir de 7h30-8h. Ses livres jaillissent d’une émotion ou d’un souvenir d’enfance. Il écrit six versions différentes de son livre et à chaque fois il recommence à zéro… Il commence par écrire à la main sur des cahiers – il a besoin de ce rapport physique, ensuite il retranscrit le livre sur ordinateur, il l’imprime et met les pages dans un classeur avec une feuille blanche à droite pour réécrire l’histoire… Il s’enregistre souvent en train de déclamer les dialogues, l’oreille c’est important pour lui, si ça ne marche pas à l’oreille alors c’est un livre sans intérêt ! Quand il finit un livre, il est autant dans le doute que lorsqu’il le commence !
Buveurs de vent, son nouveau roman paru chez Albin Michel est dans ma PAL, autant vous dire que j’ai hâte de le lire ! Bref, c’était une rencontre captivante avec un écrivain accompli et brillant que vous devez absolument lire… Merci encore au Livre de Poche pour ce très bon moment !


