Chronique de L’aube à Birkenau, de Simone Veil & David Teboul.
« Quand on vous a traitée comme de la viande, il est très difficile de se convaincre qu’on est resté un être humain. Là était le combat que nous menions. Le combat le plus difficile. Nous avions faim, nous avions soif, nous avions sommeil. J’ai terriblement souffert du manque de sommeil. Quand on reste des jours sans dormir, on ne sait plus où on est, on ne s’oriente plus. Le sentiment qui domine est celui d’un corps humilié. Mais nous étions trois, cela nous préservait. Nous nous soutenions sans cesse. »
Simone Veil & David Teboul, L’aube à Birkenau, Éditions Les Arènes, 2019, p. 88-89.
Motivations initiales
Comme beaucoup d’entre nous, j’admire Simone Veil. Je l’admire pour sa ténacité, sa poigne, sa soif de vivre et sa volonté de faire bouger les lignes. Il était évident que je n’allais pas passer à côté de l’ouvrage réalisé par David Teboul qui regroupe des témoignages de Madame Veil mais aussi de quelques-uns de ses proches et également des superbes clichés montrant la vie.
Synopsis
Depuis les années 90, Simone Veil et le réalisateur David Teboul sont amis. Conscient de l’importance du témoignage de cette dame et de sa vie hors norme, il enregistre de nombreuses heures d’entretiens.
Ce livre est né de ces longs entretiens. Il se compose de deux parties. Une première partie où Simone Veil raconte son enfance, sa déportation, son retour des camps, son entrée en politique et enfin son engagement pour la cause des femmes. La deuxième partie du livre est également très intime puisqu’il s’agit de dialogues entre Simone Veil et sa sœur Denise, Simone Veil et son amie Marceline et enfin Simone Veil et Paul.
Avis
>L’avis de C
On ne peut qu’être touchés en lisant la vie de cette femme. Elle tente de nous expliquer comment elle a été déshumanisée par ses bourreaux mais également comment elle s’est relevée de ces terribles moments qui l’ont marquée à vie. Simone Veil nous livre ici un témoignage terriblement intime, elle se met à nue devant le lecteur mais également pour le lecteur. Dans quel but ? Dans le but de ne jamais oublier et d’en tirer des connaissances.
Simone Veil ne se pose pas en victime et nous remarquons même que dans ce quotidien si terrible elle et son amie Marceline nous font le récit d’une fois où elles arrivent à déjouer la vigilance des Kapos pour se retrouver au coin d’un Block et redevenir quelques instants des jeunes adolescentes. C’est tellement touchant et à la fois tellement perturbant de voir comment ces deux femmes évoquent ce souvenir quasiment le sourire aux lèvres.
Simone Veil nous livre également ses débuts en politique et sa peur de ne pas être légitime. Mais ce qui ressort de ces entretiens concernant son activité politique, c’est son côté tenace et son envie de faire bouger les lignes. Elle est active et engagée même si elle subit des moqueries ou même des propos antisémites, elle reste là ancrée dans le sol, fidèle à sa ligne de conduite.
Ce livre est incroyablement touchant, par sa construction mais également par sa simplicité. Côté construction, j’ai trouvé que les dialogues apportent un plus, cela nous permet de nous sentir encore plus proche de cette grande dame – cela confirme ce qu’a dit Jean d’Ormesson lors de son discours à l’Académie Française, que Simone Veil est la femme, la mère, l’amie rêvée par beaucoup d’entre nous ! Enfin, j’ai aimé ce côté un peu « brouillon » du livre où Simone Veil dérive parfois dans ses paroles, on sent que ces entretiens sont pleins de sincérité, d’humilité et de spontanéité.
Un grand livre pour une grande dame.
Je te recommande Retour à Birkenau de Ginette Kolinka qui a croisé Simone Veil et Marcelline à Birkenau 🙂
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Merci pour le conseil !
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