Chronique de Les enquêtes de Nicolas Le Floch – T. 3 Le fantôme de la rue Royale, de Corbeyran & Chaiko.
« – La cohue a permis aux voleurs d’assouvir leurs instincts et aux bretteurs de se frayer un passage à la pointe de l’épée… Mais, en fin de compte, les morts appartiennent tous à la classe la plus modeste !
– Doit-on s’en étonner ? »
Corbeyran & Chaiko, Les enquêtes de Nicolas Le Floch – T. 3 Le fantôme de la rue Royale, Robinson – Hachette Livres, 2020, p. 12.
Motivations initiales
La série des aventures de Nicolas Le Floch, écrite par Jean-François Parot, nous avait beaucoup plu. Son adaptation en bandes-dessinées, dont c’est ici le troisième tome (on pourra retrouver les chroniques des premiers tomes ici et là), est plutôt séduisante. D’une grande fidélité à. l’original, avec un rendu graphique plutôt sympa, tout est réuni pour retrouver avec plaisir les aventures de notre commissaire au Châtelet…
Synopsis
À l’occasion du mariage du Dauphin et de Marie-Antoinette, le 31 mai 1770, un feu d’artifice et un banquet sont organisés. La foule se presse place Louis XV. Nicolas Le Floch s’y rend en simple spectateur, avec son ami le docteur Semacgus, car il a été écarté de l’organisation, ce qui n’est pas sans l’inquiéter sérieusement, certaines règles de sécurité lui semblant avoir été négligées.
Et, malheureusement, les faits lui donnent raison, puisque des fusées d’artifice, n’ayant pas explosé, retombent sur le lieu d’où le feu est tiré, déclenchant un incendie et un mouvement de panique, laissant de nombreux morts sur les pavés. Aussitôt, Nicolas est convoqué par Monsieur de Sartine. En effet, ce dernier est inquiet : même s’il a, lui aussi, été écarté de l’organisation, il sait déjà que les tumeurs feront de lui le responsable. Il charge donc Nicolas d’enquêter.
Et c’est en se rendant sur place que Nicolas et son fidèle adjoint, Bourdeau, repèrent par hasard le cadavre d’une jeune fille. Elle attire leur regard car elle semble bien avoir été étranglée, et non écrasée ou piétinée… Parviendrons-t-ils à démêler l’intrigue ?
Avis
Ce qui est réellement plaisant, avec ces romans de Jean-François Parot et avec leur adaptation en bandes-dessinées, c’est que tout est d’un réalisme forcené. On a la sensation d’être dans ce Paris de la fin du XVIIIe siècle, sale, puant, où règne, pour beaucoup, une misère noire. Une colère sourde gronde, même si l’on sait qu’il lui faudra encore quelques années pour véritablement exploser.
Mais chaque intrigue propose un point de vue légèrement différent. Ici, on patauge dans une famille bourgeoise, qui tient une boutique de pelleterie, rue Saint-Honoré. Petite curiosité, pour l’époque, la famille héberge un indien Algonquin, qui, évidemment, tient immédiatement lieu de coupable idéal. Il est étranger, isolé, sans appuis. Il n’en faut pas davantage pour que chacun laisse ressortir une méfiance « naturelle » à l’égard de l’autre, de celui qui est différent.
Nicolas, assez rapidement convaincu que l’histoire est trop belle pour être honnête, va devoir faire appel à ses capacités de déduction, mais également aux compétences de ses amis, le docteur Semacgus et le légiste – et néanmoins bourreau – Charles-Henri Sanson.
Si l’on devait avoir un regret, c’est que l’on ne retrouve pas, dans ce tome, Monsieur de Noblecourt. La complexité de l’affaire a probablement obligé à évacuer tous les à-côtés du roman. On ne voit même pas Nicolas passer à table dans l’une de ces gargotes dont les plats montrent aussi l’insondable pauvreté à laquelle la ville est réduite.
Bref, encore un très bon moment de lecture. Si vous aimez l’histoire, si vous aimez les intrigues bien ficelées et si vous ne connaissez pas encore Nicolas Le Floch, aucune hésitation. Click & Collect, direction votre librairie de quartier. Mot d’ordre du moment…
