Chronique de Le bon père, de Santiago Diaz.
« Quand les machines à sous avaient arrêté de lui procurer l’adrénaline dont elle avait besoin, la juge Almudena Garcia était passée à des drogues plus dures : courses de chevaux, roulette, paris sportifs… Jusqu’à ce qu’elle ait trouvé quelque chose qui assouvisse toutes ses envies : le poker. Elle n’avait jamais aimé les cartes, mais ce jeu-là l’avait captivée d’emblée. »
Santiago Diaz, Le bon père, Le cherche midi, 2022, p. 65.
Motivations initiales
Nouvelle lecture dans le cadre de la TeamThriller du cherche midi, deuxième roman de l’auteur publié au cherche midi – après Talion -. Que vaut donc ce Bon père ?
Synopsis
Les policiers madrilènes, appelés sur une scène de crime dans un quartier résidentiel, découvrent un féminicide. Dans la pièce à côté, le mari, prostré, couvert de sang, ses empreintes sont retrouvées sur l’arme du crime. Lors du procès, Gonzalo Fonseca est condamné à une longue peine de prison.
Quelques mois plus tard, le père du condamné, Ramon Fonseca, se livre à la police. Convaincu de l’innocence de son fils, et désespéré de voir que l’enquête a été bâclée, il déclare avoir enlevé trois personnes, qu’il retient prisonnières : la juge, l’avocat de son fils, et une jeune étudiante, témoin au procès. Pour les libérer, il exige la réouverture de l’enquête, l’identification du vrai coupable et la libération de son fils.
Le compte à rebours est lancé !
Avis
L’idée de départ est très, très intéressante ! Et puis, disons-le, elle flatte nos plus bas instincts : imaginer que la police pourrait avoir bâclé une enquête… c’est crédible. Imaginer qu’un coupable évident pourrait être innocent… c’est crédible, et c’est même séduisant. Imaginer une juge, un avocat, vendus aux plus offrants… c’est évident ! Un brin populiste, mais stimulant ! Et que tout cela se déroule autour d’un vrai/faux féminicide, tout est réuni.
L’histoire se développe, nerveuse, presque speed. Les chapitres sont brefs, permettant de maintenir la tension. Ce qui est parfois un risque, mais j’y reviendrai.
Et puis il y a capitaine Indira Ramos. C’est à elle que l’enquête doit être confiée, exige Ramon Fonseca, parce qu’elle a fait la preuve de son intégrité en dénonçant un collègue, un « ripoux ». Policier brillant, elle est aussi perclue de tocs, maniaque au-delà du concevable. Sérieusement atteinte, elle fréquente assidûment son psy qui essaye de l’aider à gérer ses obsessions, carrément handicapantes.
L’affaire est tordue à souhait, donnant au lecteur l’agréable sensation d’être gentiment baladé par l’auteur.
Tout cela fait de ce livre une lecture efficace, vive, entrainante. Pourtant, il y a un « mais ». L’auteur, scénariste à succès, semble avoir écrit ce livre en pensant déjà à une possible adaptation télévisuelle, et veille donc à bien cocher toutes les cases. La juge, naturellement, a une tare cachée, elle joue, et cela lui fait rencontrer les pires capitalistes de la ville. L’avocat, bien sûr, est un peu caricatural, et, naturellement, va tomber amoureux de la femme du mafieux. L’étudiante est évidemment belle à se damner, et va choisir la prostitution pour assurer ses fins de mois. De belles images en perspective !
Résultat, tout est à chaque fois un petit peu « trop ». Trop salé, trop épicé, trop facile, trop attendu… Un manque d’équilibre qui nuit au ressenti. Comme s’il y avait un petit peu trop de sucre dans un dessert : ça se mange bien, mais en arrière-bouche, il y a comme un déséquilibre. C’est bien mais pas totalement abouti.
Pour en savoir plus
Retrouvez la présentation de ce livre sur le site de l’éditeur.

Dommage pour les quelques bémols mais ça semble dynamique quand même.
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