Policiers, Roman noir, Thrillers

Talion

Chronique de Talion, de Santiago Diaz.

« Sous les initiales C. P. sont notées des sommes et des dates.C’est une dette. Elle commence il y a six mois à dix-neuf mille euros, et Nicoleta a réussi à la ramener à treize mille euros deux mois plus tard. Puis elle grimpe encore durant quelques jours pour atteindre vingt mille euros, et ainsi de suite jusquà l’annotation d’hier : la dette s’était maintenue à quinze mille deux cents euros et aujourd’hui elle s’élève à quinze mille cinq cents. Je regarde Nicoleta dormir dans le fauteuil et réalise que sa vie se complique à chaque fois qu’elle se drogue. »

Santiago Diaz, Talion, le cherche midi, 2020, p. 89.

Motivations initiales

Ce livre est le premier roman d’un auteur espagnol, scénariste pour la télévision. Traduit et publié par le cherche midi, il parait aujourd’hui même. Dans le cadre de la TeamThriller du cherche midi, nous avons eu la chance de le découvrir en avant-première !

Synopsis

Marta Aguilera est journaliste. Son métier, c’est toute sa vie : pas de famille proche, des amants de passage, quelques amis… Alors, lorsqu’elle apprend qu’elle souffre d’une tumeur au cerveau trop développée pour être opérée et qu’il lui reste environ deux mois à vivre, elle décide de se libérer de toute entrave. Elle vend son appartement, démissionne de son poste et se met en tête de dépenser les 6000 euros par jour dont elle dispose.

Elle annonce à ses amis qu’elle va partir à l’étranger. Mais, par hasard, sa dernière enquête la met en relation avec le probable violeur et meurtrier d’une petite fille, que la justice, faute de preuve, ne peut que libérer. Puisqu’elle n’a plus rien à perdre, n’est-ce pas l’occasion de faire justice elle-même ?

Avis

Il y a tout ce que j’aime dans ce thriller : des personnages attachants, même si on n’est pas obligatoirement d’accord avec leurs choix ; un sujet de fond – ici, la violence, la vengeance et une réflexion sur la justice – ; un rythme.

On entre dans l’histoire, sans même s’en rendre compte, et après, c’est l’évidence : on ne peut plus lâcher ce livre.

J’ai trouvé vraiment intéressant ce personnage sans affects – Marta a été testée, et ne ressent aucune empathie pour personne, elle fait partie des 2% de la population mondiale qui ne ressent rien pour les autres, ce qui pourrait faire d’elle une psychopathe – qui, finalement, va se trouver des raisons inattendues de s’intéresser à ceux qui l’entourent. Et surtout, j’aime bien l’idée qu’au moment où elle risque de mourir, cette situation évolue, qu’elle commence à ressentir, pour elle-même, mais surtout pour certains autres, des sentiments, quels qu’ils soient.

L’inspectrice chargée de l’affaire – et que Marta va contraindre, en quelque sorte, à poursuivre -, Daniela Gutierrez, est également un personnage riche. Vivant seule avec son fils, ils portent encore le poids de la disparition, dans un attentat de l’ETA, du père et du frère. Et, incapables d’en parler, ils ont évidemment du mal à passer au-dessus… C’est donc à la fois un personnage sans âge – l’opposition entre gendarmes et voleurs, ce n’est pas nouveau -, mais en même temps très daté de notre époque – la question terroriste est une caractéristiques très actuelle -.

Il y a du sang sur les murs, beaucoup de violence, mais l’ensemble est cohérent. Et, sans partager la vision de ces personnages, on prend plaisir à les accompagner !

Bref, c’est très réussi, très efficace, et ça mérite le détour. Alors, un, deux, trois… vengeance !

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