Manga

Darling in the Franxx T.1

Chronique de Darling in the Franxx T.1, de Kentaro Yabuki.

« Il parait qu’on appelle ces oiseaux des Pihis. Ils ne possèdent qu’une seule aile. Mâles et femelles ne peuvent voler qu’en se serrant l’un contre l’autre. Des êtres imparfaits. Mais bizarrement… Je trouvais cette manière de vivre… Réellement sublime. »

Kentaro Yabuki, Darling in the Franxx T.1, Éditions Delcourt Tonkam Shonen, 2022, p. 7.

Motivations initiales

Darling in the Franxx est une série d’animation diffusée en 2018. Elle est le fruit de la collaboration du célèbre studio Trigger et du jeune studio Cloverworks qui adaptera par la suite des mangas comme The promised Neverland ou encore très récemment Spy X Family. La série a connu un gros succès et voir sortir un manga dérivé n’est pas une surprise.

Synopsis

L’Homme, en creusant la Terre, a découvert une nouvelle ressource qui permet à l’humanité d’effectuer un véritable bond en avant technologique. Cela a pour conséquence l’asséchement de la surface, contraignant les humains à vivre dans des biomes artificiels. Sortis de nulle part, de gigantesques monstres font surface et attaquent les villes. Pour lutter contre ces assauts, les plus grands scientifiques créent les Franxx : des robots géants contrôlés par un duo de pilotes. Nous suivons ici neuf adolescents formés pour constituer une nouvelle force de défense et Zéro Two, une jeune fille mystérieuse au tempérament fougueux.

Avis

La comparaison avec la série d’animation Neon Genesis Evangelion est obligatoire tellement les similitudes et les liens sont évidents. Mais il n’y a pas lieu de s’en étonner : le studio Trigger, qui est à l’origine de cet animé, est composé d’anciens membres du studio Gainax, qui avait précisément créé Evangelion.

Neon Genesis Evangelion est une série d’animation culte avec un très grand nombre de fans dans le monde entier. Lancée en 1995, la série s’achève au bout de 26 épisodes en 1996. Sont ensuite sortis deux films de qualité discutable, qui proposaient une fin douce-amère, ce qui n’avait pas manqué de laisser les fans dubitatifs. Un comeback a eu lieu en 2007, avec la sortie d’un nouveau film ouvrant une quadrilogie, qui s’est achevée en 2022, proposant une réinterprétation de l’histoire.

Tout cela permet de mieux situer Darling in the Franxx dans la chronologie : cette série est conçue pour répondre à l’attente des fans en manque d’histoire épique avec des robots et des adolescents. Et tout comme la production du studio Gainax, Darling in the Franxx connaît une adaptation en manga basée sur l’animé, ce qui n’est pas le schéma classique dans le système de publication japonaise.

Alors certes, la première critique faite face à cette œuvre est la ressemblance flagrante avec Evangelion, mais sommes-nous face à un simple substitut – voire un ersatz – ou sommes-nous face à une œuvre originale avec ses qualités propres ?

Ce premier tome a malheureusement le défaut d’une adaptation d’animé : il est convenu que le lecteur connait déjà l’animé et qu’il lit le manga pour retrouver l’ambiance et avoir accès à des développements, des intrigues et des informations supplémentaires laissés en suspens par la série. Comme le lecteur est déjà conquis, contrairement à un manga qui aurait à passer par la case prépublication, inutile de créer de la tension entre les chapitres, le temps est pris pour présenter les personnages et la situation actuelle. Nous sommes face à 200 pages d’exposition alors que les causes à l’origine d’une Terre aride et d’une invasion de monstres géants sont résumés en 2 pages. L’accent est mis sur les personnages, de jeunes adolescents enfermés dans un biome coupé du reste du monde (un peu comme dans A journey Beyond Heaven, sorti en 2018).

Les personnages sont intéressants, différents car sortant des archétypes et on sent que leur développement va être au centre de cette histoire, alors que la partie « combats entre robots et hurleurs » sera réduite au minimum. Le dessin est très fin, les expressions des personnages bien retranscrites et les quelques combats disposent de planches puissantes et dynamiques. Kentaro Yabuki est connu pour des mangas comme Black Cat ou To Love. Il adore dessiner les personnages féminins et on tombe dans le fan-service avec de la nudité justifiant que le livre soit sous plastique lors de l’achat. En cherchant sur le net, je n’ai trouvé aucune information permettant de donner un âge précis aux personnages mais on peut les supposer dans l’adolescence… avec de la nudité partielle et une cabine de pilotage mettant les personnages dans une position explicite. Mais tout cela se « justifie » par le fait qu’il doit y avoir une union, une fusion entre les deux partenaires pour réussir à contrôler le robot et rien de tel que deux adolescents en proie à leurs hormones pour créer cette liaison. Comme pour Evangelion, les anciens du studio Gainax utilisent des robots et des monstres pour évoquer l’adolescence et le passage à l’âge adulte avec la prise de responsabilités. Mais là où Darling in the Franxx se démarque, c’est dans la mise en avant de la relation de couple et des sentiments qui unissent les personnages. Les interactions entre ceux-ci constituent l’élément centrale de cette œuvre et justifient à elle seule sa lecture.

L’intrigue de ce premier tome tourne autour de Zero Two et de Hiro, mais chaque personnage aura droit à un développement approfondi dans les chapitres à venir.

Darling in the Franxx est un manga japonais répondant aux attentes d’un public bien précis mais il essaye également de proposer davantage, ce qui pourrait lui permettre de devenir une œuvre singulière. J’espère que la suite de la lecture apportera un vrai complément à l’animé.

La série comprend 8 tomes, tous sortis au Japon, recommandé pour les lecteurs de plus de 16 ans.

Pour en savoir plus

Retrouvez la présentation de ce livre sur le site de l’éditeur (attention, mention de l’éditeur indiquant que la série, et sa présentation, s’adresse à un public averti).

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