Chronique de Ceux qui restent, de Jean Michelin.
« Le reste de la section attendait devant le bâtiment de la compagnie. Les gars fumaient en échangeant des vidéos sur leur téléphone et riaient à gorge déployée. Dans ce genre de moment, Stéphane retrouvait leurs attitudes adolescentes, leurs manières prétentieuses, un peu de leur insolence aussi. »
Jean Michelin, Ceux qui restent, Éditions Héloïse d’Ormesson, 2022, p. 135.
Motivations initiales
Ce livre est tombé un peu par hasard entre mes mains… Je vous avoue que je ne savais pas vraiment à quoi m’attendre mais la chronique de Gérard Collard – célèbre libraire de la Griffe Noire – était tellement convaincante que je n’ai pas douté que ce devait être un très bon achat !
Synopsis
Lulu, le caporal Lucien Guyader, est un ancien, un soldat rodé aux horreurs que l’on peut voir sur le terrain. Il est d’une solidité à toute épreuve et ses camarades peuvent toujours compter sur lui. Dix jours avant le départ en OPEX, Lulu est absent, il ne donne aucun signe de vie à ses supérieurs et pas davantage à sa femme et son fils…
Les frères d’armes du caporal Guyader vont tous se mettre à se recherche, mener leur propre enquête, mais ce qu’ils vont découvrir risque bien de faire l’effet d’une bombe, donnant à chacun matière à s’interroger sur la notion d’amitié et de frères d’armes.
Avis
Avez-vous déjà eu l’impression de prendre un uppercut en plein dans le ventre alors que vous êtes en pleine lecture, plongé(e) dans une histoire qui vous touche et vous renvoie à quelque chose que vous avez connu ? Eh bien, c’est exactement ce qui vient de m’arriver, dès les premières pages de ce livre. J’étais en zone connue, en terrain de connaissance comme on dit, et ça m’a parlé. Avec une telle entrée dans l’intrigue, vous n’avez qu’une seule et unique envie : tourner les pages et espérer que ça ne se finisse pas comme ce que vous connaissez déja…
Jean Michelin nous propulse dans un monde assez opaque, voire totalement inconnu pour certains d’entre nous, celui de l’armée. Comment comprendre ce que signifie le fait d’être « frères d’armes » lorsqu’on ne risque pas sa vie dans les pays les plus dangereux et instables du monde ? Ici, l’auteur met en exergue de belles notions qui nous parlent à tous, la solidarité, l’entraide et surtout la confiance. Mais la confiance parfois se révèle être un fil bien ténu, qui peut se rompre à tout instant. Utile rappel que, finalement, on ne connait jamais totalement la personne qui se trouve en face de nous.
C’est parfois drôle, souvent très dur et, bien entendu, absolument plausible… Quoi de plus compliqué que de revenir à la vie civile, quoi de plus compliqué que de faire comprendre à ses proches la difficulté du retour à un quotidien bien huilé. Retrouver un tel cadre, cela peut s’avérer angoissant, et, au final, donner envie de fuir. Jean Michelin nous raconte avec des mots simples mais remplis d’émotions, toutes plus intenses les unes que les autres, la dure vie de ceux qui restent – les femmes, les enfants – et, en parallèle, celle de ceux qui reviennent – les militaires de retour de mission et qui ont été amputé de leur innocence.
Une histoire touchante, remuante, incroyablement bien ficelée, qui ouvre les portes d’un monde quelque peu opaque. Une pépite de la rentrée littéraire qui est malheureusement restée dans l’ombre, écrasée par des mastodontes… dont certains qui en valaient peut-être moins la peine…
Pour en savoir plus
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