Chronique de Playlist, de Sebastian Fitzek.
« La mort n’est pas abonnée aux lieux hideux.
Au contraire. Je commençais à croire que la souffrance et le malheur aimaient le décalage. Souvent, en sillonnant les allées des beaux quartiers berlinois bordés de magnifiques jardins, de villas majestueuses et d’extravagantes maisons d’architectes, je me prenais à penser que la peine et le désespoir étaient aux aguets derrière ces façades de bien-être et de bonheur. J’avais parfois envie d’aller y sonner juste pour m’assurer que tel ou tel bâtiment de luxe discrètement éclairé n’hébergeait pas un monstre tortionnaire de femmes ou violeurs d’enfants. »
Sebastian Fitzek, Playlist, Éditions de l’Archipel, 2023, p. 73.
Motivations initiales
Je n’avais encore jamais lu Sebastian Fitzek, bien qu’il apparaisse régulièrement dès lors que l’on s’intéresse un tant soit peu au polar. Notre partenariat avec Les Éditions de l’Archipel a été l’occasion de recevoir ce livre, et donc de découvrir cet auteur allemand.
Synopsis
Comme son nom l’indique, cet ouvrage est construit autour d’une playlist. Là où les choses commencent à être un peu plus incroyables, c’est que les 15 chansons ont été composées spécialement par les différents interprètes, avec Sebastian Fitzek, à partir de l’idée du roman, et l’ont, à leur tour, emmené – le roman – vers leur propre univers. On trouve certes de nombreux chanteurs ou chanteuses allemand(e)s, que l’on ne connaît pas forcément (!). Mais le simple fait qu’une chanteuse comme Beth Ditto ait accepté de jouer le jeu en dit long…
Mais revenons au roman. Une jeune fille de 15 ans disparait sur le chemin du lycée. Ses parents sont dévastés et font appel à un détective privé, ex-policier, Alexander Zorbach. Lequel est sur le point d’être emprisonné, pour avoir tué un homme, alors qu’il enquêtait sur un tueur en série, le Voleur de regards. Le Voleur de regards qui, avant de disparaître dans la nature, a tué sa compagne, enlevé son fils et l’a contraint à se tirer lui-même une balle dans la tête.
Hasard, l’enquête amène Zorbach à retrouver Alina Gregoriev, une physiothérapeute aveugle avec qui il avait tissé un lien éphémère pendant l’enquête sur le Voleur de regards, mais qui refuse depuis de le voir, considérant qu’il emmène le malheur partout où il passe. Mais, cette fois encore, son aide est nécessaire, car c’est elle qui a fournit à Feline Jagow, la jeune disparue, l’appareil sur lequel se trouve la playlist… laquelle vient d’être modifiée, ce qui semble indiquer que la jeune fille pourrait encore être en vie.
Alexander Zorbach et Alina Gregoriev parviendront-ils à dénouer l’intrigue à temps pour sauver la jeune fille ?
Avis
Wahou… Ce que l’on attend d’un thriller – ici, c’est un psychothriller qui nous est annoncé -, c’est une lecture en apnée, une intrigue serrée et dense, efficace, qui vous amène à sursauter au moindre bruit. Eh bien c’est précisément ce que Sebastian Fitzek nous propose ici. J’ai, en effet, lu les 150 dernières pages, c’est à dire pratiquement la moitié du livre, d’une seule traite, parce qu’il était inimaginable de poser tranquillement le livre, d’aller manger ou se poser pour faire autre chose. La seule option possible : dévorer chapitre après chapitre, pour, enfin, SAVOIR ! Savoir qui, savoir pourquoi, comprendre pourquoi et comment.
Alors, évidemment, ce qui peut arriver, c’est qu’arrivant à la fin, on se dise « ah, d’accord, tout ça pour ça. Bon, tant pis ». Mais non, on ne se dit absolument pas cela quand on arrive à la fin de ce livre, parce que, dans le chapitre 75, alors qu’il semble nous livrer la solution après laquelle nous courons depuis 100 pages, l’auteur nous prépare encore un petit « flip » à sa façon. Il pose en effet les bases du dernier retournement de situation qui fait que, 30 pages plus loin, en refermant cette fois définitivement le livre, nous nous dirons « ah ben il m’a bien eu, quand même ». Car même si nous avions pu deviner certains des éléments de l’intrigue, il nous en manquait des pièces…
S’il fallait vraiment trouver un petit bémol – mais alors ce serait un tout, tout petit bémol ! -, ce serait la propension que semble avoir Sebastian Fitzek à prendre un certain plaisir à nous annoncer un tout petit peu à l’avance, mais surtout à la toute fin d’un chapitre, qu’il va se produire quelque chose d’horrible, un peu comme, dans une série, on finit chaque épisode par une image qui laisse les spectateurs dans une attente insoutenable jusqu’à l’épisode suivant.
« Rien ne m’empêcherai de venir en aide à la gamine en détresse enfermée dans ce bungalow.
C’est ce que je crus. Pendant une seconde. » (p. 77)
« Je lui laissais un feu vert d’avance avant de déboîter.
Un feu vert de trop. » (p. 121)
« – Qu’est-ce que tu vois ?
Une question simple dont la réponse par trop abominable, me restait bloquée en travers de la gorge. » (p. 263)
« Un véritable concert de sirènes d’alarme se déclencha dans la tête d’Alina. Des hurlements stridents qui s’éteignirent brusquement quelques secondes plus tard.
Dès qu’elle ouvrit la porte des toilettes et qu’un taser lui balança 50 000 volts à travers le corps. » (p. 289)
« Avant de me réveiller.
Pas au paradis.
Mais dans l’antichambre de l’enfer. » (p. 297)
Mais, nous n’allons pas reprocher à un auteur de s’inspirer du story-telling hyper-efficace des séries, ce serait franchement injuste, tout de même.
Alors, êtes-vous prêts à venir prendre place dans cette histoire ? Oui ? Alors inspirez profondément, gonflez bien vos poumons. Vous ne savez quand vous aurez l’occasion de respirer à nouveau…
Pour en savoir plus
Retrouvez la présentation de ce livre sur le site de l’éditeur.

A reblogué ceci sur Amicalement noiret a ajouté:
Un auteur que j’aime beaucoup, il va donc falloir que j’écoute cette « playlist »
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