Roman

Tristan

« Un sentier de terre serpente entre les petites parcelles et les massifs de plantes grasses. Du linge ondule, gonflé par le vent, ombrageant par intermittence le blanc cru des façades et les murets de basalte qui ceinturent les maisons. Au fur et à mesure que je marche, j’ai l’impression d’entrer dans un conte, de parcourir un dessin, comme si tout ce qui m’entourait était à la fois bien réel et complètement illusoire. »

Clarence Boulay, Tristan, Éditions Points, 2019, p. 38.

Motivations initialesBannière fb PMR 2018

Ayant la chance de faire partie du jury du Prix 2019 du meilleur roman des lecteurs de POINTS, nous avons reçu tous les livres de la sélection, dont celui-ci.

Quatorzième et dernière lecture, quatorzième et dernière chronique !

Synopsis

Ida et Léon s’aiment. Et ils ont un rêve commun : celui d’aller sur Tristan, une petite île perdue au milieu de l’Atlantique sud (à environ 2800 kilomètres à l’ouest du Cap, à 3200 kilomètres au sud-est de Rio de Janeiro). Mais, le jour où ils doivent y aller, il ne reste qu’une seule place disponible sur le bateau. Alors ils tirent au sort, et c’est Ida qui gagne le droit d’aller sur l’île.

Une fois arrivée, elle partage la vie de cette petite communauté. Elle loge chez un couple, qui lui fait en découvrir les codes. Et un jour, sur un coup de tête, elle décide d’accompagner les trois sauveteurs envoyés sur un îlot voisin, touché par une marée noire. Il faut démazouter, essayer de sauver les oiseaux, mais également vérifier que des rats n’auraient pas envahi l’îlot.

Les conséquences de cette décision, elle ne peut pas les imaginer…

Avis

> L’avis de T

Je ne sais pas exactement quoi penser de ce livre. À la fois, j’ai plutôt apprécié l’histoire et la façon de la raconter, plutôt fluide, et, en même temps, j’ai trouvé que la brièveté du texte rendait insuffisamment compte de la durée du déroulement. En réalité, en reprenant le livre au moment de rédiger cette chronique, j’ai recherché des indicateurs de temps, et je constate que presque deux mois s’écoulent entre l’arrivée d’Ida sur l’île et son départ sur l’îlot touché par la marée noire. Mais, en le lisant, j’avais l’impression que quelques jours seulement s’étaient écoulés… ce qui rend moins crédible, ou en tout cas modifie profondément le sens de la démarche d’Ida.

Et, pour être sincère, cela m’a gêné. Je n’ai pas senti le temps passer, et, du coup, je n’ai pas correctement mesuré l’ampleur des changements que cela peut induire. En plus, avec le réflexe de nos sociétés telles qu’elles fonctionnent (tu rates un train ? Tu prends le suivant, deux heures plus tard ! Tu rates un avion ? Pareil ! Alors, si tu rates un bateau, tu arriveras sans doute le lendemain…), cela a sans doute modifié ma perception de l’écoulement du temps.

Bref, j’aurais préféré que le récit soit un peu plus long, plus étoffé, pour rendre compte de cette dimension temporelle. Cela aurait également atténué la brutalité, car, après tout (attention, spoil !), Ida n’est pas une candidate de l’Île de la tentation ! Et, en relisant à l’instant la citation donnée en quatrième de couverture, qui parle d’espace :

« Il est des espaces où tout vacille. Où tout fout le camp. Les certitudes, les envies, les soifs d’avant. Tout se dilate […], se dissout absolument »

cela me renforce dans cette sensation que, autant l’espace est bien décrit dans ce roman – on se sent loin de chez nous, on perçoit sans difficulté le fait que la distance entre l’îlot et Tristan est un obstacle majeur -, le temps, lui, est en partie aboli.

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