« N’oubliez toutefois jamais, messieurs, que vous n’êtes pas Dieu, aussi souvenez-vous que votre responsabilité dans une enquête est pleine et entière. Grâce à vous, le meurtrier pourra être arrêté… mais par votre faute l’erreur judiciaire pourra être commise !… Et une tête décollée ne se recolle pas… Soyez vigilants, messieurs ! Apprenez à douter et, par conséquent, à n’avoir aucune idée préconçue. »
Coline Gatel, Les suppliciées du Rhône, Préludes, 2019, p. 35.
Motivations initiales
En zonant dans le rayon des romans historiques, ce livre m’a fait de l’oeil ! Le résumé étant très convaincant puisqu’il promettait d’expliquer la naissance de la criminologie en France à la toute fin du XIXe siècle, ni une ni deux, hop, le roman a rejoint ma PAL !
Synopsis
Lyon. 1897. Alors que la France entière vient de vivre l’arrestation du premier tueur en série français, Joseph Vacher, la ville de Lyon est le théâtre de crimes odieux sur des jeunes filles. Le tueur se prend pour « une faiseuse d’ange » dont le but est de pratiquer des avortements clandestins.
Le professeur Lacassagne, éminent légiste lyonnais, suggère à l’un de ses meilleurs étudiants « d’aller sur le terrain » afin de trouver des indices supplémentaires afin que le médecin légiste puisse faire le lien entre ce que révèle la scène de crime et les résultats des autopsies. Il en est convaincu : la morgue et la police se doivent de travailler ensemble pour lutter contre les crimes.
Dès lors, Félicien Perrier, Bernard et Irina, une jeune journaliste pseudo-polonaise, tentent de déjouer les pièges, de solutionner les énigmes et de remonter jusqu’à l’assassin…
Avis
> L’avis de C
Il n’y a pas à dire, j’ai probablement loupé ma vocation ! Moi, tout ce qui touche à l’anthropologie criminelle, ça me passionne ! Alors quand j’ai commencé la lecture de cet ouvrage, j’ai adhéré !
À peine une centaine de pages plus loin, je sais déjà que ce roman va me plaire ! En effet, Coline Chatel nous embarque dans un univers bien particulier, qu’elle maîtrise parfaitement ! L’écriture est parfaite : le style n’est pas lourd, l’ensemble est parfaitement fluide, bref c’est un régal pour le lecteur ! L’énigme est bien ficelée, le lecteur soupçonne chaque personnage tour à tour : à chaque fois, on jurerait qu’on a compris, et, au final on ne voit pas la chute venir !
Les personnages qui émaillent cette balade dans le vieux Lyon à la fin des années 1890 sont particulièrement travaillés – je pense notamment à Irina qui a tout d’une féministe : elle refuse de porter des robes et doit donc avoir son certificat de travestissement à jour pour pouvoir s’habiller comme les hommes ; mais aussi à Félicien Perrier qui est aussi brillant qu’intriguant ! Bref pour l’histoire et les personnages, c’est une réussite !
Là où, en revanche, je dois modérer mon enthousiasme, c’est sur les promesses de ce roman. On nous dit qu’il traite de la naissance de la criminologie… Sauf que ce n’est que partiellement exact ! Certes on nous donne deux ou trois explications tout au long des quatre cent pages, et on nous fait redécouvrir le personnage de Lacassagne, mais on ne peut pas dire que la naissance de cette discipline est réellement mise en lumière… Et comme c’était vraiment cette partie-là qui avait retenu mon attention, j’en attendais davantage !
Malgré tout, j’ai passé un bon moment de lecture car l’intrigue est bien construite, ce n’est pas barbant, on ne tourne pas en rond… C’est aussi un livre qui rappelle la situation complexe des jeunes femmes de l’époque sur la question de l’avortement – c’est un peu dans l’air du temps dirons nous…
N.B : Si vous avez envie de découvrir la drôle de naissance de ce polar historique et une Coline Gatel qui nous plonge en immersion dans le XIXème, c’est par ici !
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