Chronique de Arsène Lupin au théâtre, de Maurice Leblanc.
« LUPIN. – Ah oui !… les richards, les bouffis, tu sais, dans leur luxe, quand on les allège d’un billet de banque, la gueule qu’ils font !… T’as bien vu le gros Gournay-Martin quand on l’a opéré de ses tapisseries… quelle agonie ! Il en râlait. Et le diadème ! Dans l’affolement déjà préparé à Charmerace, puis à Paris, dans l’affolement de Guerchard, le diadème, je n’ai eu qu’à le cueillir. Et la joie, la joie ineffable de faire enrager la police ! »
Maurice Leblanc, Arsène Lupin au théâtre, Éditions Archipoche, 2022, p. 143.
Motivations initiales
Dans le cadre de notre partenariat avec les Éditions de l’Archipel, nous avons eu l’occasion de demander à recevoir plusieurs aventures d’Arsène Lupin, rééditées, dont nous vous avons déjà parlé ici et là. Et nous avons eu le plaisir de recevoir un livre de plus, cet Arsène Lupin au théâtre. Ce livre rassemble quatre pièces de théâtre, occasion de découvrir que notre personnage emblématique a fait feu de tout bois…
Synopsis
La première pièce présentée ici, sobrement intitulée « Arsène Lupin », est une pièce en quatre acte, écrite en 1908 par Maurice Leblanc et Francis de Croisset. Elle a été jouée, dès cette année 1908, au théâtre de l’Athénée.
Elle est plutôt classique dans sa facture : à la fois dans les lieux où se déroule l’intrigue (un château, sans doute en Bretagne, et un appartement parisien bourgeois) et dans les ressorts dramatiques (Arsène Lupin, toujours psychologue, sait exploiter les failles de l’âme humaine, à son profit). Et, à la fin, il gagne en ridiculisant les forces de l’ordre…
Les trois autres sont des pièces en un acte, ou des saynètes : « Le retour d’Arsène Lupin », écrit en 1920, n’a jamais été joué. « Une aventure d’Arsène Lupin », saynète qui a été présentée en 1911 au music-hall La Cigale. « Un quart d’heure avec Arsène Lupin », pièce en un acte jouée en 1932 au Casino d’Étretat.
Dans ces trois dernières productions, on retrouve bien les mêmes mécanismes, Arsène Lupin jouant sur la crédulité, la jalousie, la prétention de ses victimes pour commettre ses forfaits.
Avis
Par construction, ce livre n’est évidemment pas celui par lequel quelqu’un qui n’aurait jamais lu un Arsène Lupin doit commencer. En effet, cette superposition de 4 textes, dont trois sont très brefs, peut donner l’impression de passer un du coq à l’âne. Il est évidemment préférable de commencer par un texte plus long, plus abouti, et je pense ici plutôt à L’Aiguille creuse, ou Le bouchon de cristal, par exemple.
En revanche, pour quelqu’un qui a déjà eu l’occasion de pratiquer le personnage, ces textes sont intéressants – et j’en profite pour applaudir à ces rééditions par les Éditions Archipoche -, en ce qu’ils permettent de mettre en lumière les mécanismes qu’utilisait Maurice Leblanc lorsqu’il mettait en scène son personnage.
Et puis, si nous n’avons plus tellement l’habitude de lire du théâtre, on se retrouve ici assez facilement dans ces atmosphères de portes qui claquent, de faux-semblant et de vanité qui colle tellement bien au théâtre de boulevard. Il n’est d’ailleurs pas très étonnant de découvrir, en faisant quelques rapides recherches, que Francis de Croisset, qui a écrit avec Maurice Leblanc deux des textes présentés ici est un des représentants de ce théâtre de boulevard de la Belle-Époque (je vous invite, pour ceux qui souhaiteraient en savoir un peu plus, à suivre ce lien).
Si ce n’est pas un livre que l’on recommandera en priorité pour découvrir Arsène Lupin, cela se lit très bien, et offre plusieurs intérêts, pour tous ceux qui aiment bien apprendre en même temps qu’ils se divertissent… Alors, à vous de voir !
ps : on me glisse, dans l’oreillette, que ce livre n’est pas vendu individuellement, il est inclus dans le deuxième coffret de 7 livres édités à l’occasion de ces rééditions.
Pour en savoir plus
Retrouvez la présentation de ce livre sur le site de l’éditeur.
