Aventures, Policiers

Les milliards d’Arsène Lupin

Chronique de Les milliards d’Arsène Lupin, de Maurice Leblanc.

« Sa stupeur fut profonde lorsque, le lendemain, dès son arrivée au journal, elle vit le tumulte des bureaux, l’agitation des salles de rédaction, et lorsqu’elle apprit que le patron avait été frappé d’un coup de couteau en plein cœur, dans une boutique de la place de la Liberté. »

Maurice Leblanc, Les milliards d’Arsène Lupin, Archipoche, 2021, p. 37.

Motivations initiales

Dans le cadre de notre partenariat avec les Éditions de l’Archipel, et comme ils ressortent la collection des Arsène Lupin, je leur en ai demandé certain, de préférence ceux que je n’avais jamais eu l’occasion de lire. Celui-ci, c’est le dernier sorti dans la série, publié en 1941. Alors, à quoi ressemble ce « dernier » Arsène Lupin ?

Synopsis

Nous voilà à New-York, dans les locaux d’Allo Police, journal spécialisé dans la criminologie. Patricia Johnston, la secrétaire du patron, n’a pas renoncé à devenir journaliste et à publier ses propres articles. Mais, depuis quelque temps, elle ressent par moment une présence. Heureusement, alors qu’une ampoule a rendu l’âme et que, voulant la changer, elle se retrouve dans le noir prise à parti par l’ombre en question, un homme providentiel, qui pourrait bien être Arsène Lupin, intervient.

Le fait que, le soir même, le patron du journal, James Mac Allermy, soit assassiné peut-il n’être qu’un hasard ? Et puisqu’il semblait résolu à se rendre en France, peut-être faut-il que Patricia s’y rende également ? Mais quel peut bien être le rôle d’Arsène Lupin dans cette affaire ?

Avis

Il y avait Tintin en Amérique. Eh bien voilà Arsène Lupin en Amérique – bon, on est content d’avoir échappé à Arsène Lupin au Congo, en y réfléchissant bien… – !

Ce qui est très amusant, à la lecture de cette ultime (dans la chronologie) aventure d’Arsène Lupin, c’est qu’à la fois ce livre est assez « marqué », assez « de son époque », et incroyablement actuel. De son époque, par exemple, dans le rapport aux femmes. J’ai tendance à réagir un peu épidermiquement, parfois, quand on nous explique qu’il y a aurait des choses dont on ne pourrait plus rire, des choses que l’on ne pourrait plus écrire… Il me semble que l’on peut, aujourd’hui, décrire un personnage profondément macho, irrespectueux, voire même un violeur. On peut donc bien l’écrire. Mais là où il y a peut-être une différence (et encore, j’ai un doute…), c’est dans la réception qui est faite du personnage. Arsène Lupin est objectivement un homme sensible au charme et aux charmes féminins, et il n’est pas interdit de penser qu’il peut se montrer volage. Il n’est pas certain qu’il ne soit pas, par moment, un peu insistant, même si ce n’est pas décrit véritablement. Son charme – son côté bad boy, peut-être – fait des ravages. Si une telle série sortait aujourd’hui – je ne vois aucune raison pour laquelle ce ne serait pas possible – je me demande s’il deviendrait l’incarnation du dandy à la française qu’il est devenu. Peut-être… ou pas !

Mais je disais également que ce livre est d’une grande actualité. C’est en partie un clin d’œil, en partie une boutade. Mais pas totalement. Car que nous raconte ce livre ? Il nous présente un Arsène Lupin qui après avoir mené la vie aventureuse qu’on lui connaît, et amassé « des milliards » – d’où le titre -, aspire à une retraite bien méritée. Il veut pouvoir profiter des fruits de son travail. Mais la maffia – écrit ainsi, ce n’est pas une erreur de ma part ! – voudrait bien l’en empêcher, et mettre la main sur le trésor ! Alors, certes, ce n’est pas précisément la tonalité des débats autour de la loi sur les retraites, mais je n’ai pas pu m’empêcher de faire un lien…

On retrouve naturellement le sens de la provocation d’Arsène Lupin, ainsi que ses capacités de déduction, mais on lui découvre une forme de fragilité, parfois une maîtrise un petit peu moins grande des événements. L’intrigue est peut-être un petit moins complexe que dans les grandes aventures de notre héros, mais cela se lit très agréablement. Alors, envie de vous confronter au gentleman-cambrioleur ?

Pour en savoir plus

Retrouvez la présentation de ce livre sur le site de l’éditeur.

4 réflexions au sujet de “Les milliards d’Arsène Lupin”

    1. Il n’y a heureusement aucune obligation, aucune « norme ». Mais j’avoue que les intrigues – les principaux souvenirs étant celles de l’aiguille creuse et du bouchon de cristal – sont quand même plutôt bien fichues 😏

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