Chronique de Opus 77, d’Alexis Ragougneau.
« Le violon, vaincu, épuisé, est laissé seul à macérer. D’abotd il bouge à peine. Il ne peut que reprendre timidement le thème intimé par les basses. Cette fois c’est bien fini pour lui, c’est du moins ce qu’il laisse à penser. Or la vie revient progressivement, sans que l’on sache quel fol espoir la lui a insufflée. Le violon solo finit par se relever, dégoulinant, hagard, et fixe l’orchestre faisant office de bourreau bien en face. Et pendant les cinq interminables minutes que dure la Cadence, il va se ruer à l’assaut, percutant la glace froide et transparente du silence, la couvrant de son sang, choc après choc, tentative après tentative, jusqu’à sombrer dans la folie de celui qui n’a pas d’autre porte de sortie. »
Alexis Ragougneau, Opus 77, Éditions Viviane Hamy, 2019, p. 103-104.